Les quatre saisons (automne 2019)

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§ Le nouveau printemps sur le banc.

Là où tout commence. Les fleurs poussent grandissent éclosent entourées d'abeilles bourdons guêpes. Loin des pluies diluviennes de mars. Loin des torrents endiablés de la fin de l'hiver. Est assis, le visage baigné par les rayons du soleil. Cheveux aux vents les yeux clos un foulard en soie enroulé autour du cou. Attend seize heures le souper la lune la nuit tout le temps qu'il passe. Il ne fait que parti inhérente du paysage. Il rejoint sa chambre d'hôpital quand le ciel n'est plus qu'un nuage duveteux et rosé crépusculaire parce qu'on voit encore un peu le soleil du deuxième étage.

§ La chaleur de cet été.

Parer la chaleur avec une ombrelle. On lui a dit de ne pas s'exposer aux heures les plus chauds. Quatorze heures, midi au soleil c'est mauvais pour la santé surtout à son âge. Sent les goûts de sueur couler sur le front la nuque le dos. Chemise légère pantalon fluide pieds nus. La sueur imbibe ses vêtements mais il ne veut pas sentir l'air climatisée de sa chambre. Il ne veut pas rentrer être enfermé attendre à l'intérieur. Le temps est davantage blessant entre quatre murs blancs.

§ Le doux automne suivant.

Les feuilles tombent à ses pieds. Les branches nues se meuvent comme hantées par ces habitants invisibles qui peuplent le ciel en cette période de fêtes des morts. L'infirmière lui demande de rentrer, il n'écoute pas. Je suis bien ici. L'infirmière n'insiste pas et s'en va. Son ombrelle s'est transformée en parapluie et ses pieds nus sont désormais vêtus de bottes en caoutchouc. Les lumières des maisons les lanternes en forme de citrouille s'allument quand le soleil s'éteint. Il ne quitte son banc qu'à cet instant.

§ Le dernier hiver

Protégé par un grand manteau. On lui dit qu'il faut rentrer. On insiste. Je ne veux pas laissez moi je suis là et j'y suis bien elle va venir. On dit qu'il a perdu la tête mais on ne peut le déloger de force de son banc. Cela fait des mois que l'on essaye alors on abandonne.

Un jardin comme une étendue sans fin. De la neige en fine couche. De la fumée depuis les cheminées du village. Crache de la vapeur. Grelotte frissonne tremble mais ne rentrera pas. Celle qu'il attendait n'est plus loin. Elle arrive il le sait.

Le froid attaque ses orteils ses pieds ses chevilles. Ne bouge plus, respire à peine. Elle est là elle lui fait face la lumière au bout du tunnel. Il n'a pas peur d'elle. Attend qu'elle l'emporte avec elle.

Le froid prend ses jambes, glace son sang jusqu'aux hanches, attaque ses organes vitaux. Son cœur s'arrête. Une dernière volute de fumée emportant son dernier souffle de vie s'échappe de ses lèvres. Sa dernière larme coule de ses yeux et gèle sur sa joue larme de joie parce qu'elle est enfin là et l'emporte sans douleur.

Des petites histoires sous la neigeWhere stories live. Discover now