Je pulvérise ma prof de maths en le faisant exprès

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Comme dit précédemment, je m'appelle Edith Jackson, pensionnaire de son état à l'Institut Yancy, une boite privée pour enfant à problèmes située dans le nord de l'État de New York.

Suis-je une enfant à problèmes ?

Très bonne question. Je suppose que j'étais considérée comme ça par tout ceux qui m'entouraient. Pourtant, je ne cherchais pas spécialement les problèmes, j'etais juste différente. Différente et bizarre.

Je pourrais en donner comme preuve n'importe quelle moment de ma brève existence, mais c'est en mai dernier que les choses se sont vraiment gâtées, lorsque notre classe de sixième est partie à New-York dans le cadre d'une sortie éducative : vingt-huit gamins tous plus différents et perturbés les uns que les autres accompagnés de deux professeurs dans un car scolaire tellement jaune que ça en devient en cliché, en route pour le musée des Beaux-Arts, départements des antiquités grecques et romaines.

En temps normal, cette sortie m'aurait plu : j'adorais la mythologie et tout ce qui s'y rapportait et la classe de Latin était une des seules ou j'aimais écouter. Cependant... visiter ce musée en sortie éducative avec un paquets de gamins qui se fichent royalement d'emmerder le monde tant qu'ils peuvent bavarder entre eux. Quel supplice.

Heureusement, M.Brunner notre professeurs de latin était l'un de ceux qui encadrait l'excursion et cela me remontait le moral.

M.Brunner était un quinquagénaire en fauteuil roulant électrique. Il avait les cheveux clairsemés, la barbe hirsute et une veste en tweed élimée qui sentait perpétuellement le café. Pas forcément un type cool, mais il ne fallait jamais se fier aux premières apparences, j'en savais quelque chose. En réalité c'était lui la seule raison pour laquelle j'écoutais en latin, même si tous ce qu'il me racontait était déjà inscrit en lettre d'or dans ma mémoire, comme à peu près tout ce qui m'intéressait d'ailleurs. Comme il animait ses cours et parvenaient à les rendre intéressant, je me pliais volontiers à toutes les instructions qu'il pouvait me donner. C'était un des seuls adultes que je respectais et envers qui je n'étais pas méfiante.

J'espérais que l'excursion se passerait bien. Enfin, j'espérais plutôt que rien ne se passerait de bizarre comme cela m'arrivait si fréquemment depuis quelque temps.

J'étais bien trop optimiste en partant, je le savais mais alors que je serrais les dents dans le bus pendant que cette imbécile de Nancy Bobofit bombardait mon meilleur ami de boulettes de sandwichs, je me rendais compte à peine la journée commencée que ça allait être un enfer que même la présence de mon prof préféré n'allait pouvoir égayer.

Il fallait dire que Grover était une cible facile. C'était un poids plume qui n'avait que peu de force et qui pleurait dès que quelque chose le frustrait. Il avait du redoubler plusieurs fois car il était le seul sixième à avoir du duvet et de l'acné. Et pour couronner le tout, en plus de son manque total de force, il était handicapé. Il était dispensé à vie de cours de sports si ennuyeux que je m'endormais en plein milieu, à cause de je-ne-sais-quelle maladie musculaire aux jambes. Honnêtement je le plaignais : il marchait toujours d'une drôle de façon, comme si chaque pas le faisait souffrir même si dès qu'il y avait des enchiladas il devenait tout a coup un coureur de demi-fond. Personnellement je sais que je n'aurais jamais pu supporter un handicap pareil toute ma vie, mes jambes et ma vitesse m'étaient d'une importance vitale, au sens propre, et je n'en admirais que plus Grover qui devait vivre avec ça.

Toujours est-il que Nancy Bobofit n'arrêtait pas de lui lancer des morceaux de sandwich qui se plantaient dans ses cheveux bruns et bouclés, persuadée que je ne poserais pas de problèmes aujourd'hui. Et malheureusement, elle avait raison. Il y a quelques jours, j'avais encore foutu une raclée à un imbécile qui embêtait Grover et le directeur avait appelé ma mère pour essayer de me convaincre de me calmer. Résultat j'avais promis aux deux de me tenir à carreaux, au moins pour cette sortie.

La voleuse de foudreWhere stories live. Discover now