Chapitre 17 - Un Morceau de sucre

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N'y tenant plus, Amy rompit le silence pesant qui s'était installé entre eux depuis qu'ils avaient quitté le bistrot, et avec lui Katleen et son petit-ami.

- Et si nous allions chez vous ? Proposa-t-elle tout à trac.

- Pardon ? Lui répondit-il en sortant enfin de sa torpeur.

- Demain soir... Pour le débriefing... Nous pourrions rester chez vous. Ça me donnerait l'occasion de voir Hiro, s'expliqua-t-elle.

Andrew réfléchit quelques minutes avant de répondre. Elle avait l'impression de voir tous les rouages de son cerveau se mettre en route rapidement. Et merde, pensa-t-elle. Je pose le piège moi-même avant de courir droit dessus. Quelle crétine ! Elle secoua la tête paupières closes.

-D'accord, répondit-il simplement, un sourire aux lèvres.

« D'accord » ? C'était tout ? Il n'avait même pas eu une petite remarque déplacée et vulgaire ? Il n'avait fait aucune allusion sexuelle ? Etait-il malade ? Elle s'inquiéta tellement que, dans un geste spontané, elle plaqua sa main contre son front pour s'assurer qu'il n'avait pas de fièvre.

Surpris, il tourna des yeux ronds vers elle. Bientôt son regard s'assombrit et ses pupilles se dilatèrent. Le souffle court, Amy retira aussitôt sa main comme si elle s'était brûlée.

- Désolée, bafouilla-t-elle les joues rosies. Je vérifiais seulement que vous alliez bien.

- Me suis-je plains, Mademoiselle Wellington ? Mais sachez que je suis naturellement chaud ! Ajouta-t-il avec un regard appuyé.

Ah ! Enfin ! Le revoilà, son client égocentrique et narcissique à souhait ! Enfin elle le reconnaissait. Elle frissonna un peu. Le temps s'était rafraîchi. En réponse à sa réaction, Andrew augmenta le chauffage et lui tendit sa main droite. Elle la saisit sans réfléchir puis pensa que ce n'était que du soutien émotionnel. Le petit morceau de sucre qui aide la médecine à couler.

Amy sourit à la pensée de ce film Disney qu'elle adorait. D'ailleurs, ça lui donnait une idée. Elle attrapa son téléphone de sa main libre et se mit à pianoter frénétiquement.

- A qui écrivez-vous ainsi ? Demanda brusquement son chauffeur. A ce très cher Tristoufaire ?

Amy releva la tête et vit qu'il l'observait, le visage à nouveau fermé. Qu'est-ce qu'il pouvait être lunatique ! remarqua-t-elle en levant les yeux au ciel.

- CHRISTOPHER ! Grinça-t-elle des dents. Et non, ce n'est pas à lui que j'écris mais à Jeff. Mon ami, JEFF ! Insista-t-elle lourdement. J'ai besoin d'une soirée off et pour ça, c'est le partenaire idéal !

- C'est quoi une soirée off ? Questionna-t-il curieux et beaucoup plus détendu d'un coup.

- Voua allez vous moquer de nous mais bon, soupira Amy d'humeur indulgente. Une soirée off c'est un savant mélange de Disney, de cocktails colorés et de confidences. Et si vraiment la soirée est bonne, ça se termine en chansons, gloussa-t-elle au souvenir de son ami s'époumonant sur la musique de Rebelle, debout sur le bras de son canapé avec sa brosse à cheveux en guise de micro.

- Maintenant que je sais tout cela, vous n'allez sérieusement pas m'inviter ? S'offusqua-t-il faussement. C'est très mesquin de votre part. Surtout sachant mon état d'esprit actuel ...

Amy était partagée entre l'envie de le battre pour avoir essayé de la faire culpabiliser ainsi et celle de le réconforter. Pourquoi pas, après tout ? Non ! Amy ne tombe pas dans le panneau ! Ce crétin se joue encore de toi. Et Jeff, lui ... En fait, Jeff serait certainement ravi de sa compagnie, c'est vrai.

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