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J'espère que ces mots trouveront en vous une certaine résonance. Ils me tiennent très à cœur, et correspondent à l'un de mes combats. Je vous les confie, peut-être qu'ils vous toucheront quelque part.

Bonne lecture,
@lunamiine.


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À toi, qui n'aime plus la vie.

Aujourd'hui, tu m'as dit vouloir mourir. Tes mots ont tinté fort dans mes oreilles, ont étouffé mes tympans, se sont infiltrés dans mes nerfs alors que je ne voulais pas les entendre. J'avais beau les occulter, c'est comme si tu les avais tatoués dans les fibres de mes muscles, pour qu'ils se rappellent à ma mémoire, encore et encore. À chaque fois que j'ouvre les yeux, que je fais un pas en avant. J'ai du mal à réaliser que tu l'as vraiment dit. J'ai du mal à imaginer que tu puisses le penser. Les gens autour n'avaient pas l'air très préoccupés par ta douleur. Avec le temps, tu fais partie du fond du tableau. Ils savent que tu es « comme ça », mais préfèrent fermer les yeux.

« Comme ça ». C'est l'expression qu'ils utilisent pour parler de toi, pour te décrire comme si tu méritais des appellations différentes. Tu n'es pas comme les autres, à ce qu'on dit. Je crois que tu n'es simplement pas ce qu'ils aimeraient que tu sois. Est-ce une raison de te transformer pour autant ? Je vois que tu en souffres. Mais je vois aussi qu'il n'y a pas que ça. Je vois, je sens qu'il y a quelque chose d'autre, quelque chose qui te dépasse, qui me dépasse aussi. Quelque chose d'immense, d'indomptable, qui semble te piétiner chaque jour un peu plus, et sur quoi tu ne parviens pas à mettre un quelconque mot. Je vois ta souffrance sur tes doigts où il manque la peau. Je la perçois sur ton visage fermé, sans cesse en proie à des démons que nul ne sait véritablement nommer. Je la sens lorsque l'enfant colérique et incontrôlable reprend le dessus sur ta maturité, ta sagesse. Je la sens lorsque tu es perdue.

J'ai peur. Chaque jour un peu plus, depuis que tu m'as confié tes maux. J'ai peur qu'un jour, je passe la porte pour apprendre que tu n'es plus là. J'ai peur qu'on m'appelle pour me dire que tu es partie. Tu me répètes souvent que je suis ton pilier. La réciproque est tout aussi vraie. Tu m'aides à ton échelle, tu maintiens mon cap, mon équilibre dans ce monde parfois un peu trop bancal pour moi. Tu es importante, peu importe ce que tu peux bien penser. C'est nous contre le Monde, tu te souviens ? Je suis terrifiée à l'idée de me battre seule, terrifiée à l'idée que tu renonces. Je m'en veux tu sais. Parfois, j'ai l'impression que c'est ma faute. Dans ces moments-là, quand je te vois dans cet état, je m'en veux d'être partie. Je m'en veux de toujours partir lorsqu'il m'arrive de revenir. Tu me donnes l'impression que je t'abandonne. Je n'ai jamais voulu ça.

Je m'en veux et en même temps je ne comprends pas. Parce que tu es si jeune. Voir que tu n'arrives pas à aimer la vie m'attriste et me fait mal. Je me demande ce que j'ai pu rater. J'aimerais t'aider. Te redonner l'envie d'aimer cette vie. Cette vie qui, si tu la laissais s'installer, serait si formidable. J'aimerais que tu puisses apprécier les rayons du soleil, les balades en forêt et la pluie qui tombe. J'aimerais que tu t'arrêtes sur les choses simples, et qu'elles te donnent envie de dire « ça y est, je me sens bien ». J'aimerais te voir sourire. Mais je ne sais pas comment faire. Je me sens impuissante, car je suis inutile là où j'ai toujours réussi à t'aider auparavant. J'ai envie que les choses soient comme avant. C'est peut-être égoïste, mais ce temps-là me manque. Celle que tu étais me manque. Tu me manques en tant que toi. Je ne sais pas où tu t'es enfuie, mais celle qui te remplace n'a rien à voir avec la vraie toi.

Cette lettre rassemble tous ces mots que je n'ose pas te dire, parce que je suis incapable d'aborder avec toi un sujet si délicat. J'ai toujours peur de ne pas faire les bons choix, ne pas dire les bons mots, ne pas t'offrir les bons gestes. Avant tout, si j'en avais la force, j'aimerais te dire que tu n'es pas seule. Même si tu en as l'impression. Tu n'es pas seule et tu ne le seras jamais. Parce que je suis là, même si je ne sais pas toujours m'y prendre. Je suis là, et je serai toujours là. Nous contre le monde. J'aimerais te dire qu'on s'en sort. Que ce n'est pas comparable, mais que d'autres s'en sont sortis, alors cela veut dire que c'est possible, et que tu vas t'en sortir aussi. On s'en fiche de combien de temps ça te prendra, on s'en fiche tant que tu retrouves l'envie de te battre. Je te promets que la vie en vaut la peine. Tu es si jeune, tu n'as encore rien vécu. Pense à toutes ces choses que tu aimerais faire, cette petite liste que tu as un jour écrite dans la marge de l'un de tes cahiers, dans ton journal intime ou sur une feuille volante. Ces trucs de dingue que tu ne pourras pas faire si tu décides de partir avant. Pense à tes rêves, même les plus fous. Ceux qui ne se réaliseront pas, faute de crédibilité, et tous les autres qui pourront s'accomplir. Pense à toutes ces belles choses capables de te faire rire et sourire - c'est ce que tu peux t'offrir de plus beau.

Je te promets de ne pas te laisser tomber. À ton tour, promets-moi que tu vas te battre, devenir une version de toi-même avec laquelle tu apprécies vivre et évoluer. Promets-moi que tu vas aimer la vie, que tu vas t'aimer toi. La vie t'aime, même si elle te le montre comme un père qui ne sait pas exprimer ses sentiments.

Ne t'en vas pas je t'en prie, le monde est tellement plus beau avec toi pour l'embellir.

Je t'aime, aussi fort que toutes les étoiles réunies dans le ciel, et bien plus encore.

Ne t'en vas pas je t'en prie, ça en vaut la peine.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 29, 2022 ⏰

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