Chapitre 17

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      Je me suis réveillée seule dans la chambre d'amis mise à ma disposition. Avant de se coucher, Marin et moi avions gardé nos doutes et interrogations pour nous-mêmes. Dormir ensemble ou pas ? Cela semblait précipité.

Mon portable a vibré. Emmanuelle prenait de mes nouvelles et se demandait si j'envisageais de la retrouver le soir pour un repas entre copines. Ensommeillée, j'ai répondu un bref « OK super ». Sortir avec ma meilleure amie me ferait le plus grand bien.

— Je crois que quelqu'un a émergé du monde de Morphée.

La voix chaude de Marin est parvenue jusqu'à moi.

— Tout pile à l'heure pour petit-déjeuner.

L'odeur des croissants, du café fumant et du thé tiède m'a définitivement réveillée. J'ai contemplé l'Archange qui torse nu se comportait comme un parfait gentleman. Il est passé sous la couette et a rapproché le plateau pour que nous déjeunions tout en admirant le sublime paysage à travers les baies vitrées.

— As-tu bien dormi ?

— Comme un bébé et toi ?

— Te savoir dans une chambre proche de la mienne est une épreuve, a-t-il répondu en croquant dans une viennoiserie.

— Tu aurais voulu te coucher à mes côtés ? ai-je demandé en trifouillant les mèches de cheveux noires lui tombant sur le front. Sais-tu qu'il est interdit d'être aussi craquant au petit matin ?

Mon hôte a lâché tout ce qu'il tenait pour m'enlacer. Nos visages se sont touchés. Son nez a effleuré le mien. Quand ses lèvres ont entrepris de chatouiller ma peau, j'ai eu un mouvement de recul avant de me rappeler la pastille mentholée avalée avant même toute autre action à mon réveil.

— Vraiment ? s'est amusé Marin en pressant sa bouche contre la mienne.

— Vraiment quoi ? l'ai-je questionné en l'embrassant.

— Tu as gobé un bonbon pour avoir bonne haleine ?

Sa réflexion m'a presque gênée.

— Ça se pourrait. Tu n'aimes pas ?

— C'est une action très... humaine.

— Qu'entends-tu par-là ? ai-je demandé alors que nos baisers s'éternisaient pour mon plus grand plaisir. Il ne t'arrive jamais d'user d'artifices pour paraître à ton avantage ?

— Non.

Je l'ai considéré durant un long moment. Marin l'impeccable. Bien sûr qu'il n'avait pas à user d'artifices. Sa nature le rendait parfait par défaut, malgré un franc-parler déstabilisant.

— Il faut que tu apprennes à doser le curseur de la franchise, monsieur l'être du ciel. Hier, tu as suggéré que j'étais une vieille pierre que la mer érodait et...

Il a éclaté de rire. Un rire spontané qui de bon matin m'a conquise.

— Jamais je ne me serais permis de t'insulter ainsi. J'ai dit que le temps avait des effets sur toi. Je n'ai ni argumenté mon propos ni...

— Ni quoi, vilain chérubin ?

Je l'ai taquiné en appuyant sur son nez du bout des doigts. Marin a repoussé le plateau plus loin sur le lit pour m'enlacer et ne plus me lâcher. Comme une liane autour d'un tronc d'arbre, il m'a entourée de ses bras et de ses jambes. Il éprouvait le besoin d'aller au contact, de sentir mon souffle contre son épiderme, de percevoir mon cœur battre sous ma poitrine contre la sienne. Quant à moi, je l'ai étreint avec vigueur. Puis, comprenant qu'il n'irait nulle part, j'ai desserré mon emprise pour le câliner avec la plus grande des délicatesses. Il a apprécié et en redemandait.

Bleu Magnétique (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant