Plus que tout au monde - BONUS

5/10 - LÉO / DANS SON REGARD

LÉO / DANS SON REGARD

Swann m'attendait en bas des escaliers, un peu honteuse. Je descendis la rejoindre, suivi par sa mère qui claquait ses talons sur le plancher comme pour faire preuve d'une autorité mal placée même en marchant. Elle voulait qu'on se sente merdeux comme des ados pris en faute. Mais ce n'était pas une erreur d'avoir envie de m'isoler avec sa fille. Je n'avais pas honte d'avoir envie de la femme que j'aime.

Swann me prit par la main et m'emmena dans la serre, où on avait abandonné le vase au morceau décollé quelques minutes plus tôt. La cérémonie commençait dans moins d'une heure, les invités arrivaient les uns après les autres. J'adorais les proches de Swann, mais j'avais hâte qu'on rentre chez nous, hâte qu'elle se détende et qu'on oublie cette journée stressante.

Swann ne parla plus jusqu'à ce que Louise fasse son entrée.

- Swann ça va ?

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? demanda-t-elle sans même regarder sa sœur.

- Apparemment tu batifoles dans les recoins avec ton gigolo, cita Louise, amusée.

Je souris, amusé mais agacé aussi. Swann ne riait pas du tout en revanche.

- Donc elle va rajouter ça à mon palmarès, je suis une traînée.

- Hey, ça change de l'époque où elle disait que tu ne trouverais jamais personne parce que personne n'aimait les grosses. Regarde virgule moi, elle me dit qu'on dirait que j'ai eu des jumeaux, que c'est pas normal que j'ai toujours pas récupéré ma ligne alors que Robin va sur ses deux ans.

- Pourquoi tout ce qu'elle dit me touche encore ?

- C'est notre mère, répondit Louise, défaitiste.

- Et papa, il vient ?

- Non, il ne veut pas la voir. Il s'est excusé auprès de Dany et Noah hier. Il leur a téléphoné.

- On pouvait faire ça ? plaisanta Swann.

- Hey tu as vu tout ce que tu as accompli, tout est absolument magnifique, on avait besoin de toi ici.

- Elle a raison, dis-je, t'es douée pour ça, c'est trop beau, regarde autour de toi. Oublie ta mère et passons une bonne journée.

- Exactement, m'appuya Louise.

Swann nous regarda, souriante. Elle savait qu'on avait raison. Elle y croyait surtout. Elle avait tellement changé en trois ans. Et j'aimais toujours plus cette femme, à chaque petite victoire contre ses insécurités.

- Au fait, rajouta Louise, cette robe !

Elle désigna le décolleté en faisant un clin d'oeil.

- Et les escarpins, ohlala, t'es trop belle !

Louise quitta la pièce pour rejoindre son mari, nous laissant seuls. Je souriais à Swann qui me souriait aussi. Puis elle baissa la tête sur son rouleau de double face, dernière solution pour faire tenir ce fichu bout de bois sur ce fichu vase, avant de s'adresser à moi.

- Merci, souffla-t-elle.

- Pourquoi ?

- Tout. Et pour les escarpins surtout, blagua-t-elle.