De gauche à droite (automne 2019)

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De gauche à droite. Les vaisseaux sanguins de mes yeux ont explosé devant l'écran de mon téléphone qui affiche une heure bien trop avancée de la nuit pour que ça paraisse normal et paresse fait que c'est encore des heures de perdues à penser que j'aurais pu les utiliser différemment à combler mes ambitions littéraires inabouties inachevées utopistes même si au fond c'est déjà un combat perdu d'avance parce que plus personne prend le temps de lire si ce n'est que tout le monde lit pour pouvoir parler jaser exposer sa culture qui n'est qu'artifice aux yeux des autres et les autres fières de répondre que oui ils connaissent ils ont lu et c'est merveilleux sans que la moitié n'en est tournée ne serait ce qu'une page de gauche à droite ou même en biais une quatrième de couverture pour donner un second souffle un second round une deuxième chance d'atteindre un peu de plaisir mais c'est comme avec tous les gars qui te baisent ma fille ceux qui rebondissent en promettant d'être meilleur la seconde fois pas la prochaine le seconde parce qu'y'aura pas de prochaine ils te rappellent jamais et quand ils jouissent ils te regardent même plus dans les yeux te touchent à peine pour te faire comprendre de t'en aller et toi tu rentres à moitié satisfaite de ce nouveau one night qui te promettait pourtant la lune les étoiles tous les astres que tu voulais alors que tu t'en fous des comètes t'aurais aimé un orgasme mais faudrait qu'ils trouvent le clito déjà ce qu'ils savent faire c'est juste promener leurs doigts maladroits de gauche à droite sur ton corps jusqu'à te dégoûter de ce contact animalier si gauche droite dans l'estomac jusqu'à ce que tu vomisses des glaires de honte culpabilité de vide crevasses qui ne se remplissent jamais comblées jamais sans affection sans sexe sans joie comme des sources de lassitudes qui ramènent tes doigts à glisser de gauche à droite sur tinder plus souvent à gauche qu'à droite dans ce terrain de superficialité cercle vicieux de l'ennui qui désamorce ta solitude sans l'assumer pleinement déclarant que c'est l'expérience qui te manque pour écrire et faire glisser le stylo sur le papier de gauche à droite brouillon à peine lisible de pensées risibles goût de déjà vu où la plume n'est plus qu'un clavier qui ramène à cet écran de solitude où seuls les pseudos de ceux qui ne t'intéresse pas s'affichent à gauche ou à droite d'une playlist spotify de rap français dont tu connais toutes les paroles sans jamais te lasser orelsan médine nekfeu jusqu'à ce que jacques brel et yves montand interviennent coupés par ce bruit insupportable d'une notification snapchat qui arrive par la gauche que tu balayes par la droite encore un match tinder qui s'ennuie comme toi mais toi t'es bien plus bonne et même occupée tu leur réponds lui il s'ennuie juste de pas bander de pas baiser de pas jouir il te demande quand tes cuisses peuvent l'accueillir faire des vas et vient ennuyants bien droits gauche tu réponds pas tu verrouilles ton téléphone tu verras demain s'il n'a pas déjà fourré celles qui sont avant toi dans sa liste top trois ou top dix ou plus tu sais pas et tu veux pas le savoir tu éteins tout ton téléphone ton cerveau ton cœur tu te tournes dans ton lit tu passes de gauche à droite.

Des petites histoires sous la neigeWhere stories live. Discover now