Chapitre 1

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Assurément, vous ne reconnaîtriez pas. Piccadilly, Londres. Aucune lumière. Seule la lune m'éclaire. Je marche dans l'obscurité dans les rues restées goudronnées.

Londres, n'a pas été épargnée par la guerre. Les bâtiments ont été grignotés par les bombes. Il ne reste que leurs cadavres. Des écrans géants de la place, il ne subsiste qu'un seul fragment, pendouillant, accroché par un misérable câble sur un morceau de façade épargnée. Cela m'étonne qu'il n'ait pas encore été pillé. Je continue mon chemin. Tout est vide, sans vie. Pour cause, quatre vingt dix pourcents de le population mondiale à disparue pendant cette guerre. Plus de la moitié de la surface de la terre est désormais inhabitable, atteinte par différentes armes chimiques. Le reste n'est pas pour autant en sécurité ; la pollution de ce dernier siècle nécrose la planète de manière irréversible. La situation était déjà catastrophique bien avant la guerre.

Tout à l'heure, j'ai du m'abriter dans le métro. Il commençait à pleuvoir et je ne voulais pas me faire toucher par cette eau acide, aigre, verdâtre et polluée qui m'aurait certainement rendue malade. Je slalome entre les flaques pendant encore quelques minutes avant d'arriver à la Centrale. C'est le bâtiment en meilleur état de tout le quartier, c'est pour cela que nous l'avions choisi.

A la fin de guerre il ne me restait plus que mon frère. Nous étions seuls et tentions de survivre ensemble jusqu'au jour ou nous avons rencontré Lydia et Marc. A cette époque nous avions dans les 10 ans mon frère et moi tandis qu'eux devaient avoir la quarantaine. Ils nous ont recueilli, protégé. Leur réconfort fut capital, et en nous serrant les coudes, nous sommes devenu un semblant de famille. C'est ainsi que nous avons connu la Centrale. Au début nous n'étions que tout les quatre puis petit à petit des familles se sont jointes à nous et la Centrale s'est remplie. Nous nous sommes même étendu à quelques bâtiments aux alentours. Aujourd'hui nous sommes un peu plus d'un millier, des rescapés, des survivants, des âmes sans véritable avenir...

Je passe la porte et pense trouver l'équipe de logistique qui aurait du m'attendre mais il n'y a personne. Je crains le pire. Habituellement le bâtiment grouille de monde. Je lâche mes sacs et ne fais pas attention aux conserves qui roulent au sol. Je pars encourant dans tout les sens et vérifie chaque salle les unes après les autre. Vides. Des affaires traînent au sol comme si elles avaient été abandonnées dans la précipitation.

« Merde ! Qu'est ce qu'il se passe ?! ». Je m'arrête en haut des escaliers du troisième étage. C'est là que je me souviens ; la cave ! Ils ont dû, selon le protocole, se réfugier là-dessous. C'est dans cette salle que nous mettons touts les objets précieux que nous détenons ainsi qu'un stock de prévision pour deux mois en cas de problème.

Je dévale les marches jusqu'au rez de chaussé, ramasse les conserves et les fourgue rapidement dans mes cabas puis descends l'escaliers étroit qui mène au sous sol. J'arrive devant la lourde porte en métal qui garde l'entrée et tape le code. Trois coups rapides et deux lents retentissent dans le couloir. J'espère ne pas me tromper. Avec un grincement la porte s'ouvre. Je pousse un soupir de soulagement. Ils sont tous là, assis au sol ou bien sur des chaises dépareillées dans l'immense sous sol. La salle est sombre, humide et seulement éclairée par la lumière des écrans qui tapissent le mur de gauche. Sous l'éclairage blafard, leurs visages sont teints de blanc, semblable à des cadavres. Leurs mines démoralisées n'arrangent rien à cette impression. Ma crainte s'intensifie. Que peut-il bien se passer ? Je m'avance entre les rangés de chaises et là, je comprends. Non ! c'est impossible. C'était prévu pour dans cent cinquante ans. J'ai du mal interpréter les résultats affiché sur les écrans. Mon visage se décompose. Il doit ressembler à celui des autres. Je m'assoie parterre au premier rang, les yeux dans le vide. A ce moment là Marc se tourne vers moi et nous échangeons un regard qui dit tout. Il me confirme que j'ai bien compris avec un hochement de la tête. Nous gardons le contact visuel encore quelques secondes puis il se retourne vers les écrans. Celui que je considère comme mon père se met à discuter à voix basse avec deux adultes. Je me demande ce qu'ils se racontent. Cela doit être sérieux. Soudain la porte s'ouvre une nouvelle fois laissant apparaître mon frère qui marche rapidement vers moi. Il lève à son tour les yeux sur les écrans et je peux voir le désarroi se former sur son visage désormais en accord avec le mien et celui de tout le monde. Il se précipite à mes côtés et je le serre fort dans mes bras. Nous ne nous lâchons pas tandis que mon père échange un regard entendu avec les personnes l'entourant. Ils montent sur l'estrade, se mettent droits tout les trois, face à nous. Richard semble hésiter alors Marc prend la parole d'une voix forte:

- Tout d'abord merci à tous d'être là. Nous allons pouvoir commencer. Le comité va répondre à vos question mais av...

- Que ce passe t'il ?!

- Pourquoi ça arrive maintenant ?!

Les questions fusent à travers la salle. Le silence auparavant roi est détrôné par un brouhaha fiévreux. On se questionne, on s'interroge, mais surtout on à peur. Ce qui n'arrange rien. Dans tout cela le trio tente d'instaurer le calme, en vain. Alors je me lève et crie plus fort que les autres :

- Vous croyez vraiment que c'est comme ça qu'on va avoir des réponses ?! Taisez vous nom de dieu !

Ils me regardent tous, soudains muets. Ils m'observent moi, la fille du chef mais, surtout la fille bizarre aux gènes modifiés. Certains sont admiratifs tandis que d'autres renâclent. Des commentaires colériques se glissent dans le silence mais le calme est revenu, c'est le plus important.

- Merci Jane, reprend Marc soulagé. Nous échangeons un regard. Commençons l'appel. Un !

- Deux, continue Lydia.

- Trois, fais mon frère.

- Quatre, je rajoute.

Et ainsi de suite jusqu'à que tout le monde est prononcé son numéro. Ils sont attribués à chaque nouveau membre de la centrale, dans l'ordre d'arrivée. Chaque nombre est entendu, on en conclu que tout le monde est présent.

- Bien nous allons pouvoir vous expliquer tout cela.

Marc fait une pause et semble sonder l'âme de chacun d'entre nous.

- Les données affichées sur les écrans sont vraies. Un soupir de terreur traverse la salle maintenant sans espoir. Nous avons découverts ces résultats il y a une semaine mais avons préféré les vérifier avant d'annoncer quoi que ce soit. Malheureusement ils ne sont pas erronés. La planète s'autodétruira dans six mois.

- Et cette fois-ci, nous ne survivrons pas, termine Richard la mine éteinte.

Un silence de mort s'abat sur l'assemblée. Il ne nous reste seulement que six mois. Six mois ! Je sens mon frère trembler et me rend compte qu'il pleure sur mon épaule. Je resserre mes bras autour de sa taille et passe ma main dans ses cheveux. D'autres sont dans le même état que lui, et une question est sur toutes les lèvres quand une voix se fait entendre, coupant la rumeur :

- Pourquoi ?

- Que veux tu dires par là Kyle ?

- Les premiers résultats parlaient de deux cents ans ! Pas deux mois ! s'emporta une fois féminine au fond de la salle.

- Et bien...C'est assez compliqué, soupire la femme de Richard qui fait partie du trio. La progression des fissures qui traversent les sous-sols s'est accélérée et de nombreuses munitions ont explosé en causant de nouvelles failles. La planète est en ébullition. De partout de nouveaux volcans se créent à cause de l'accélération de l'activité sismique mais les brèches ne se referment pas. Les restes de notre civilisation disparaissent les uns après les autres, le peu de population survivante s'éteints !

Elle prend une pause et reprend d'une voix tremblante :

- Lors de l'explosion des munitions, une grande partie de l'eau potable restante a été polluée. Même si la Terre survie, l'être humain, lui, ne sera pas épargné. Nous n'aurons plus assez de ressources.

Elle détourne les yeux et termine anéantie :

- Notre espèce ne peut simplement plus vivre ici, sur la planète Terre.

Version 1Where stories live. Discover now