Chapitre 82

Depuis le début
                                    

- Je suis désolée de débarquer comme une fleur après tout ce temps. Je laisse mon numéro à l'accueil si tu changes d'avis. J'espère que tu le feras.

Je continue mon chemin sans la regarder. Aline ! 15 longues années que je ne l'ai pas vu et elle croit que je vais lui sauter dans les bras ? Surtout que c'est de sa faute si je n'ai eu aucun ami durant toute ma scolarité. Et sa mère qui « adorerait » me voir alors qu'elle m'a laissée vivre une vie atroce avec ma vipère de génitrice qui croupie en prison après m'avoir « accidentellement » agressée avec des morceaux de verres sous l'effet de l'alcool car elle était mentalement instable. Je retourne dans la réserve et laisse éclater ma rage en jetant tout ce qui me passe par les mains avant de me rendre compte que je vais devoir tout ranger. Je me laisse tomber à terre, les mains sur la tête. Ma vie est un cauchemar. Je ne pensais pas qu'on pouvait faire pire. Je souhaiterais pouvoir me réveiller et réaliser que tout ceci n'est qu'un putain de rêve. Je ne veux rien avoir à faire avec elle, et encore moins avec sa mère. Je ne peux en parler à personne car même si je voudrais raconter à Maya et Will à quel point je suis maudite, il faudrait que je leur parle de toute mon enfance, ce que je n'ai absolument pas envie de faire. J'aurai bien voulu en discuter avec Bart mais en ce moment c'est compliqué. J'hésite carrément à aller voir un psychologue. Mais je me résigne car je ne suis ni folle, ni malade. Je n'ai pas besoin de parler à un médecin. Je le serais bientôt moi-même donc à quoi bon ? Je vais donc tout garder pour moi quitte à ce que ça me bouffe de l'intérieur. Au point où j''en suis.

Je finis le travail à 18h00. Je n'ai pas trop parlé à mes collègues aujourd'hui et puis de toute façon je ne suis pas d'humeur à le faire. Ils l'ont bien compris je pense. Je rentre directement à la maison, me jette sur le canapé puis regarde fixement le plafond. Max a fini sa journée, il n'est pas là pour me surveiller. Enfin un peu de liberté. Il est certes très discret, mais j'ai ai marre d'être tout le temps épier. Je prends finalement mon sac à dos, mets ma capuche et sors de la maison aussi discrètement que je peux. Je ne sais pas où je vais. Je laisse mes pieds me guider. J'ai besoin de prendre l'air, de respirer, de me sentir libre. J'atterris devant son immeuble. Par chance, personne ne m'a reconnue ni vu. Je ne sais pas pourquoi je suis venue ici mais tout ce que je sais c'est que j'en ressentais le besoin. J'expire profondément et entre dans l'immeuble, profitant que quelqu'un en sorte pour éviter de me dégonfler au moment où j'entendrais sa voix à l'interphone. Je monte les escaliers et me retrouve devant sa porte. Mon cœur s'accélère quand je toque au lieu de sonner, pensant qu'il n'entendrait pas et que je n'aurais pas à culpabiliser d'aller lui parler au lieu de mon copain. Cherchez la logique. Je sais que parfois, ça ne tourne pas rond chez moi. Quelques secondes plus tard, il ouvre la porte, une serviette autour de la taille et les cheveux trempés. Lorsqu'il me voit, il écarquille légèrement les yeux.

- Khlayne ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je... euh...

Je n'arrive même pas à parler. J'ai les yeux rivés sur son torse. Il n'est pas aussi musclé que Bart mais ses abdos et la forme de ses muscles sont parfaitement dessinés. Je baisse les yeux sur mon bracelet en rougissant.
- Je ne sais pas pourquoi je suis venue ici. J'avais besoin de parler et je... Je vais y aller, je suis désolée de t'avoir dérangé Ilan.

Je commence à partir mais il me retient par le bras.

- Hey ! Tu es toujours la bienvenue ici. Entre. Je vais juste chercher de quoi m'habiller, je me dépêche. Fais comme chez toi.

Il me fait entrer et part se changer. Son appartement est toujours aussi original. Je l'aime vraiment beaucoup. Il dégage quelque chose de chaleureux et coloré. On ne peut que s'y sentir bien. Il est très différent de celui de Bart qui fait beaucoup plus catalogue. Il revient quelques minutes après, habillé d'un jogging et d'un débardeur simple, deux verres de thé glacé à la main. Pile poil ce qu'il me fallait avec cette chaleur. Il s'assoit à côté de moi.

- Que me vaut cette visite ?

- C'est complètement stupide.

Je passe une mèche de cheveux derrière mon oreille et il me sourit. Il a un sourire très apaisant et bienveillant.

- Il n'y a que moi pour te dire si c'est stupide ou pas et je pars toujours du principe que rien n'est stupide donc tu n'as pas à t'inquiéter.

Je le fixe quelques instants, rassurée et me lance :

- Bon. Aujourd'hui, j'ai revu une fille que je n'avais pas vue depuis mes six ans. On était meilleure amie, mais il s'est passé quelque chose qui a fait que nous nous sommes disputés. Elle a fait en sorte que tout le monde me déteste. Elle a ensuite déménagé mais ce n'est pas pour autant que les gens ont arrêté de me détester. Je me suis fait harceler durant des années Ilan. Tous les jours je me faisais rabaisser, insulter ou bousculer? Je n'avais jamais une minute de repos. C'était terrible. Tout à l'heure, elle est venue me voir au travail pour reprendre contact avec moi ! Je ne sais pas comment je dois me sentir parce que c'était il y a hyper longtemps, nous avons grandis et évolué mais je l'ai toujours en travers de la gorge, ça m'a profondément blessé et j'ai l'impression de réagir comme une enfant si je refuse de lui pardonner.

Il continue de me regarder tout en buvant son thé glacé. J'attends qu'il dise quelque chose mais il n'en fait rien, du moins pas immédiatement. Une fois qu'il a fini son verre, il va à la cuisine et revient avec un paquet de M&M'S. Il me le tend mais je refuse. Je suis frustrée qu'il ne me réponde pas. Je voudrais qu'il me dise quoi faire, qu'il me donne des conseils. A la place, il lance les bonbons en l'air et les rattrape dans sa bouche. Il s'amuse tout seul et s'arrête lorsqu'il me voit le fixer, les sourcils froncés.

- Ah tu attends une réponse ?

Je pose ma main sur mon front et il éclate de rire. Je le frappe et l'insulte.

Why me ? Tome 1 (réécriture en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant