Chapitre 2

13 2 0
                                    

Chapitre 2

Cette fois ci, c'est la folie. On a bien compris que c'est la fin. De partout on pleure, crie, se bouscule en espérant atteindre un être cher afin de le serrer dans nos bras, peut-être, pour une des dernière fois de notre vie. Le brouhaha me fait mal à la tête. Mes gènes que certains considèrent comme un avantage Je me lève pour aller me mettre dans un endroit plus tranquille mais vacille. Mon frère me rattrape et je sens qu'on me porte et m'allonge puis tout devient noir.

*

J'ouvre les yeux et la lumière face à moi m'éblouie. Le lit sur lequel je suis allongée est froid. Je m'assoie sur le bord et tente de me lever. Mes pas sont stables, je choisie donc de me diriger vers ce bruit qui m'a qui m'a réveillée. Je traverse un couloir sombre et le bruit ou plutôt les voix se rapprochent. Une porte se présente à moi et curieuse, je la franchie. Une nouvelle fois la lumière m'éblouie :

- ... C'est impossible. En revanche, ma fille pourrait nous sauver.

Ma vue semble revenir lorsque ces paroles atteignent mes oreilles. Tous les regards sont portés vers moi. L'espoir dans leurs yeux me fait mal car je sais que je vais les décevoir. Ils attendent, silencieux. Mais je vais devoir refuser. Marc le sait, nous en avons déjà discuté, et pourtant il remet ça sur le tapis. Je m'avance alors vers le centre de la scène, prête à les désillusionner :

- Je... Je ne...

- Enfin, me coupe Julia, la femme de Richard, pas réellement nous, mais les autres nous, ceux des autres versions. Si nous sommes incapables de nous sauver, sachez que Jane, elle, peut sauver vos proches. Pas ceux que vous tenez dans vos bras, mais les mêmes, sur une autre variante de notre bien aimée Terre. Vos enfants, vos parents, vos amis, votre sœur...votre frère, termine t-elle en me regardant.

Ce dernier mot m'était clairement adressé. Je le regarde. Il ne comprend pas. Je serre les dents. Tout le monde retient sa respiration. Ils attendent ma réponse. Je comprends maintenant ce qu'ils avaient derrière la tête. Le trio voulait me faire culpabiliser. Après tout comment refuser devant tant de désespoir ? Je sais que je vais les décevoir car je vais dire non mais quand je relève la tête que je prends conscience des centaines de regards qui croient en moi. J'hésite. Ils ont réussit leur coup .Ces quelques secondes de réflexions semble une éternité. J'avale difficilement ma salive et prends la parole:

- J'ai conscience de l'importance de ma décision mais...Je... je dois réfléchir.

Je m'enfuie en courant. Le regard triomphant du comité croise le mien. Ils n'ont pas exactement mon accord mais ils savent très bien que je ne peux pas reculer. Soudain je me rends compte que je ne peux pas refuser. Je suis cernée. Alors je fais demi-tour et marche jusqu'au rebord de la scène. Je me rends compte que je passe du statut de jeune fille étrange à celui de sauveuse de tout un univers. Je m'assoie. Mes jambes pendent dans le vide et mes yeux se plantent dans les leurs. Les êtres humains changent de bord facilement. Très facilement. Et ça m'énerve.

- Vous rendez vous compte que vous me demandez de faire quelque chose dont vous ne savez même pas de quoi il s'agit? Moi je le sais et je vais le faire. Pour vous ! Mais aussi pour moi. Si je ne le fais pas cela me tourmentera toute ma vie. Qui va malheureusement continuer... certains s'esclaffe face à mon « malheureusement ». Ils ne comprennent pas que même si je survis, je serais seule et je perdrais tous mes repères, toutes les personnes que j'aime. Bref, je m'éloigne du sujet, je soupire et me relève en ne quittant pas leur yeux. Soyez tranquille, j'aiderez le plus possible même si cela demande de nombreux sacrifices dont je laisserais le plaisir au conseil de vous les expliquez en détail. Je leur laisse donc la parole, je termine avec un sourire vengeur que j'efface rapidement : ce n'est pas le moment pour la crise d'adolescence.

Ils ne croyaient tout de même pas que j'allais annoncer les quelques catastrophes qui pourraient potentiellement suivre mon départ ? D'ailleurs, je trouve ça mesquin d'avoir proposer cette demi solution sans parler de son prix.

La place où je me trouvais auparavant semble m'attendre. Je m'y assoie donc tandis que le comité prend place face à l'assemblé qui attend dans en silence, déjà bien secoué.

- Il y a effectivement des contreparties qui, bien que minimes, auront des conséquences sur notre mode de vie, amorce Richard. Puis sa femme continue.

- Je... Je... commence t-elle ayant apparemment des difficulté. Ses yeux humides indiquent à quel point elle est touchée. Comment dire...

- Allez, vas-y ! Pour le temps qu'il nous reste à vivre de toute façon, vu que vous n'avez pas fait votre boulot !

Et là ; ça m'énerve au plus haut point. Je saute de ma chaise et grimpe sur l'estrade. On me dit souvent que j'ai le sang chaud. Je n'ai même pas posé mes deux pieds sur les planches que j'explose :

- Non mais ce n'est pas possible ça ! Malgré qu'on ne soit qu'un petit groupe de survivants, il y en a toujours pour critiquer ! L'être humain aura toujours de quoi m'étonner ! Aurais-tu fais mieux, toi ? Non ! Ce sont des choses imprévisibles ! Alors arrête de juger ! Tu ne penses pas qu'annoncer à des centaines de personnes qu'elles vont mourir est déjà assez difficile pour que tu en rajoutes ?! En plus comme ça, dans la foule ! Hein ? Où es-tu ?! Tu n'oses même pas te monter ! Quel courage !

Je scrute la foule. Personne ne bouge. Puis je me penche doucement vers Julia qui s'est mise à pleurer :

- Je vais le faire d'accord?

Elle me répond en hochant la tête. Julia a toujours été une femme fragile avec un grand cœur, mais elle est surtout le cerveau du trio. Sans elle, nous serions morts depuis longtemps. Je la regarde encore quelques secondes, me retourne et m'explique calmement :

- Il y plusieurs éléments. C'est pour cela que je refusais au début. Déjà, il faut que je vous explique en quoi consiste ce projet. Alors, commençons par le début. Comme vous devez le savoir, j'ai des gènes particuliers qui me donnent notamment des sens plus développés que les vôtres. Je suis également capable de survivre dans les milieux atteints de par les armes chimiques. Mais, ce que nous ne savions pas jusqu'à il y a quelques mois, c'est que je pouvais traverser les dimensions.

Les gens s'agitent, se questionnent, pour la troisième fois en à peine une heure. Je comprends que tout cela puisse les perturber. Rapidement, il n'est plus possible de s'entendre. Je tente de ramener le calme, rien n'y fait. Je finis par, une nouvelle fois, élever la voix. Je vais finir par ne plus en avoir. Après plusieurs essais, je réussi enfin à surpasser le vacarme. Petit à petit, les voix s'éteignent et leur attention se tourne vers moi :

- Je... J'ai entendue certain demander ce que je voulais dire par dimension. Vous devez être nouveaux. Nous avons découvert ce phénomène il y a environ deux ans : en – 500 avant J-C, la planète Terre originelle, aussi appelée T-0, s'est multipliée en environ une centaine d'exemplaires. Cent planètes identiques, cent possibilités, cent futurs différents. Nous, nous sommes sur T-1.

Je fais une légère pose, le temps qu'ils assimilent cette nouvelle information saisissante. Leur univers vient d'être bouleversé à tout jamais. Malheureusement, je ne peux pas attendre trop longtemps. Ils vont devoir digérer tout ça plus tard, les autres attendent. Je reprends doucement. C'est maintenant que cela ce corse :

- Pour revenir au déplacement entre les dimensions, il y a un problème. Un gros. La foule se tend, s'attend au pire. Lors de notre découverte, j'ai touché par hasard une des batteries qui alimentent le bâtiment. J'ai étrangement absorbé sont énergie puis j'ai disparu en la faisant exploser. C'est la raison pour laquelle l'aile ouest du bâtiment de maintenance s'est effondrée. C'est de ma faute. Le souci c'est que, d'après nos recherches, je vais avoir besoin de l'énergie de toutes les batteries, de tous les bâtiments. On ne peut pas les déplacer.

Je laisse un petit blanc, m'autorisant à reprend mon souffle. L'ambiance se tend encore plus qu'elle ne l'était déjà. Ils ont compris. Ils n'attendent que la confirmation. Ce que je leur donne, la voix lourde de regrets :

- L'ensemble de ce que nous avons construit va disparaître.


Version 1Where stories live. Discover now