IV

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Ces moments de partage que l'on avait tous ensemble me faisaient vraiment du bien. J'en oubliais presque que nous étions notre propre famille. Nous étions livrés à nous même depuis toujours. Cela faisait cinq ans que nous nous étions tous rencontrés puis plus aucun ne s'était lassé. Je les considérais comme mes frères et sœurs et je les aimais plus que tout. Je n'avais que eux et cela me suffisait amplement. Les cartes fusaient dans tous les sens. Certains piochaient des cartes pendant que d'autres finissaient leur paquet. On rigolait beaucoup et on s'amusaient. Billie et moi nous étions alliées contre nos voisins de jeu.

"_ Mais c'est quoi ça ! Maintenant y'a des équipes au UNO ?
_ C'est de la triche !
_ Vous êtes juste jaloux de notre belle victoire."

Ellen et Finneas firent une moue boudeuse pendant que je les prenais tous dans mes bras en leur caressant la tête. On aurait dit des enfants.

" _ Ça vas aller mes petits choux maman est là.
_ Maman..."

On était tous en pleine crise de fou rire. Je les gardais toujours dans mes bras. Les deux petits se calèrent contre moi et se mirent à sucer leurs pouces. Les rires redoublèrent. Billie se retourna et croisa les bras comme une petite fille.

"_ Moi aussi je veux un câlin !
_ Mohhhh..."

Je vins près d'elle et elle se colla à moi et m'entourait de ses bras. Je resserra son étreinte. Elle nicha sa tête dans mon cou et me sussura à l'oreille discrètement. Personne ne pouvait entendre.

"_ Ça te plaît, Baby Girl ?
_ Hum hum.
_ Pourquoi tu les prends dans tes bras ?
_ Ce sont nos amis.
_ Tu devrais le faire qu'avec moi."

Mes joues chauffaient. Elle était trop proche de moi. Elle n'avait jamais été aussi proche de moi dans ses moments là. Certes, la sentir comme ça me plaisait mais je savais qu'elle me faisait faire ce qu'elle voulait. Je me retira de son emprise comme si de rien était. Elle repris son air joyeux et on continua la partie. Tout ce qui venait de se passer avait comme disparu. Elle était forte pour ne rien laisser transparaitre. La faim arriva vite quand on étendit le bruit du ventre de jaseh. Il était donc temps de manger. On se mit tous à table et Ellen apporta le reste des pizzas de la veille. Nous avions mis un peu de musique et dansions en même temps que le repas avançait. Tout se passait à merveille pour nous. La sonnerie retenti et je parti ouvrir. Ce qui était derrière la porte ne me plaisait pas du tout. Je devais faire ce que m'avait dit BamBam.

"_ Bil' c'est pour toi."

Elle sorti de table pour venir me rejoindre à la porte. Elle avait pris son attitude blasée qui semblait quelque peu déstabiliser la jeune femme en face de moi. Ma meilleure amie donner l'impression de réfléchir avant de parler. Elle devait sûrement chercher son prénom dans sa mémoire.

"_ Ha ! Corine !
_ Clotilde. Mon chou, tu vas bien ?"

Elle ne devait donc pas assez connaître Billie pour savoir que les histoires d'un soir restaient des histoires d'un soir et que le retour des ses partenaires l'énervait plus que tout. Toujours avec sa mine blasée, Elle lui ferma la porte au nez et retourna s'assoir avec le sourire. Les heures passaient. Notre petit groupe s'était dispersés dans la maison. J'avais retrouvé mon toit et ma cigarette. J'observai la ville au loin. L'air frais me faisait un bien fou. Deux doigts attrapèrent ma cigarette. Je tourna la tête et vis ma clope entre les lèvres pulpeuses de Billie. Elle cracha la fumée et écrasait cette cigarette, qui était maintenant la sienne, sur le sol. Elle tourna la tête vers moi. Un sourire s'imposa sur son beau visage.

"_ Elle m'a énervé tout à l'heure.
_ J'ai bien remarqué.
_ Finalement, je ne vais pas la rappeler cette Coline.
_ Clotilde. C'est dommage. Tu en aurais profité."

Bil' me regardais pour essayer de comprendre ma réaction qui était des plus inhabituel. Elle se mit à sourire. J'étais rentrée dans son jeu.

"_ C'est vrai. Elle était bonne."

Elle avait compris. Un court instant cela l'avait déstabilisé mais elle s'était vite reprise. Elle voulait arriver à ses fins.

"_ J'en aurais bien une autre. Elles me mangent toutes dans les mains de toute façon."

J'avais envie de crier à qu'elle point j'étais jalouse. Elle avait encore une fois réussi. J'allais donc craquer à chaque fois. J'étais comme ces filles. Je lui mangeais dans les mains. Elle se tourna et posa sa main sur ma joue avant de partir. "Tu ne pourras pas te retenir indéfiniment". Oui je le sais. Et elle aussi. Billie était rentrée et je me mis à hurler aussi fort que je le pouvais. J'avais besoin de tout extérioriser. Elle m'obsèdait. Je sautai un peux partout en continuant de crier. Elle avait le son de me mettre en rogne. Elle savait tout. Elle voyait tout. Elle était sorcière. Je marchait dans la forêt à côté du Clos. Au moins là, elle ne me retrouverait pas. Une forêt bien obscure où personne n'avait envie de s'aventurer. Tu n'y allais pas sens raison. Moi, c'était Billie. La forêt était loin effrayante que ce que l'on disait. Un nouveau coin. Caché et secret. Les arbres bougeaient avec le vent, c'était ce qui donnait un côté plus apeurant que la couleur sombre et le calme qui y régnaient. C'était sûrement de jeunes adolescents qui avaient voulu faire croire à ce mythe. C'était resté. C'était vieux. Mais c'était bien là, proche de notre petit hôtel perdu parmi les forêts et les montagnes. J'avais eu cette envie d'y aller. Les quelques oiseaux qui y vivaient chantaient pourtant une symphonie. Une aura très macabre ou magique. Assez plaisant mais tout de même pesant au fur et à mesure du temps qui s'écoulait à l'intérieur de ce petit coin de magie et des ténèbres. Je m'y sentais presque renfermée. Ça n'a aucune logique. Une forêt où l'on se sent renfermé n'est pas normal. Je m'y sentais d'un coup mal.

Le ClosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant