Chapitre 26

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— Marin... Je crois que j'ai oublié de te révéler une information importante à mon sujet, ai-je soufflé en me cramponnant férocement à sa nuque. J'ai peur du vide : les manèges à sensations fortes très peu pour moi !

Il a plongé en direction de l'océan nacré qu'il effleurait du bout des doigts tandis que je le harponnais.

— Waouh, ai-je laissé échapper alors que nous volions en direction d'un coucher de soleil aux nuances envoûtantes de rose.

J'ai contemplé notre reflet filant sur l'eau puis happée par la couleur étincelante des ailes de Marin, qui se déployaient dans toute leur magnificence, je n'ai pas remarqué que nous arrivions dans un lieu dont personne ne soupçonnait l'existence.

— L'as-tu senti ? m'a interrogée l'Archange. Nous venons d'entrer sur l'Île de la Triade.

— Je crois avoir perçu une sensation d'apesanteur.

Le genre d'effet que l'on ressent dans un ascenseur en mouvement.

L'Île de la Triade n'avait au premier abord rien d'exceptionnelle. Des plages, du sable, des arbres feuillus et des oiseaux chanteurs. Elle ne vendait pas du rêve. Pour autant, elle ne faisait pas pitié non plus. Je n'y remarquais rien d'original.

D'ailleurs, pourquoi étais-je en train de chercher des aspects originaux à ce coin dont je n'avais jamais entendu parler ? En me retrouvant pieds nus dans le sable, j'ai creusé au plus profond de mon esprit. Comment un lieu de ce type pouvait se soustraire à la main de l'Homme ? En véritable rat de bibliothèque, un bout de terre se surnommant Île de la Triade ne m'aurait jamais échappé.

— Cet endroit n'est pas référencé sur les cartes, aucune mention dans les livres. Il est à l'abri de la fureur humaine. Inaccessible, hormis pour les êtres exceptionnels.

J'ai tiqué.

— Les êtres exceptionnels ? ai-je demandé en ayant l'impression de traverser un fin voile invisible.

— Tu cogites, Oxane.

Me tournant, j'ai admiré les grandes ailes de Marin disparaître. Le soleil dans le dos, il brillait devant moi. Son aura flamboyante m'a une énième fois scotchée.

— Je ne m'y ferai jamais, ai-je lancé en m'interrogeant sur mon état mental.

— Je n'ai aucune inquiétude à ce sujet. Tu vas t'y habituer, a-t-il répondu en calant son index sous mon menton pour relever mon visage.

L'Archange s'est lentement rapproché et me hissant sur la pointe des pieds, nous avons échangé un baiser des plus délicats sur fond de crépuscule. Se redressant, Marin n'a eu de cesse de me regarder. Ses billes mordorées s'exprimaient pour lui. Elles me signifiaient être la plus jolie. J'ai rougi en me tortillant avant de me jeter dans ses bras. S'il n'était pas venu à mon secours, je serais toujours entre quatre murs à avaler des calmants qui n'atténuaient en rien l'ampleur et la présence des voix dans ma tête. Des voix que je n'entendais plus depuis mon retour chez Marin.

Tirant sur la chemise de nuit blanche, j'ai reculé.

— J'ai l'air malade dans cet accoutrement.

— On se fiche des vêtements que tu portes.

— Ils me rappellent la section psychiatrique. Tu vas me prendre pour une folle... à juste titre. Je le suis sans doute.

— Ne dis pas cela. Tu n'es pas atteinte de névroses.

— J'entends des voix. J'ai des hallucinations quasi quotidiennes !

Pour toute réponse, il m'a tendu la main.

Bleu Magnétique (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant