Capitolo Cinque

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Après qu'il m'eut fait sortir de la cabine, Marco entreprit de me guider vers la grande porte située au fond du couloir qui avait déjà auparavant attiré mon attention. Je fus stupéfaite en voyant l'effervescence qui dominait les lieux car, contrairement à mon arrivée où l'allée avait été déserte, elle était désormais remplie de jeunes femmes. Ces dernières étaient visiblement sorties des cabines adjacentes à la mienne et avaient du subir le même sort que moi car toutes étaient vêtues de robes soit très courtes, soit très échancrées. Leur styliste, par qui elles étaient accompagnées, avait apparemment été beaucoup moins conciliant avec elles que Marco l'avait été avec moi.

Ce qui me perturbait par ailleurs, c'était que certaines semblaient être ici de leur plein gré. Il n'était pas compliqué de les différencier du reste du groupe puisque c'était elles qui portaient les robes -si on pouvait encore appeler ça comme ça- les plus provocantes.

- Elles sont ici pour Zed Valbonessi, me souffla Marco en me voyant fixer l'une d'entre elles. Elles ont accepté de prendre le risque d'être vendues s'il ne les choisissait pas.

Comment aurais-je pu ne pas mépriser ces femmes ? Elles même ne se respectaient pas assez pour pouvoir aspirer à une vie simple et heureuse. Elles avaient choisi la solution de facilité, celle de vivre dans la prospérité quitte à perdre toute indépendance, toute dignité, toute liberté.

Marco poussa la grande double porte et me fit pénétrer dans une grande salle aux murs dorés et au sol noir. Elle était vide de meubles, à l'exception d'une dizaine de canapés qui attendaient sagement d'être utilisés et je remarquai qu'aucun objet ne traînait, sûrement pour nous éviter l'idée de nous en servir comme arme... Je ne me laissais pas tromper, c'était ni plus ni moins qu'une prison et l'absence de fenêtre n'allait certainement pas me faire changer mon avis.

Après que tout le monde soit entré dans la salle, le "styliste" m'attira à l'écart.

- Je vais rapidement te briefer sur ce qu'il va se passer dans quelques minutes. Il marqua une pause puis reprit. Normalement, vous auriez dû être vingt-sept à défiler ce soir pour... Hum... être vendues...

Notre sort semblait vraiment l'affecter et pendant un quart de seconde j'éprouvai une microscopique pointe d'affection pour lui, avant de me souvenir qu'il bossait avec mes ravisseurs.

- Enfin bref... Au final, l'une d'entre vous sera offerte à Zed Valbonessi. Il est un invité important pour la Camorra puisqu'il s'apprête à prendre les commandes de la Cosa Nostra en Sicile. Le boss tient à ce qu'il vienne choisir une fille séparément des autres acheteurs pour souder le lien qui unit les deux organisations. Tu me suis jusque là ?

Je faisais tout mon possible pour rester focalisée sur ses paroles mais l'ambiance pesante qui régnait dans la pièce m'en empêchait. Certaines filles s'étaient mises à pleurer et le bruit de leurs sanglots me mettaient les nerfs en boule. Pleurer, c'est renoncer et renoncer, c'est être faible. Jamais je ne renoncerai à ma liberté comme elles le font actuellement. Jamais je ne me soumettrai à l'idée d'arrêter de me battre pour quelque chose qui m'appartient, qui me revient de droit.

J'acquiesçai mécaniquement et Marco reprit sans s'apercevoir que j'avais complètement décroché.

- Le boss va arriver dans quelques minutes pour faire sa sélection, avec l'aide de son bras droit, de celles qui seront proposées à Valbonessi. Ce dernier viendra ensuite faire son choix ici même et repartira avec l'une d'entre vous. Lorsqu'il ne sera plus là, toutes celles qui n'ont ni été proposées ni choisies partiront à la vente aux enchères qui se déroule dans l'amphithéâtre...

Je hochai de nouveau la tête comme une débile car c'était ce qu'il attendait de moi. En réalité, je n'en avais strictement rien à carrer de comment allait se dérouler la suite des événements. Tout ce qui m'importait à l'heure actuelle, c'était de me barrer et ce le plus vite possible.

SediciWhere stories live. Discover now