Chapitre 10

Depuis le début
                                    

— Peut-être suis-je un peu trop tactile, a-t-il souligné en retirant sa main pour croquer dans une aile de poulet.

— Du tout, ai-je répondu en savourant ce moment.

— Je sais, ce n'est pas très romantique comme premier rendez-vous.

— Détrompez-vous ! Je crois que c'est le meilleur premier rendez-vous de toute ma vie.

— Sans indiscrétion, il y en a eu beaucoup ?

— Trois ou quatre.

Pour ne pas entendre sa réponse, je ne lui ai pas retourné la question. Un homme de l'acabit de Marin avait sûrement du succès. Énormément de succès. Trop de succès.

— Contrairement à ce que vous imaginez, je n'ai pas enchaîné les conquêtes.

— Je n'ai rien insinué de tel.

— Vos expressions parlent pour vous, a-t-il ajouté taquin. Je me demandais...

— Oui ?

— Nous pourrions nous tutoyer, qu'en dites-vous ?

Son air solennel m'a volé un rire.

— Quel homme galant et courtois !

Sans cacher la joie qui m'enivrait, j'ai baissé la tête.

— Avec plaisir, Marin.

— Dans ce cas, je vous laisse l'honneur de l'utilisation du premier « tu ».

J'ai pouffé de rire.

— Très bien.

J'ai repris un air plus sérieux que je n'ai pas réussi à tenir plus de quelques secondes.

— Pourrais-tu s'il te plaît Marin me passer le sel ?

— Hmmm, avec grand plaisir Oxane. Voilà, le sel rien que pour toi.

Il a longuement appuyé sur le pronom pour marquer le coup.

— J'en fais trop ? a-t-il demandé.

— Un chouïa...

Un éclat de rire, un deuxième puis un troisième et nous nous racontions des anecdotes du quotidien. J'ai partagé mon expérience d'assistante traitée telle une serpillière par ses supérieurs. Quant à Marin, il m'a raconté des histoires salées concernant ses dédicaces et autres rencontres avec ses fans. Pour sûr, il ne devait pas s'ennuyer !

Le temps défilait à une vitesse folle. Les tables aux alentours se remplissaient et se vidaient ce qui m'a étonnée au vu de la localisation du restaurant.

La serveuse, une jolie rousse, est venue débarrasser la nôtre. Elle trouvait tous les prétextes possibles pour attirer l'attention de Marin qui ne répondait à aucun de ses signaux.

— Je crois que tu as un ticket.

Terminant son soda, il a humidifié ses lèvres de sa langue que j'imaginais délicate au contact de ma peau.

— Avec toi ?

— Avec moi ?

— Oui, le ticket, a-t-il repris.

Je me suis enfoncée dans mon siège. Marin feignait de ne pas comprendre.

— Je te parle de la jolie serveuse qui ne cesse ses allers-retours à proximité de notre table en espérant que tu la remarques.

— Je t'ai remarquée toi.

Son discours sans ambages avait de quoi me séduire. Toutefois, je devais me souvenir de ma condition de jeune femme fragilisée par des événements compliqués. Marin devait être sincère, mais il pouvait aussi se jouer de moi. Après tout, quelle était la probabilité pour qu'un homme dans son genre se présente au pire moment dans ma vie ? Ça n'arrivait que dans les films.

— Tu sais, j'ai toujours du mal à assimiler qu'une personne de ta stature s'intéresse à une femme telle que moi. J'ai beau tourner la chose dans tous les sens, ça reste une énigme.

— Tout cela n'a rien d'un jeu. Enfin, à mes yeux ça n'en est pas un. Certaines choses ne peuvent être expliquées.

— Lesquelles ?

— Le coup de foudre, l'alchimie immédiate entre deux êtres. La vie s'érige sur de belles coïncidences, des mystères, des surprises. Sans doute est-ce ce qui la rend aussi belle et imprévisible.

— J'apprécie beaucoup que tu voies souvent le verre à moitié plein. J'ai tendance à le voir à moitié vide.

— Cette tendance pourrait s'inverser.

Marin s'est avancé sur la banquette. Il m'a fixée avec une telle intensité que j'ai failli en tomber à la renverse.

— Je n'avais jamais remarqué la particularité de ton regard, a-t-il relevé. Ce n'est pas faute de t'admirer.

À mon tour, je me suis accotée sur la table pour lui permettre de cerner l'ensemble des subtilités de mes prunelles. L'instant était envoûtant, magique. J'ai eu l'impression qu'il me considérait comme l'une des sept merveilles du monde.

— Des yeux vairons. Ces nuances subtiles de marron et de noir sont de toute beauté.

L'art et la manière de complimenter. Je me trouvais à deux doigts de chavirer ou plutôt de bondir sur la table pour l'embrasser fougueusement. Cette pensée qui m'a déconcertée m'a aussi amusée.

Plus un mot de prononcé, simplement des gestes tendres, délicats à souhait. Puis un rapprochement pour un doux baiser échangé sous un néon multicolore et clignotant.

Je n'aurais pas pu rêver mieux pour un premier rendez-vous officiel avec Marin.

***

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