25. L'aube des promesses

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Jules

Octobre 2024

Ses lèvres m'ont fait prisonnier à la seconde où elles se sont emparées des miennes.

Il n'aura fallu qu'un début de contact pour que je me retrouve conquis. Asservi. Amy m'a ramené chez elle, jusque dans son lit, sans rencontrer la moindre résistance de ma part. Je n'arrivais plus à m'arrêter de l'embrasser. Mes mains ne quittaient pas ses hanches, les siennes enserraient fortement ma nuque. C'était à se demander lequel cherchait le plus à retenir l'autre. Nos corps se sont frôlés, nos bouches se sont cherchées, avides et impatientes de rattraper tout le temps perdu.

Je savais déjà cette nuit que leur démarche était vaine. Aucun des jours que nous avons passés loin l'un de l'autre ne peut être récupéré. Je nous les ai volés. Mais l'heure n'était pas à la parole et je n'ai pas tenté d'engager une discussion que nous devrons forcément avoir, tôt ou tard.

Amy dort à présent dans mes bras. Mes doigts caressent son épaule nue dans un lent mouvement de va et vient. Il y a bientôt une heure qu'elle s'est assoupie. Moi, je n'ai pas réussi. Je me sens toujours euphorique et agité. Le shoot d'adrénaline provoqué par ses baisers continue de courir dans mes veines. Mon sang bouillonne et mes pensées ne cessent de partir dans tous les sens.

Les volets restés ouverts permettent à la chambre de progressivement gagner en luminosité, à mesure que le jour se lève. Mon regard erre dans la pièce, curieux de découvrir ce que dissimulait jusqu'à présent l'obscurité. C'est propre, rangé. La vieille chaise sur laquelle je laissais toujours traîner mes affaires n'est plus là, la commode a été remplacée par une armoire et mon ancienne table de chevet se trouve désormais occupée par toute une série de Tchoupi. Je souris en supposant qu'elle doit trouver ça plus sympa que mes vieux pavés d'anatomie...

Un pêle-mêle est posé à côté de l'impressionnante collection d'albums de Léo. Le format est petit, mais je distingue sans mal les silhouettes affichées sur les différentes photos. Mes sourcils s'arquent de surprise en me reconnaissant sur l'une d'entre elle. Je tends mon bras libre pour ramener le cadre à hauteur de mon visage afin de mieux l'examiner. Le cliché me montre de profil, les cheveux décoiffés et le teint hâlé. Je regarde quelque chose devant moi, mort de rire. Je sonde ma mémoire pour savoir quand a bien pu être prise cette photo, mais ça ne me revient pas. Ça me tue de ne pas me rappeler.

- C'est comme ça que j'essayais de me souvenir de toi, murmure soudain Amy en me faisant sursauter.

- Bronzé ? plaisanté-je en me sentant idiot de ne pas m'être rendu compte qu'elle était réveillée.

- Heureux.

Le mot me noue l'estomac. Mes doigts se resserrent sur sa peau. Je trouve insupportable l'idée qu'elle puisse en douter.

- Je l'étais, lui affirmé-je avec toute la conviction dont je suis capable.

Je repose le pêle-mêle à sa place et me tourne sur le côté pour faire face à Amy. Ses cheveux sont en pagaille et le maquillage autour de ses yeux a un peu coulé. Je la dévore pourtant du regard, la trouvant adorable même avec le visage chiffonné dû à notre nuit écourtée.

- J'aurai aimé avoir une photo de toi, moi aussi. Avec le temps, j'avais peur de ne plus réussir à me rappeler, lui avoué-je à voix basse.

Amy garde le silence. Elle semble réfléchir à ce que cela sous-entend. Aucune des questions qui défilent dans ses yeux ne parvient à se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres. Elle hésite, se retient, et alors que je m'attends à ce qu'elle exige une confession de ma part, c'est finalement elle qui m'en offre une.

Souviens-toi de nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant