Chapitre 21 - LUI

Depuis le début
                                    

M'observant dans le miroir de la salle de bains, je suis reparti dans la chambre. Jetant la serviette autour de ma taille, j'ai enfilé un boxer puis j'ai atterri sur mon lit douillet. Il me manquait une présence. Une sensation de solitude m'a empli d'une tristesse infinie. Je n'avais qu'à traverser le couloir pour me retrouver avec celle que je désirais plus que tout sur cette terre. Pathétique pour un Archange d'en être rendu à une réaction humaine de pure frustration.

Je me suis étiré pour me nicher au bord du lit. Devais-je aller dans la chambre d'Oxane ou attendre ? Et si mon comportement distant l'avait vexée ? Sans doute s'imaginait-elle avoir pris un vent phénoménal lors du sous-entendu resté sans réponse de ma part. Je décelais en elle un désir puissant pour moi. Je symbolisais une source de curiosité. Une curiosité qui lui permettait d'occulter les tragédies qui jalonnaient sa vie, la joie qui avait fui.

J'ai marché en direction du couloir pour me retrouver face à la porte fermée de la chambre occupée par Oxane. Je m'apprêtais à faire demi-tour quand la porte s'est ouverte. Dans l'ombre de la nuit, la jeune beauté tenait contre sa poitrine son portable ainsi qu'un oreiller moelleux.

— J'ai cru comprendre que nous avions...

Elle peinait à finir sa phrase. Une satisfaction intense et silencieuse m'a envahi.

— Que nous avions ?

Gênée, Oxane a baissé la tête, un sourire timide aux lèvres. Je me suis écarté pour lui permettre de poursuivre sa route jusqu'à mon lit.

— Gauche ou droite ? ai-je demandé dans la plus grande des spontanéités.

— Je ne veux pas bousculer tes habitudes.

— Je t'en prie, installe-toi à la place qui te convient.

— Mais...

— Choisis, ai-je murmuré en l'enlaçant pour la câliner.

Oxane a lâché l'oreiller sur le matelas tout en se lovant contre moi. Ce moment était inévitable. Submergé par une concupiscence brutale, je l'ai enserrée avec plus de force. J'ai ensuite desserré mon emprise pour lui permettre de respirer. Je n'avais pas toujours conscience de ma robustesse.

— Tu es ici chez toi. Je m'accommoderai sans problème de la place restante dans le lit.

— Très bien, ai-je murmuré en déposant une kyrielle de baisers sur sa joue pendant que nous nous allongions.

— Tu sais, il y a des oreillers dans cette pièce.

— Mais celui-ci est tellement moelleux, a-t-elle précisé un sourire dans la voix après quoi elle s'est blottie dans mes bras.

Enivré par la dépendance, l'instant m'a paru déroutant. La complicité s'est accentuée. Dans le silence d'une nuit calme, Oxane a entrepris un rapprochement des plus sensuels. Ses mains d'abord timides et maladroites ont caressé mon torse pour dessiner le contour de mes muscles. Au contact de ses doigts sur ma peau, j'ai frissonné. Puis, j'ai embrassé cette moitié avec laquelle je ne voulais former qu'un.

Précipitions-nous les choses ? Aucune idée. Tout est devenu confus, brouillon autour de moi. Mon bon sens s'est effacé au profit d'une passion folle. Une passion extatique qui m'a mené à rouler sur le lit pour me retrouver à étreindre Oxane, à l'embrasser, à goûter son épiderme enveloppé d'une odeur sucrée. Le genre d'odeur qui vous reste en bouche, celle dont vous ne parvenez plus à vous détacher.

Tout s'est fait naturellement. Nos corps se sont liés et séparés pour de nouveau s'entremêler. Pendant la nuit, je me suis unie à Oxane que je n'ai eu de cesse d'honorer. La symbiose fut telle que durant la fusion, rongés par un désir ardent, nous avons manqué de tomber du lit. J'ai déployé mes ailes, bousculant les meubles cassant certains tableaux accrochés aux murs, pour nous empêcher une chute sur le parquet. L'espace de quelques secondes, la demoiselle a paru déroutée. Elle m'a dévisagée sans savoir quel discours tenir ni quoi penser. Ses mains ont alors parcouru mon dos et ses doigts ont effleuré mes ailes que j'ai rapidement fait disparaître. Ma partenaire a cligné des yeux comme pour s'assurer de la réalité de l'instant. Nos regards se sont croisés avant que nous ne reprenions une délicieuse danse des corps à même le sol ; sur un tapis tout ce qu'il y avait de plus délicat, dont les plumes furent extraites du plumage d'un animal rare et légendaire, le phénix.

Nous cajolant après une interlude coquine qui resterait gravée dans mon esprit, nous avons passé un long moment complice, nus l'un contre l'autre recouverts d'un simple drap.

Fébrile, Oxane n'a plus souhaité quitter mes bras. Cela tombait à pic, je ne voulais plus la lâcher. Cette intimité naissante m'a fait perdre de vue l'essentiel : je n'ai pas entendu les cris dans la forêt.

Personne ne les avait entendus.


***

N'hésitez pas à voter ;)

Bleu Magnétique (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant