Capitolo Due

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- Combien penses-tu qu'on peut se faire avec un paquet pareil capo (patron)?

- J'en ai aucune putain d'idée Taz'. Vérifie que t'as bien serré les liens... Ce serait con de manquer une si belle occasion de se faire du fric à cause de tes conneries.

J'étais réveillée depuis un moment maintenant. Enfin, réveillée étais un bien grand mot puisque tout m'apparaissait de manière très floue. J'avais vaguement conscience du fait que des gens parlaient mais ne saisissais pas le moins du monde le sens de leurs paroles. La seule chose claire et nette était le fait que j'avais monstrueusement la gerbe.

Je tentai de me redresser pour calmer les spasmes de mon estomac mais me rendis rapidement compte que mes gestes étaient très limités. J'ouvris alors brusquement les yeux et la première chose que je vis fût... rien en fait. Désormais pleinement consciente, je réalisai -pour la seconde fois- dans quel merdier je me trouvais. Mes mains avaient été liées dans mon dos et il en allait de même pour mes chevilles. Un bandeau me barrait la vue et la sensation d'étirement au niveau de mes lèvres me permit d'affirmer que ma bouche était, elle, obstruée par un bâillon. Alors que j'étais en pleine analyse de la situation, je sentis quelqu'un resserrer mes liens et ne pus m'empêcher de sursauter.

- Bon retour parmi les vivants, caro (chérie), dit-il en me retirant le bandeau des yeux.

Je toisai l'homme chauve accroupi près de moi et pus affirmer je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie. Au vu de sa taille et de sa musculature, on aurait clairement pu dire qu'il possédait les mêmes dimensions qu'un frigo.

Il me lança un sourire carnassier auquel j'aurais sûrement répondu par une grimace effrayée si je n'avais pas été bâillonnée. Au lieu de ça, je préférai détourner les yeux afin de comprendre où je pouvais me trouver.

D'après le ronflement de moteur que je pouvais entendre en fond je pensai me trouver dans une voiture mais en voyant le large espace, j'optai plutôt pour un fourgon. J'avais aussi pu remarquer qu'il n'y avait aucune vitre à l'arrière du véhicule et, la banquette avant m'empêchant de voir à travers le pare-brise, je n'avais donc absolument aucun moyen de savoir où je pouvais me trouver.

- Elle est réveillée ?

C'était l'autre homme, celui qui conduisait et apparemment il capo (le chef), qui avait parlé. Lorsque le chauve tourna la tête vers son interlocuteur pour acquiescer, je pus remarquer la longue cicatrice qui courait sur toute la face gauche de son visage. Ce type filait vraiment les jetons.

Ce dernier, qui semblait par ailleurs se prénommer Taz', me regarda de nouveau avant d'approcher sa main de mon visage. Soudainement prise de panique, je tentai de m'éloigner le plus possible de ce monstre. Je ne voulais pas qu'il me touche ! Je voulais que personne ne me touche, putain ! Des larmes de dégoût me montèrent aux yeux au moment où il commença à caresser ma joue. Ça avait beau être un contact futile, je ne pouvais que me sentir violée par son geste.

- N'aie pas peur caro, je ne ferais rien sans son accord, dit-il en faisant un signe de tête vers le conducteur.

Ce dernier se détourna alors de la route pour me toiser aussi avidement que son acolyte. Si les paroles du chauve avaient pour but de me rassurer, c'était définitivement raté.

La voiture s'arrêta soudain dans un soubresaut et je me retrouvai propulsée contre la banquette avant.

- Dégage Taz', va faire un tour je m'occupe d'elle.

Le chauve sortis par la porte arrière du fourgon me permettant d'entre-apercevoir le ciel pressé entre les deux portières sinistres et je me surpris à espérer que des bras divins viennent me tirer de cet enfer. Pourtant, il ne fallait pas que je me méprenne. Je n'étais que la pauvre putain en devenir, une fille qui servira d'objet sexuel à un quelconque homme fortuné. Celle que personne ne viendra sauver parce que personne ne sait qu'elle existe.

SediciWhere stories live. Discover now