Chapitre 10

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Toujours secouée par ce qu'elle vient de comprendre, elle jette machinalement un œil vers l'horloge, histoire de se donner une idée d'où elle en est dans sa nuit. Voyant qu'elle peut encore se permettre de profiter de quelques heures de sommeil, elle diminue l'intensité des flammes, se lève et se glisse entre les draps. Il n'y a pas à dire, c'est quand même bien plus confortable que le sol de sa chambre. Il ne lui suffit que de quelques instants avant de retrouver le sommeil. Et cette fois, quand le réveil sonne, elle se sent reposée, même si elle grogne de fatigue avant de s'extirper du nid douillet où elle se trouvait. Elle s'étire et bâille, puis prend une douche bien chaude pour se réveiller, lui rafraîchir les idées et, accessoirement, se laver.

Elle profite de cet instant pour décortiquer les derniers évènements, les retournant dans sa mémoire afin de les comprendre au mieux. Samaël. Lucifer. Son évanouissement. Les démons. Le lien... Beaucoup de choses en si peu de temps. Un peu comme si le destin avait décidé de s'amuser un peu plus avec elle en corsant davantage son quotidien, ce dont elle se serait bien passé. Levant son poignet droit pour l'approcher à hauteur de son champ de vision, elle examine avec attention le tatouage qui l'orne désormais. Le huit couché est le symbole de l'infini, de l'éternité... sûrement en lien avec le fait qu'ils sont tous deux immortels. Quant au "spes", une fois qu'on connait la traduction, il n'y a plus vraiment de doute sur sa signification. L'espoir. Un seul mot qui porte beaucoup en lui, une grande signification.

— Je ne suis pas sortie de l'auberge moi...

La jeune-femme quitte le confort de l'eau chaude pour celui de vêtements propres. N'étant pas d'excellente humeur, elle enfile exclusivement du noir, uniquement égayé par les bijoux reçu de sa tante et son père pour l'instant. Elle observe son reflet dans le miroir, notant qu'elle a vraiment l'air fatiguée, les cernes sont clairement visibles sous ses yeux. Avec un peu de maquillage elle les camoufle, puis rassemble ses cheveux en une queue de cheval haute, avant de terminer en fermant un ras-de-cou autour de sa gorge. Elle contemple son image un instant supplémentaire, plutôt satisfaite du résultat, en tout cas, elle a déjà meilleure mine. Et tant pis pour l'infraction au code vestimentaire de l'Académie, elle mettra son uniforme une prochaine fois. Elle est tirée de ses pensées par le bruit de coups à la porte de sa chambre, lui faisant quitter la salle de bain.

— Aliyah, c'est Elena, je peux entrer ?

— Vas-y.

D'un geste vague de la main, elle ouvre la porte, ponctuant son invitation. La brune entre tandis que la Lowenski se tourne vers elle pour lui faire face.

— Je voulais juste savoir comment tu allais. Tu nous as fait peur hier.

— Désolée pour ça, j'ai tendance à oublier les besoins physiques du corps. Je ferai plus attention.

— Tu n'as pas répondu à la question, comment tu vas ?

— Mieux.

Aliyah coupe court à la conversation en empoignant son sac, qu'elle remplit en vitesse grâce à la télékinésie.

— On descend manger ?

— Si tu veux.

La jeune-femme voit très bien que sa camarade n'est pas dupe et qu'elle sait pertinemment qu'elle détourne le sujet. Mais, comme à son habitude, elle n'en montre rien, l'entraînant à sa suite dans les escaliers. Très vite, les deux filles rejoignent les autres dans la cuisine, mangeant dans un bruit de fond auquel le Phénix ne prête que peu d'attention, restant silencieuse. Elle doit absolument parler à Mr.Kervaillant, afin de lui demander des conseils sur le lien qui l'unit désormais à Samaël.

— Tu as fini Aliyah ? On va en classe ?

À l'entente de son prénom, elle recentre son attention sur son entourage et acquiesce à la question d'Elena, suivant les autres une fois de plus. Elle ne participe pas aux discussions, les écoutant seulement d'une oreille distraite tandis qu'elle les laisse parler entre eux pendant tout le trajet. Celui-ci passe en un éclair, après tout ils ne sont pas très éloignés de la salle de classe. Les élèves de leur pavillon commencent avec combat au corps à corps, ce qui a pour effet de la détendre en partie. Ça et le fait que personne ne lui a fait de réflexion sur le fait qu'elle n'a pas revêtu l'uniforme de l'école aujourd'hui. Ainsi, pendant les deux heures qui suivent, elle reprend avec Quentin là où ils s'étaient arrêtés la fois précédente, leur permettant à tous deux de progresser de façon plutôt correcte, ce qui est très vite récompensés par l'approbation de leur professeur principal. Une fois que tous les autres ont quitté la salle, elle reste pour discuter avec celui-ci, espérant qu'il puisse l'aider, même involontairement.

Sylfaen - Tome 1 : Le PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant