29. De drôles de questions.

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Amy

Décembre 2024

Seize heures vingt. Je me gare à proximité de l'école et sors de ma voiture pour me diriger vers les grilles de la maternelle. Plusieurs groupes de parents patientent déjà devant en attendant qu'elles ouvrent. Je m'arrête à côté de l'un d'eux tout en écoutant d'une oreille distraite leur conversation. Ça discute activités sportives et scolarité, deux sujets sur lesquelles je me garderai bien de donner mon avis !

Un papa me salue brièvement de la tête en croisant mon regard. Je lui retourne son bonjour tout en restant dans mon coin. C'est difficile pour moi de nouer des liens avec les autres familles. Outre le fait que je n'ai pas souvent l'occasion de venir chercher Léo moi-même, je ne suis pas encore parvenue à trouver beaucoup de points communs entre ma vie et les leurs.

J'emprunte le petit sentier menant au bâtiment de maternelle dès que le feu vert est donné. Une fois à l'intérieur, j'avance jusqu'à la classe qui m'intéresse, mais là encore, la porte est close et il faut attendre. Comme à chaque fois, je me demande ce qui se passe derrière. Il m'arrive d'être nostalgique de la crèche et de la liberté que j'avais de pouvoir surprendre Léo. C'était aussi agréable que d'avoir un résumé détaillé de ses journées. Tout est si différent ici...

Je chasse la petite pointe de mélancolie qui menace avant qu'elle ne devienne plus forte et récupère les affaires de mon fils à son porte-manteau. La photo qui accompagne l'étiquette de son prénom ramène mon sourire. Elle a été prise le jour de la rentrée, je reconnais encore le petit polo que je lui avais acheté pour l'occasion. Il a l'air heureux et fier. Ça me rassure de constater que ce sont des sentiments qui ne l'ont pas quitté ces derniers mois. Sans compter que l'école lui fait du bien. Ses progrès en langage sont impressionnants ! Il s'exprime de mieux en mieux, même s'il écorche encore pas mal de mots.

Je ne le repère pas tout de suite quand la maîtresse ouvre enfin la porte. Les enfants sont installés sur les bancs du coin regroupement et doivent attendre qu'on leur dise de venir, peu importe leur impatience à retrouver leurs parents. J'ai moi-même du mal à tenir en place, mais heureusement, je n'ai pas à le faire très longtemps. Mon petit garçon est le quatrième à être appelé. Il sort de sa classe une main dans la bouche, le pas ralenti par les adultes qui patientent dans le couloir. Son visage s'illumine dès qu'il repère le mien parmi tous ces inconnus. Je m'accroupis pour le réceptionner lorsqu'il se précipite dans mes bras. Les quelques secondes durant lesquelles il me sert contre lui en scandant des "Maman !" enthousiastes dans le creux de mon oreille rechargent mes batteries d'une grande dose de bonheur. Je l'embrasse trois ou quatre fois sur la joue avant de le relâcher. Il rit en me prenant son cache-cou des mains pour commencer à s'habiller.

Je le laisse faire autant que possible, n'intervenant que pour remettre correctement son bonnet ou relever la fermeture de son manteau. Il passe son cartable sur ses épaules, une habitude de grand à laquelle il tient, et s'empare de ma main. La maîtresse ne m'interpellant pas lorsque nous passons devant elle, je me contente d'un simple au revoir avant de quitter les locaux. J'imagine que comme tous les soirs, ce sera à Léo de me raconter sa journée. De manière générale, nos conversations suivent toujours un ordre établi et se résument à trois ou quatre questions fondamentales :

- Tu as passé une bonne journée à l'école ?

- Oui !

- C'était bon à la cantine ?

- Oui !

- Et tu as bien dormi à la sieste ?

- Oui !

Voilà... L'affaire se complique lorsque je cherche à entrer dans les détails. La majorité du temps, Léo ne se souvient plus de ce qu'il a fait ou de ce qu'il a mangé. Merci au cahier de vie et aux menus glissés dans le cahier de liaison de me fournir un minimum d'informations à ces sujets ! Je sens pourtant un petit changement depuis quelques semaines maintenant. Les préparatifs de Noël enchantent mon petit garçon qui se montre plus enclin à me parler des livres qu'on lui a lu ou des décorations qu'il a préparées.

Souviens-toi de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant