BLAIZE

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J'étais entourée de trois murs de pierre décorés par des barreaux.

La présence de la couleur grise m'importunait. Ce n'était ni du noir ni du blanc. C'était du gris. Mais attention, ne vous trompez guère. Le gris n'était pas clair mais oui extrêmement foncé. C'est à dire que cette salle qui m'entourait, cette cellule, n'était sombre qu'à moitié et cela, pour moi, ça ne marchait pas. Pourquoi ne pas simplement prendre du noir? Couleur neutre, simple et complète. Le noir va avec tout. Mais, de même, pourquoi pas le blanc? Couleur sacrée, ils auraient pu vouloir que leurs prisonniers se rapprochent de Dieu et travaillent leur foi avant que de partir. Mais sûrement pas, d'après eux nous sommes déjà tous condamnés à l'enfer.

Moi, je ne peux y croire. L'enfer. Quel horrible concept! Non. Dieu est bon. Comment pourrait-il faire une chose pareille? Dieu a créé la femme, l'homme, la beauté, la gaieté. La tristesse et la laideur? Elles n'existent point. Ce que l'on dit moche l'est uniquement car l'œil humain déforme la beauté. Il y en a partout, mais nous ne pouvons la voir car notre vision du monde ne nous le permet guère. Le moral, le juste, le correct nous aveuglent. Je ne suis bien évidemment pas contre puisque cela aide le monde pour certains cas. Mais, pourquoi une histoire d'amour entre une domestique et un noble est mal vue? N'est-ce de même de l'amour? Cet amour dont on parle autant, qui est censé être beau? De toute façon, il était devinable qu'il partirait. Ma mère m'a toujours dit que les hommes, dans ou hors le lit, n'apportent que des ennuis. Sous leurs classes sociales la vérité se cache.

Pourquoi ne pouvons-nous pas avoir différentes opinions? Pourquoi vouloir encadrer tout être humain? Le monde est cruel! Non, je n'y crois pas à l'enfer, mais cela ne fait pas de moi une infidèle. L'enfer se limite à un concept créé par l'homme pour contrôler l'humanité. A quoi sert aux vivants la mort? Ils disent tuer pour établir la paix alors que ce sont les tueurs qui engendrent la révolte. Le peuple est fatigué, je le sais, je les entendais parler. La guerre approche. Les esprits commencent enfin à s'éclairer. Bientôt, l'aveuglement prendra fin et la vérité sera claire.

Nous sommes confrontés à une condition, une condition inchangeable: la mort. Sa finalité, parfois questionnable. Sa vérité, incontestable. Partir, tout laisser tomber. L'obligation de l'homme envers le monde. On nous offre le luxe, la pauvreté, le travail, le repos, et tout cela pourquoi? Quel but? Nous pouvons souvent nous poser la question. Aucune certitude et même comme ça, nous essayons de continuer et d'améliorer. Sans objectifs, nous nous sentons vides, sans rien... Pourquoi, durant toutes ces années ai-je travaillé sans relâche? Après tout, il n'y a aucune finalité enviable. Nous sommes tous égaux aux yeux du créateur.

Le temps de réflexion touchait à sa fin.

Un des gardes me prit par le bras. Il avait une main forte et firme, un peu froide, ce que je ne trouve point étrange vue l'épaisseur des murs. Sans prononcer un mot, il me mena vers l'invention du siècle: la guillotine.

La fin est devinable.

Je suis ici.


Le Début d'une EternitéWhere stories live. Discover now