— Nickel.

— J'espère que tu es impliqué, Lucas. Tu sais que c'est important et que tu en as besoin.

Mes poings se crispent alors qu'un poids familier s'abat sur mon estomac.

— Je suis très sérieux.

— Bien. D'ailleurs, n'oublie pas le rendez-vous de demain avec le Docteur Willow. Ça fait déjà deux fois qu'on reprogramme parce que tu oublies.

Je prends une profonde inspiration pour ne pas débuter une énième discussion de sourds, où je répèterai que tout ça ne sert à rien et n'apporte aucune solution, sans qu'elle n'en prenne compte. Ma mère est bornée et n'abandonnera pas son idée de me faire voir un autre médecin, comme si mon corps s'était rétabli dans la nuit. Elle ne comprend pas que cette blessure n'est pas guérissable, qu'aucun spécialiste ne pourra réparer ce qui a été brisé ce jour-là. Je m'y suis fait et elle le devra aussi, alors je n'irai pas à ce rendez-vous.

Jamais deux sans trois, maman.

— C'est noté, soufflé-je en me tournant pour poursuivre mon ascension vers ma chambre.

— Lucas, je ne plaisante pas. Il serait temps que tu prennes les choses au sérieux.

J'abandonne un rire jaune, mais ne réplique rien, agacé de parler sans qu'elle ne m'entende jamais.

Je pars me laver pour me détendre, lessivé après cette journée intense. Dès que c'est fait, j'envoie un message sur le groupe messenger partagé avec mes deux meilleurs amis.

[Moi :] Quelqu'un pour une game ?

[Isaac :] Déjà co' petit Lu'. T'es en retard !

Je roule les yeux face à ce maudit surnom adopté par mon ami après son voyage en France où il a découvert un biscuit au beurre portant ce nom. Depuis, il ne me lâche pas avec.

J'allume ma télé, ma console, et me connecte avec mon casque de jeu pour retrouver mes amis. On lance une partie ensemble et j'écoute d'une oreille distraite Sean qui m'informe qu'il ne vient pas à la soirée de Theo samedi, pour passer du temps avec Bella, sa copine de longue date.

— Ça commence à lâcher les potes pour les meufs, ça va plus ça, le taquine Isaac, n'en pensant pas un mot.

— C'est surtout que j'en ai marre de voir ta sale gueule, réplique Sean.

— Eh ! Pas obligé d'être désagréable parce que tu veux voir ta maîtresse, bébé.

Je ricane et imagine parfaitement Sean secouer la tête, désespéré.

— Tu sais que tu passeras toujours avant, Isaac.

— Arrêtez ou je vais finir par être jaloux, interviens-je.

Leurs rires retentissent dans mon casque, puis Isaac s'énerve contre un joueur qui vient de lui coller une balle en pleine tête.

— Putain, le con !

— Bon, et sinon, c'était comment le soutien ? Pas trop chiant ? s'enquiert Sean.

— Ça allait...

Dans les faits, ça ne s'est pas mal passé, mais je ne pensais pas qu'Allison prendrait autant son rôle à cœur. Elle n'a pas dévié une seule seconde sur des sujets personnels – même lorsque je tentais de détendre un peu l'atmosphère –, s'est assurée que je termine les devoirs me posant problème et m'a expliqué les choses que je ne comprenais pas. Une chose est sûre, elle a fait en sorte qu'on ne procrastine pas. Et je ne parviens pas encore à savoir si la distance qu'elle a instaurée était due à une certaine timidité, ou une haine à mon égard qu'elle peine à cacher.

Dans ses yeux [Chez Hachette Romans]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang