d e u x.

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Elle était belle ce soir là. Ses cheveux ondulaient comme à leur habitude, mais on remarquait sans peine les tentatives avortées du boucleur qu'elle ne savait de toute évidence pas utiliser. Elle était grande, perchée sur ses jambes élancées, baguettes élégantes, enfermées dans un collant opaque. Sa jupe courte mais pas tant que ça, son haut, tout en noir, comme si elle était triste. Noir chagrin, doux désir, les regards convergeaient tous en un seul et même point de la pièce, et elle semblait être ce point. Elle était maquillée, comme si elle avait vingt ans, comme si elle cherchait à prendre de l'âge. Elle était jolie, c'était indéniable. Ses courbes envoûtaient, doucereux enchantement, et chacun de ses pas amenait le suivant dans une démarche naturelle et posée. Elle laissait derrière elle un doux parfum sucré, un parfum de femme, sensuel et délicat, innocemment sauvage. J'étais là ce soir-là, moi aussi. Je n'avais d'yeux que pour elle. Je rêvais de pouvoir passer ma main dans ses semi-boucles brunes, caresser sa joue. Pouvoir l'approcher, lui parler, l'entendre rire. Goûter à ses lèvres. Le moindre de ses gestes m'envoyait loin d'ici, et je peinai encore à revenir. Nos regards se croisèrent, une fois puis deux. La troisième fois, elle souriait, le rouge de ses lèvres illuminant son regard. Son sourire était le plus beau du monde, on aurait dit qu'elle était allée le voler à Vénus. Ses yeux rieurs accompagnaient l'étirement de ses lèvres, et je me mis à sourire aussi, tout en cherchant à inventer un autre mot qui puisse définir son si beau sourire. En sa présence je m'inventai poète, de l'or au bout de la plume, pareil à celui qui puisse couler de ses yeux. Je songeai que jamais je ne voudrai la voir pleurer. Je tente de la sublimer de mes maigres mots, mais pour elle il me faudrait réinventer la langue française, et toutes les langues du monde. Rien ne saurait se placer à la hauteur de sa beauté. Les effluves de son parfum m'ont fait prisonnier moi aussi, je te désire et t'imagines, douce chimère, si seulement tu pouvais ne serait-ce qu'une fois tourner la tête, venir vers moi et pourquoi pas, m'offrir cette partie de ton cœur qui n'attend que moi.

Poésie du Silence.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant