Gênée, j'en ai lâché le verre que Marin a retenu d'un geste vif et rapide.

Je me suis tortillée en m'éloignant de quelques pas sans cesser de fixer son torse sous son pull.

— Oxane ?

Enfin, je l'ai regardé droit dans les yeux.

— Vous fixiez mes tétons, s'est-il amusé avec cet air toujours très mystérieux.

Hein ? Quoi ? « Arrête ça, Oxane ! »

Une vague de chaleur m'a submergée. Sans doute ai-je viré cramoisie.

— Non, non, non, ai-je bredouillé en matant à nouveau ses tétons pointant un chouïa sous son pull. C'est faux.

— Je me sens mis à nu quand vous m'observez de la sorte, s'est-il avancé pour glisser son doigt sous mon menton afin que mes mirettes se connectent aux siennes.

Le malaise.

— J'espère que vous avez apprécié ce sur quoi vous lorgniez.

Sur le point de me liquéfier sur place, j'ai été sauvée par le minuteur du four prêt à accueillir notre pizza.

— Je m'occupe de refroidir notre mixture, a-t-il fait savoir.

Moi aussi j'ai besoin d'être refroidie...

— Comment ?

— Comment comment ? l'ai-je interrogé en songeant que mon rythme cardiaque s'emballait méchamment.

Marin a ri.

Mince, je croyais cogiter en silence et non à haute voix. La cruche. À deux doigts de me carapater, Marin m'a rattrapée dans son salon. Je me suis figée devant le miroir en voyant mon reflet se déformer. Déglutissant, ayant l'impression de m'inscrire dans un autre espace-temps ou de ne pas être la personne dont le reflet germait, j'ai approché mes doigts de la glace avant de brusquement en retirer ma main pour reculer et percuter Marin.

— Oxane, ça ne va pas ?

Le trouble s'est dissout. J'ai sursauté en me retrouvant dans les bras du grand brun. Bordel. Je venais de bondir dans les bras de Marin qui m'a simplement et silencieusement serré contre lui.

— Je crois que vous avez besoin d'être aidée.

Ces quelques mots ont suffi à me chambouler.

Les tremblements ont commencé. Les sanglots ont suivi. Depuis plusieurs semaines, les voix n'étaient que l'un des nombreux problèmes qui me rongeaient. Moi qui n'avais jamais eu un mot plus haut que l'autre et qui gérais mes sentiments sans trop de difficultés, je me retrouvais à passer du rire aux larmes en un claquement de doigts. Je voyais des choses étranges, dérangeantes, terrifiantes. Je devenais lunatique et m'isolais plus que jamais auparavant.

— Soufflez, cela vous fera le plus grand bien.

Je l'ai écouté. La tête posée contre sa poitrine, j'ai inspiré et expiré à plusieurs reprises lorsque Marin a entrepris de caresser mon dos. Les mouvements circulaires de ses mains ont généré en moi une sensation d'apaisement. Puis ses doigts chauds ont recouvert une partie de ma nuque. J'ai éprouvé un bien-être fou en pareille situation.

Quand les larmes se sont calmées, j'ai quitté une étreinte que j'aurais adoré voir se prolonger dans d'autres circonstances.

— Êtes-vous un ange tombé du ciel ? ai-je soupiré.

De son pouce, il a essuyé les résidus de larmes au coin de mes yeux.

— N'ayez pas pitié de moi, Marin. Je vais bien, ai-je assuré presque attendrie par l'expression attristée sur son visage.

— Je n'ai pas pitié Oxane. J'ai mal pour vous. La douleur qui vous dévore de l'intérieur est d'une intensité effroyable.

Cette douleur me paraissait plus faible à présent. Un peu comme si durant notre étreinte, Marin avait dégagé une lourde charge de mes épaules.

— Je me sens plus... zen, ai-je murmuré en acceptant le mouchoir qu'il me tendait.

— Vous n'allez pas bien, Oxane.

— Je...

— Tout ira bientôt mieux.

J'ai fermé les yeux et pris du recul parcourue par un intense frisson. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas permis à un homme de me toucher ni même de m'approcher.

Mes doigts se sont agrippés à ceux de Marin. J'ai trouvé la force nécessaire me permettant de repousser les voix qui sifflaient dans ma tête.

— Le temps atténuera les souffrances, ai-je murmuré en rouvrant les yeux pour contempler cette beauté singulière au masculin qu'incarnait Marin.

Sans lâcher sa main, je me suis tournée pour contempler le feu de cheminée. En me redressant, j'ai cru distinguer une lueur d'un bleu argenté dans le miroir. Une lueur qui pétillait autour de Marin. Une sorte d'aura.

J'ai virevolté pour l'observer. Il n'y avait plus rien. Je délirais. Encore.

— Allons terminer la préparation du dîner, a-t-il proposé en lâchant ma main pour se diriger vers la cuisine me laissant seule et démunie face à toutes mes pensées confuses.


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Bleu Magnétique (EN PAUSE)Where stories live. Discover now