Sylfaen - Tome 1 : Le Phénix

Chapitre 19 : Recherches

— Tu as des yeux magnifiques.

— J'en ai même deux si tu veux tout savoir.

Aliyah lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il peut l'agacer quand il s'y met. Samaël et elle ont passé les quelques dernières heures à discuter tous les deux. Tout d'abord de sujets plutôt sérieux, comme les enfers et leur organisation, puis ensuite le ton avait changé pour alors dériver vers une conversation plus légère. Et de fil en aiguille, il en était venu à la taquiner, la poussant dans certains de ses retranchements pour la forcer à lui répondre avec davantage de piquant, bien qu'elle ne prenne déjà pas de pincettes d'ordinaire. En particulier quand il s'agit d'interagir avec lui.

— Je sais, lui rétorque-t-il avec son sourire en coin, deux fois plus de beauté à contempler.

L'air blasé, elle pousse un soupir et secoue la tête négativement.

— Tu me fatigues parfois. Vraiment. Et de plus en plus souvent d'ailleurs. Bon, sur ce, ce n'est pas que je n'apprécie pas ta compagnie, mais il va falloir que je rentre rejoindre les autres. Et de préférence avant qu'Enzo commence à s'inquiéter, ce serait préférable. J'ai beau l'adorer, je sais pertinemment qu'il serait capable de faire quelque chose d'extrêmement stupide s'il ne me voit pas revenir, comme contacter mon père par exemple, ce que je préférerais éviter si possible.

— Je comprends. J'ai moi aussi des choses à faire de mon côté, je vais donc te laisser. Mais ne t'inquiète pas, on se reverra vite.

Et sans oublier de lui adresser un clin d'œil joueur avant, il disparaît, la laissant seule au milieu des bois. Il ne lui a même pas laissé le temps de répliquer sur l'éventualité qu'elle s'inquiète à son sujet, ce qui lui fait lever les yeux au ciel en secouant la tête. Prenant une longue inspiration, Aliyah jette un œil à la voûte céleste au-dessus de sa tête, qui a commencé à se couvrir de nombreux nuages gris, constatant par la même occasion que la nuit commence déjà à tomber ici. Elle réalise alors que cela doit déjà faire un moment qu'elle est sortie et qu'il va falloir qu'elle rentre au plus vite, avant qu'ils ne se lancent vraiment tous à sa recherche. C'est vrai que disparaître plusieurs heures, dans le contexte actuel, n'était pas la meilleure idée qu'elle ait pu avoir. Il va falloir qu'elle fasse plus attention dans les jours à venir. Avec les derniers événements ils ne risquent pas de la lâcher d'une seule semelle très longtemps, ce qui, elle le sent d'avance, va la contrarier.

Elle rejoint donc l'espèce de "manoir", où elle retrouve ses camarades tous ensemble, rassemblés dans la pièce commune, en train de discuter gaiement, alors qu'Enzo et Cloé restent étrangement silencieux. À son arrivée, les conversations cessent et la plupart des têtes se tournent dans sa direction. La jeune-femme laisse échapper un petit sourire las et s'avance vers un fauteuil libre dans un coin où elle s'assied en croisant les jambes. Ignorant les quelques regards encore posés sur sa personne, elle ferme les yeux, se pince l'arrête du nez et prend un temps pour inspirer et expirer profondément. Une fois qu'elle estime avoir retrouvé son calme intérieur et qu'elle a revêtu son masque d'impassibilité, elle rouvre ses paupières, les toisant de son regard bleu. Passant d'un visage à un autre, elle les sonde un à un. Elle laisse s'écouler une minute de silence supplémentaire avant d'ouvrir la bouche.

— Bon, je suppose que l'on va devoir discuter de ce qu'il se passe ? De la raison pour laquelle nous nous trouvons actuellement ici, au détriment de l'enceinte de l'Académie et ses boucliers protecteurs.

— Ce serait bien en effet, lui répond Nael après avoir échangé un regard avec les autres, mais ne te sens pas obligée. On peut tout à fait comprendre que tu n'en aies pas envie pour l'instant.

— On est là pour toi, intervient à son tour Elena, ça passe aussi par le fait d'accepter tes silences.

— Donc nous pouvons attendre que tu sois prête à aborder le sujet, renchérit Arkhen, et ce, peu importe le temps que ça prendra.