- Khlayne ça peut se comprendre, c'est ton premier amour j'imagine -je hoche la tête- et tu veux donc passer la plupart de ton temps avec lui mais il faut mettre des limites et ne pas t'enfermer dans une relation où ta vie ne dépend que de lui.

Il passe une de mes mèches de cheveux derrière l'oreille et reprend de plus bel :

- T'as le droit d'être amoureuse Khlayne, on est tous passé par là, moi le premier mais il faut savoir poser des limites et c'est à moi de te faire prendre conscience de ça en tant qu'ami. Ça peut rapidement devenir malsain.

Je ne réponds pas et regarde l'horizon. Il fait désormais sombre et seul la lune permet de voir un minimum le paysage. Je n'ai pas le droit de me lamenter sur mon sort. Je vais changer. Je vais m'éloigner un peu de Bart et me faire plus d'amis, mes propres amis qui ne sont pas ceux de Bart. Je vais sortir sans lui et m'amuser sans lui même si ça va me faire bizarre qu'il ne soit pas toujours là.

- T'étais pareil avec ta copine ?

- Honnêtement oui, c'est même ce qui nous a amené à nous séparer.

Séparer ? Est-ce que ça va se terminer comme ça avec Bart ? Je ne veux pas, je ne veux pas que ça se termine.

- Comment ça ?

- C'était une relation toxique. On s'aimait beaucoup, voire trop. On se tirait tout le temps vers le bas. Il y avait pas mal de crises de jalousie, de disputes et d'objets qui volent ahah. C'était mieux comme ça même si ça a été très dur pour nous deux.

Je n'aurais jamais pensé ça d'Ilan. Il n'a pas l'air d'un garçon jaloux ou quoi que ce soit. Il a l'air plutôt d'un garçon « chill ». Je continue de manger.

- Pourquoi tu me donnes des conseils sur comment améliorer ma relation avec mon copain? Tu ne devrais pas être en train de tout faire pour nous séparer ?

Il rit doucement avant de prendre une gorgée de jus a même la bouteille.

- Ce n'est pas mon genre de jouer à la déloyale. Si je dois me battre pour ce que je veux je préfère jouer équitablement.

- Tu sais que premièrement je ne suis pas un objet et que deuxième tu ne joues pas équitablement puisque je suis déjà avec Bart et non avec toi.

Il rit à gorge déployée. Son rire est doux et moins grave que celle de Bart. Il faut absolument que j'arrête de comparer tout le monde à Bart. Ça en devient vraiment grave et flippant. Ilan a raison pourtant en matière de gente masculine Il est mon seul repère.

- Touché.

Nous restons silencieux quelques secondes puis Il s'allonge sur sur le plaid.

- Tu parles encore avec ton ex ?

- Non plus du tout et c'est pour le mieux. Si un jour on devait être amené à ce croiser, je pense que nous resterons très cordiaux mais sans plus.

- Tu penses retourner avec elle ?

Il tourne la tête vers moi et sourit.

- Pourquoi ? Tu prépares le terrain pour plus tard ?

- Absolument pas, je suis juste intriguée, ne te fait pas d'idées.

Il rit et enfourne des sucreries dans sa bouche.

- Pour répondre à la question, non. Elle aura toujours une place dans mon coeur mais je ne veux plus être dans ce genre de relation. J'ai besoin d'être en couple avec quelqu'un de sain d'esprit. Avec qui je n'ai pas constamment peur de faire ou dire un mot de travers et de me disputer. Je veux me poser pour de bon.

Je hoche la tête et m'allonge à mon tour, la tête dans les nuages. Ça fait du bien de prendre l'air et de ne pas être dérangé. Juste le son de la nature qui reprend ses droits dans ce monde dirigé par l'Homme. Il y a une légère brise fraîche qui pourrait être désagréable mais qui se transforme en une douce caresse grâce au plaid.

- C'est vraiment beau ici.

- Tu as vu ? C'est vraiment ma plus belle découverte.

- Comment as-tu trouvé cet endroit d'ailleurs ?

Je ne me vois pas lui dire que c'était juste après m'être faite brûler au 3ème degré par ma mère quand elle m'a surpris à genoux devant l'entrejambe de mon ancien beau-père car il me forçait à lui faire ce plaisir pour éviter de laisser des traces de viol.

- C'est compliqué et trop long à expliquer.

- J'ai tout mon temps.

Je préfère rester vague comme j'ai l'habitude de le faire. La seule personne réellement au courant de cette histoire est Bart et depuis quelques temps les policiers et les juges qui ont condamné la mère. Maintenant que autant de monde est au courant, je devrais probablement en parler à mes proches mais je ne peux pas, ça fait trop mal. Je n'ai pas envie de lui mentir. Je l'aime beaucoup mais nous ne sommes pas assez proches pour que je pense lui raconter mon passé.

- Ce n'est pas contre toi mais je ne préfère pas, je n'ai pas envie de ressentir toute cette douleur et cette négativité.

- C'était vraiment si horrible que ça ?

Je lui souris tristement. Horrible n'est pas le bon mot. C'était mille fois pire. Je ne connais aucun mot à mettre sur le calvaire que j'ai vécu durant des années.

- Malheureusement.

Je sens son regard plein de pitié et c'est à ce moment-là que je sais qu'il n'y aura jamais rien entre lui et moi excepté de l'amitié pure, sans ambiguïté. Je ne lui ai même pas encore raconté l'histoire qu'il agit comme si c'était le cas. Qu'est-ce que ce sera s'il est au courant. je déteste ce regard. Je n'en ai pas besoin. Quand j'en ai parlé à Bart, je pensais qu'il me regardait de la même manière mais non. Avec du recule je me rends compte qu'il me soutenait. Je pensais que c'était de la pitié et j'étais complètement à côté de la plaque. Il me prend dans ses bras et nous restons allongés ainsi un long moment. Je regarde ma montre, elle affiche 22h30. Ça commence à faire tard et demain je travaille. Je me lève et dépoussière mon jean.

- On devrait y aller. Il se fait tard et je travaille tôt demain.

Il regarde son téléphone et acquiesce. Nous rangeons nos affaires puis retournons à la voiture. Il faudrait vraiment que je songe à passer mon permis pour que je puisse venir ici plus souvent sans être dérangée. Il allume sa radio et des musiques rock ancien défilent. Soudain, Should I stay or should I go passe, ce que me fait automatiquement penser à Bart. Je souris. Malgré ces derniers temps, nous avons passé de nombreux bons moments ensemble et je ne pourrais jamais tirer un trait dessus. Même pour tout l'or du monde, je ne le voudrais jamais. Je l'aime trop pour ça. C'est décidé, je lui parlerai demain. Je lui proposerai qu'on se voit pour en parler calmement tous les deux. Ilan me dépose au parking de l'immeuble et s'en va après que nous nous soyons souhaité la bonne nuit.

- Rentre bien, fais attention sur la route. Tu m'envoies un message quand t'es rentré d'accord ?

- Oui maman.

Je lui dépose un bisou sur la joue et remonte chez moi.

Why me ? Tome 1 (réécriture en cours)Where stories live. Discover now