Une nuit, Blanche

Chapitre 1

La journée touchait à sa fin. Le soleil commençait à se coucher, il devait être presque dix-neuf heures. Celui-ci jouait à cache-cache avec les nuages. Ses rayons transperçaient par endroit les cumulus qui se déplaçaient d'ouest en est. Cela permettait d'observer, par intermittences, les nuances orangées qu'offre le crépuscule au travers du filtre laiteux des nuages de cette journée d'automne.

Mais elle était une jeune femme ravissante et préférait observer la beauté de son visage que lui reflétait son miroir plutôt que d'observer le ciel. Elle sortait de son bureau pressée et un peu stressée. Faire des choix avait toujours été quelque chose de difficile pour elle, mais ce soir-là elle ne pouvait plus reculer : elle devait choisir. Choisir entre sa présentation du lendemain qu'elle devait préparer pour son travail et la fête à laquelle elle souhaitait aller et qui avait lieu ce soir même. Elle avait planifié de faire le trajet accompagné de Marc pour qu'elle ne marche pas toute seule. Marc avait accepté, pourquoi refuserait-il d'effectuer un bout de son trajet avec une si charmante demoiselle ? Cet accord la rassurait bien, elle était effrayée à l'idée de marcher seule en ville, surtout une fois la nuit tombée.

Après avoir passé le sas puis les portes coulissantes de l'entrée de son entreprise, elle vérifia l'heure et se mit à marcher le long de l'allée François Mitterrand, remonta la rue du four, traversa le boulevard Charles de Gaulle, pour enfin arriver place de la Liberté où l'attendait celui qu'elle espérait retrouver ici : Marc.

— Coucou dit-elle, en l'apercevant.

— Salut, comment vas-tu ? répondit Marc.

— Un peu angoissée, mais ça peut aller.

— Bien, allons-y sans perdre de temps, nous sommes en retard.

— Oui, répondit-elle d'un ton dépité.

Elle n'était pas dans son assiette et Marc ne le voyait pas. Il faut dire qu'il n'était pas vraiment du genre à prêter attention aux filles. En fait, il ne faisait pas preuve de beaucoup d'empathie, et ce, avec toutes les personnes qu'il côtoyait. Il paraissait froid et stoïque, peu importe la situation dans laquelle il se trouvait. Ce n'est donc pas l'humeur mauvaise de celle qui lui tenait compagnie qui allait changer quoi que ce soit à cet homme désintéressé de tout. Mais peu importe, elle n'avait pas pour projet d'établir une relation amicale avec lui. Ce qu'elle voulait, elle, c'était aller à cette fête et retrouver Nicola, qu'elle avait connu il y a de ça deux mois à l'occasion du pot de départ d'une de ses collègues.

Après leurs glaciales salutations, ils se mirent en marche sans attendre en direction de l'appartement de Nicola. Ils marchèrent ainsi silencieusement tous les deux, côte à côte, pendant cinq longues minutes, jusqu'au lieu de la fête. Elle profita de ce long silence pour réfléchir à l'attitude idéale à adopter pour attirer l'attention de Nicola. Elle songea également à ce qu'elle dirait à Nicola quand elle devra le saluer.

Soudain, Marc rompit le silence :

— Eh bien dis donc, on peut dire que tu as mis les petits plats dans les grands ce soir dit-il pour faire la discussion.

— J'essaye juste de faire bonne figure...

— C'est bien réussi répliqua-t-il en la scrutant.

— Merci répondit-elle en rougissant, tout heureuse de plaire.