Make dreams to become the reality.

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Tel était l'écriteau qui la poursuivait dans la rue. La jeune femme courait sous la neige qui tombait depuis trois heures sur une Londres gelée de blanc. Ses doigts étaient engourdis par le froid et ses joues et son nez avaient pris une jolie teinte rouge. Elle grommelait car elle avait passé une très mauvaise journée et qu'elle voyait autour d'elle des gens heureux de pouvoir fêter Noël. Elle, elle serait seule, terriblement seule. Elle l'a toujours été et le sera toujours.

Elle renifla à cause de cette pensée négative qu'elle refoulait avec les autres. Dire qu'elle vivait une belle vie serait mentir, dire qu'elle vivait un enfer serait exagérer. Elle se plaisait de cette vie de solitaire sauf pendant les fêtes ou ses anniversaires qu'elle ne supportait pas de célébrer seule. Elle renifla encore la mine fatiguée et les traits tirés. Elle dormait peu ces temps-ci, elle passait ses nuits à ce demandait ce qu'elle avait raté, manqué dans sa vie. Des choses. Beaucoup de choses. Beaucoup trop. Quand elle était enfant, elle avait toujours voulu être légiste. « médecin des personnes qui dorment pour toujours » avait-elle dit de sa petite voix timide à sa maitresse et à ses camarades.

Seulement, elle avait toujours voulu aussi, rencontrer quelqu'un, tomber amoureuse, avoir des rapports, des enfants, se marier. Elle voulait une vie ordinaire. C'était son rêve. Malheureusement, elle s'était éprise du mauvais garçon. Avec lui, pas de relations physiques, pas de mariage ni de progénitures. Elle se maudissait et le maudissait. Pourquoi devait-il être aussi intelligent et séduisant pour qu'elle craque pour lui et aussi stupide et blessant pour qu'elle le déteste ? C'en était presque risible. Elle aurait pu laisser tomber cette chimère mais ce serait mal connaitre Molly Hooper.

Cette jeune femme ne désespérait jamais. Il n'y a que les causes perdues qui méritent qu'on les défende, que les questions sans réponse qu'il est nécessaire de poser. Telle était sa devise tirée d'un magazine français sur les écrivains actuels. Plus particulièrement, les écrivaines. Molly était une féministe. Certains pensaient qu'être féministe c'était vouloir l'inversion des rôles, que les femmes prennent le pouvoir... mais ceux-ci n'y comprenait rien, ils faisaient l'amalgame entre les féministes dites égalitaires qui veulent une égalité des salaires, avoir les mêmes chances dans la vie, pouvoir faire des métiers encore trop masculinisé ; et les féministes extrémistes qui elles, voudraient tout inverser.

Molly secoua la tête pour chasser les idées qui lui brouillaient l'esprit et s'enfonça encore un peu plus dans le froid glacial qui lui fouettait le visage. Elle resserrait contre elle son sac marron clair qui voulait s'envoler et arracher le bras de la jeune femme par la même occasion et son écharpe colorée autour de son cou mince et blanc. Elle voulait rentrer vite car le vent ne faiblissait plus et lui envoyait de la neige traitresse qui fondait sur son visage et s'insinuait sous ses couches de vêtements soigneusement enfilées pour éviter une maladie bactérienne ou pire, virale.

La jeune femme finit enfin par rentrer chez elle. Elle balança son sac sur la chaise qui lui servait de porte manteau, enleva ce dernier, puis son écharpe, puis un a un ses pulls, puis fila prendre un bon bain chaud. Elle se détendit au contact de l'eau et joua un peu, comme lorsqu'elle était enfant. Elle finit par sortir quand elle s'aperçut que sa peau fripait. Elle pris son peignoir et s'enroula dedans avant de gagner sa chambre pour enfiler un pyjama et se glisser sous les draps. Elle resta longtemps à contempler le plafond de sa petite chambre éclairée par les rayons de Lune qui filtraient à travers les volets de ses fenêtres.

Elle s'endormit et rêva. Elle s'imagina se lever et se préparer. Elle déjeuna tranquillement car elle connaissait ce rêve pour l'avoir fait mainte et mainte fois. Elle connaissait chaque détail. Après son déjeuner, elle s'habilla prête à partir non pour son travail mais pour une destination tout autre. Elle allait profiter de ce songe comme tous les autres. Au moins, elle n'y était pas maladroite, ni timide et ne rougissait pas. Elle s'y plaisait car c'était la vie qu'elle aurait voulu. Elle prenait donc son temps, espérant qu'il ne se termine pas brutalement par un réveil tapageur et strident. Elle héla un taxi en se frottant vigoureusement les mains, le froid engourdissant ses petits doigts. Après quelques minutes, une de ces voitures noires s'arrêter devant elle. Elle y entra et patienta avant d'atteindre sa destination. Le bâtiment en question était un immeuble de vieille architecture anglaise, ayant un crépis qui avait vécu et une porte noire vernie où figurait en son centre et à hauteur d'yeux le numéro de l'adresse en lettre d'or : 221b. Cette rue se nommait « Baker Street » et Molly soupçonnait que le Speedy que tenait la logeuse du détective, avait servit de boulangerie d'antan.

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