Deuil Et Danse

481 20 5
                                    

Deux semaines étaient passées. Madame Cuthbert n'eut pas trop de mal à mettre au repos la jeune rousse, car celle-ci n'était plus que l'ombre d'elle-même depuis son malaise. Diana venait chaque jour aider son amie à faire sa toilette. Elle était tellement abattue d'être témoin de l'anéantissement de son âme sœur. Elle avait pris le choix de repousser son départ pour Charlottetown pour pourvoir épauler Marilla.

Ce matin-là, Diana essaya de sortir Anne de son inertie, mais c'était peine perdue, pourtant assister au concert de ce soir lui aurait fait du bien, pensa-t-elle. Marilla essaya à son tour, mais elle aussi échoua. Tous avaient défilé pour la convaincre, mais elle resta dans son mutisme sans même prononcer un mot comme si son esprit n'était plus là.

×××

Une atmosphère estivale émanait de cette douce et chaude soirée. La nouvelle salle de spectacle du village était comble. Elle était digne des grandes salles des villes. Un lustre majestueux surplombait l'immense plafond étoilé. La scène était gigantesque et très raffinée. Une arcade fait de feuilles de couleur or couronnait celle-ci. Le rideau s'ouvrit sur la chorale d'Avonlea. Diana était égarée dans le plus profond de son imaginaire (Anne lui apparu tel un ange, elle était rayonnante et elle chantait à gorge déployée, elle semblait tellement vivante). Cette mélodieuse illusion la fit sourire et Gilbert Blythe le remarqua. Après la représentation, tous les villageois étaient invités à la soirée d'inauguration pour partager un verre ou une danse. Marilla espérait voir sa chère enfant apparaître. Madame Lynde remarqua le chagrin de son amie et se décida à aller à la rencontre de Mlle Barry qui se tenait toujours au côté du jeune brun.

- Ma Chère Diana, vous êtes resplendissante ! J'ai entendu dire que vous aviez repoussé votre rentrée pour aider Marilla, c'est si altruiste de votre part, mais il est malheureux de voir que notre Anne ne s'en préoccupe nullement. Enfin, espérons qu'elle soit en état de prendre ses fonctions lundi prochain. Dit-elle avec résignation.

Rachel avait remarqué le visage surpris de Gilbert. Elle savait pertinemment qu'il n'était pas au courant des dernières nouvelles. Il fallait que les amis les plus proches d'Anne soient irrités pour qu'à leurs tours, ils puissent la sortir de sa paralysie. Madame Lynde reprit :

- J'espère ne pas vous avoir offusqués, il est difficile de voir Marilla dans cet état. Je vous prie à tous deux de passer une bonne soirée. Dit-t-elle en s'éloignant et en étant fière de sa prestation

L'électro choc se produisit. Gil semblait amer et Diana, elle était ennuyée de la situation.

- Diana, pourquoi faut-il que tu repousses ton départ ? On devait faire le voyage jusqu'à Charlottetown ensemble. Merci de me prévenir. Cracha-t-il avec amertume.

Diana ne savait pas quoi répondre. Elle était triste d'avoir blessé son ami, mais soudainement une colère rouge lui monta aux joues.

- Comment oses-tu, Gil !?! Depuis que TU as décidé de lui laisser de l'espace, elle va de plus en plus mal !!! Tu ne veux pas le voir pour ne pas souffrir, je comprends, mais ne viens pas me faire la moral. Pour moi, il est impossible de ne rien faire. Et tu sais quoi, Gilbert... Anne n'a pas besoin d'espace, mais qu'on lui fasse violence et j'ai beau tout faire, je reste inaudible à ces oreilles...
Elle essaya de ravaler ces larmes, mais ils coulèrent de ses beaux yeux marron, puis elle reprit :
- Elle ne m'étend pas... Je suis peut-être son amie intime, une de ces âmes sœur... Je ne suis pas toute sa vie... TU es le seul à pouvoir la sortir de son chagrin alors BATS TOI pour elle, même si ça signifie de la quitter... Lâcha-t-elle avec dureté.

Gilbert resta abasourdi par ce qu'elle venait de lui dire. Pourtant, il s'était juré de faire ce qu'il fallait pour que l'amour de sa vie aille mieux, il s'était dit que s'il lui laissé l'espace suffisant pour faire son deuil, elle reviendrait auprès de lui. Mais il s'était encore trompé. Il devait la réveiller de ce cauchemar.

×××

Une charmante mélodie embellissait la grande salle. Bash ne cessait de dévorer des yeux Miss Stacy. Elle était si ravissante dans sa robe rose pâle et recouverte de fines dentelles. Son sourire était éclatant, il scrutait chaque petit détail de son magnifique visage. Elle était simplement radieuse. Se dit-il. Muriel croisa son regard et s'avança vers lui avec un regard plein de malice.

- M'accorderez-vous cette danse ? Lança-t-elle.

Sebastian fut stupéfait, elle ne devait pas réaliser l'ampleur qu'aurait cette demande et surtout les critiques des personnes présentes ce soir à la vision d'eux dansant ensemble, mais elle réitéra sa demande en insistant puis il lui répondit :

- On ne peut pas, Muriel, ils nous observent, ils ne vont pas approuver ceci. Dit-il doucement.

- Bash, allons, ce n'est qu'une danse. Il n'y a rien de mal. Ne te préoccupe pas de se pensent les autres. Alors allons-y. Lui dit-elle en lui tendant la main.

Il mit quelques secondes à réagir puis un sourire se dessina sur son visage et il lui prit sa main pour l'entraîner dans le milieu de la salle sous le regard offusquée des habitants d'Avonlea et surtout madame Rachel Lynde eue l'air choquée au côté de Marilla qui eu une étincelle de bonheur à cette vision.

×××

Anne était dans le noir absolu, son esprit virevoltait. Cela fessait plusieurs semaines que sa tête était embrouillée. Rien ne s'était passé comme elle avait souhaité. Elle n'arrêtait pas de se dire qu'un monde sans elle serait peut-être mieux... Un murmure ne cessait pas de lui dire qu'elle était qu'une orpheline et qu'ils seraient mieux sans elle. Elle se disait qu'elle pourrait rejoindre Matthew. Il lui manquait affreusement, mais comment pouvait-elle penser ainsi, elle n'avait pas le droit, Marilla se retrouverait seule, elle serait dévasté. Elle ne peut pas lui infliger ceci. Elle était tellement confuse...

Un fracas résonna dans la cuisine, Anne eue un sursaut, avant de descendre voir ce qu'il se passait, elle saisi un manche à balai qui se trouvait dans un placard près de l'escalier. Arrivée en bas de celui-ci, elle entendit près du poêle quelqu'un marmonner des injures. Elle resserra la prise sur le manche et frappa de toutes ses forces sur l'individu, mais celui-ci lui demanda d'arrêter.

- Stop, Anne !!! Stop !!! C'est moi, Gilbert. Cria-t-il.

- Gil... Murmura-t-elle. Que fais-tu ici ?

- On peut parler ?

Le jeune homme lui tendit la main, mais elle refusa de répondre à sa sollicitation. Alors, il lui fit signe de sortir sur le porche.

- Je pense t'avoir tout dit. Lâcha-t-elle avant de le suivre dehors.

- S'il te plaît, on doit parler, c'est important.

Elle acquiesça d'un signe de tête pour lui signifier qu'elle allait écouter ce qu'il avait à lui dire donc il continua :

- Je sais que tu veux notre bien à tous, mais on a besoin que tu nous montres que l'on peut te quitter sans se faire de soucis. Diana repousse sa rentrée pour s'occuper de toi, le savais-tu ? Lui demanda-t-il avec gentillesse.

- Elle a quoi !?! Non, bien sûr que non, je n'étais pas au courant. Il est hors de question qu'elle reste. Je me sentirais...
Sa gorge se noua et elle ravala un sanglot. Elle reprit :
- je suis vraiment misérable, je voulais juste vous tenir éloigner pour que vous puissiez réaliser vos rêves sans vous préoccuper de moi.

Gilbert avait de la compassion pour elle, il avait déjà ressenti ses sentiments, le déni. Il savait qu'elle avait besoin d'accepter la situation. Il s'approcha d'elle doucement et glissa ses bras autour d'elle pour la réconforter et lui offrir l'épaule dont elle avait besoin, pour enfin lâcher toutes ses larmes. Il lui murmura à l'oreille :

- Je ne t'en veux pas, je comprends. Maintenant, laisse moi te serrer contre moi et évacue tout le chagrin que tu as au fond de toi. Ne t'en fais pas tout ira bien. Je t'en fais la promesse.

Anne se laissa aller et ressentit enfin l'apaisement.

×××

Coucou tout le monde ! 🤗 !
Anne et les autres sont prêts pour de nouvelles aventures 👍
Bisous de moi 😘

Anne D'avonlea-Saison 4Место, где живут истории. Откройте их для себя