Chap I : Ce Qui Leur Est Arrivé (2/2)

Start from the beginning
                                    

Il l'a certainement ressenti plus que son âge peut en supporter. Le coup a beau être barbare, il n'est pas alarmant. Personne, dans les villes n'a jamais émis l'hypothèse de placer des limites aux forgeurs quant à l'usage de leurs talents.

Plus il y a d'émotions, plus la population peut admirer les méandres des civilisations au-delà des portails. Personne ne voudrait être privé de cela, ici. Si jamais quelqu'un devait avoir un malaise grave, cela serait de sa faute, d'après les coutumes Carthage. C'est ainsi et jamais plainte n'a été émise.

Malgré la douleur, j'arrive à tenir sur mes jambes. Je l'assimile même à un de mes frénétiques entraînements à Éris.

Des larmes se dessinent sur des joues, un sanglot éclate. Je comprends que je ne suis pas touchée par tous les symptômes. J'ai beau avoir mal, qu'à cela ne tienne, je ne ressens pas la moindre émotion. La douleur est là, mais pas la réponse. Je devrais me renseigner sur les autres caractéristiques en observant les spectateurs.

Les personnages de l'autre bord rencontrent des cas similaires. Je note qu'il y a parmi la foule, des soldats de Carthage, pris de court par le spectacle. Leurs hallebardes près du cœur, à même cachées par l'armure d'argent réputée aussi solide que la roche composant Carthage. Ils se passent à l'occasion, une main pour éponger leur front.

Combien sont-ils ? Deux, trois,...sept disséminés. Sauf qu'ils ne sont pas seuls. Un être vêtu d'un manteau noir à capuche en cuir me dévisage. La représentation ne l'intéresse guère. J'aperçois derrière cette sinistre fourberie, un masque en fer d'une noirceur similaire. Ne serait-ce pas un casque ?

Un flash me paralyse l'espace d'une seconde. Des images : Un homme et une femme, un cri assourdissant, la rage enflamme les cœurs, une porte claquée, un enfant au milieu, la tête levée, le son étouffé.

Je n'ai nul besoin de me plonger dans l'émotion. Ces créatures connectent les témoins de la scène mutuellement afin de pouvoir avoir un aperçu de ce qu'ils veulent communiquer.

Les deux se font face. Le mâle lève sa main, le passant en pleine figure. L'autre détourne le regard, hochant les épaules, le corps droit, la main sur la poitrine.

'On tente d'endiguer la conversation ;
Une opportunité de faire mal ;
Le tout, relancé sur l'échiquier'

'A-t-on réellement cherché ?
Origine des maux non-dénoués ;
Les miettes poussent à l'effondrement ;
Ces instants de chaleur se partageront avec d'autres'

'De l'égoïsme ? Non, petite chose ;
Juste que l'une des âmes a perdu son pour quoi ;
Poussant l'autre, incompris, à éparpiller leur héritage'

Les deux créatures se prennent par le cou, l'impression de dérouler l'acte fatal. Les corps continuent à engager le pas, prolongeant le dilemme. Les mains sont retirées, les poitrines se rapprochent, se bravent, se détournent en un mouvement lent, mais synchronisé.

'Les voilà si loin ;
Si loin de leurs battements d'aile ;
Collier serré en poing ;
Satisfaits, ils le sont à plaire ;
Oui, ils le prouvent avec soin ;'

'Et pourtant ;
Et pourtant ;'

'Il manque quelque chose ;
Ils ont oublié quelque chose ;
Quelque chose'

Le son s'estompe progressivement. Un claquement de paume retentit, suivi de bravos doublés d'applaudissements. Le public en est repu. On relève certains, encore secoués.

Je reviens aux deux humbles de cette effervescence. La tête penchée en avant, preuve que la scène ne s'est pas encore totalement achevée. Un dernier détail attire mon attention. Il faut un minimum d'attention pour le voir Deux mains Oui, deux mains se serrant dans cet épilogue, envoient un dernier message.

Quelque chose... murmuré-je. Oui, quelque chose...

Les créatures se lèvent, quittent la voie permettant déjà à une vague d'hommes et de femmes pressée, de reprendre leur course, les e-motios se rapprochent du forgeur, le dépassent sans un mot et se plaquent à nouveau sur le parterre contre le mur du garde-fou.

L'ombre de tout à l'heure a disparu. Je me décide à l'imiter. Le silfer que m'a recommandé la vendeuse ne doit pas être loin.

Jeune étoile ! prononce le forgeur sans daigner me faire face, la tête toujours penchée sous son chapeau.

« Tu as choisi d'être aventurière. C'est une noble profession, mais là où tu vas, il n'y a que ténèbres. Prends garde à toi ! Tu n'es pas la seule à le rechercher. »

Je ne réagis pas tout de suite, cherchant à déchiffrer ses paroles.

J'ai entendu, lancé-je, sans trop savoir pourquoi.

Un dernier passage sur les deux complices qui me renvoient ma curiosité, en ouvrant des yeux d'un vert citron remplissant toute la surface de l'œil. Leurs traits rendent ses sclérotiques longues et fines, avec des cheveux en cône d'un noir profond sur cette peau pâle.

Ils te souhaitent un bon voyage, terrienne ! achève le forgeur.

———
Q.U.E.S.T.I.ON.

Alors, dîtes-moi : « que leur est-il arrivé ? »

Pouvez-vous le décrire en une phrase ou deux ce que vous en avez compris ?

Attention ! La réponse a plus ou moins été donné. Pas la peine de vous triturer, haha.

 Pas la peine de vous triturer, haha

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now