Chapitre 20

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(Louise en média)

À la fin de cette maudite journée, j'arrive à intercepter Darina avant qu'elle ne prenne son bus. Elle n'a pas l'air surprise, mais en fait, elle n'a pas l'air de ressentir quelque chose.

   - Darius, je vais rater mon bus.

   - Hé bien tu prendras le prochain.

Là, pour le coup, elle est surprise parce qu'elle ne m'a jamais vu énervé et qu'elle ne sait pas que je peux être extrêmement méchant lorsque je suis en colère.

   - Pourquoi est-ce que tu m'as viré de chez toi et que tu n'as pas répondu à mes messages ?

Elle n'est visiblement pas disposée à répondre, alors j'enchaîne.

   - J'ai toujours été honnête avec toi. Tu m'as posé une question et je t'ai répondu. C'était ce que tu voulais, non ? À quoi est-ce que tu t'attendais, bordel ? J'ai ni honte ni peur de te le dire et de m'exprimer, contrairement à toi. Et puis je commençais à croire que je te plaisais aussi, tu m'aurais repoussé, sinon, n'est-ce pas ?

Elle ne répond toujours pas. Je me rapproche d'elle et semble l'écraser de ma taille.

   - N'est-ce pas ?

   - Oui, fit-elle au bout de plusieurs secondes. Ce... c'est pas à cause de toi, en fait.

   - Alors pourquoi est-ce que tu m'as jeté ?

Elle me lance un regard surpris.

   - Je ne t'ai pas jeté.

   - Quoi ? Tu te fous de ma gueule, j'espère ? T'appelles ça comment, toi ?

   - Je me suis renfermé sur moi-même, murmure-t-elle. Tu avais raison, Darius. Ce que tu as dit l'autre jour, la première fois qu'on a parlé à propos de toi et moi, tu avais raison sur tout.

Elle a les larmes aux yeux et sa voix tremble, pourtant elle continue.

   - Mais je suis incapable de te donner quoi que se soit d'autre que de l'amitié, j'en suis vraiment désolé. Tu ne mérites pas quelqu'un comme moi.

Elle est à deux doigts de s'effondrer, mais elle tient bon, et lorsque j'esquisse un mouvement pour me rapprocher d'elle, elle m'évite et s'en va presque en courant prendre son bus qui vient d'arriver.

Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais certainement pas à ça.

Le premier réflexe qui me vient et de la rattraper, mais son bus passe déjà devant moi et je le regarde partir tristement. Je prends mon scooter et pense à aller chez elle, mais ce n'est pas une bonne idée. Alors je vais juste chez moi et m'allonge sur mon lit, pensif.

Je ne sais pas ce qu'elle entend par le fait qu'elle ne peut pas me donner autre chose que de l'amitié. Elle a bien été capable de m'embrasser plusieurs fois, et d'avoir des discussions sérieuses à propos de nous, non ? Alors pourquoi est-ce qu'elle ne serai pas capable de faire ça sous un autre statut aux yeux des autres ?

Soudain, Darryl entre vivement dans ma chambre et fit avec un peu trop d'enthousiasme :

   - Ce soir, tu vas arrêter de penser à elle, j'ai un plan.

   - Un plan ?

   - Un plan soirée !

   - Bordel, on est lundi, c'est pas un jour à aller en soirée. Je vais être crevé.

   - Depuis quand ça te préoccupe ? De toute façon c'est pas une proposition, je t'embarque avec moi.

Je grogne.

   - Non, s'il te plaît, j'ai vraiment pas la tête à ça.

   - Justement, ça te changera les idées. T'as une heure et demie pour te préparer, ça commence à vingt heures. Tu vas même pouvoir faire tes devoirs et déprimer avant, c'est pas magnifique, ça ?

   - Pas vraiment, non, dis-je sans entrain.

Il lève les yeux au ciel et sort de la pièce. Je crois que je m'endors, parce que Darryl me réveille en me secouant.

   - Allez, mec, on y va, c'est l'heure.

Je fais la grimace. Je n'ai pas du tout envie d'y aller.

   - C'est chez qui, ta soirée ?

   - Un pote de Mathieu, mais c'est pas important.

Je hausse les épaules. C'est vrai que ça ne m'interroge pas trop. En fin de compte, je pense que ça va me faire du bien de sortir.

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Lorsqu'on arrive à la soirée, il n'y a pas encore trop de monde. Darryl cherche spontanément l'endroit où il peut trouver des boissons alcoolisées et je le suis, sans grande conviction. Je n'ai pas envie de boire, parce que si je déconne comme au nouvel an, ça ne passera jamais auprès de Darina.

Au bout d'un moment, on se retrouve au milieu d'un groupe de personnes avec des verres à la mains, et bien que je ne bois pas dans le mien, Darryl, lui, se resserre pour la deuxième fois.

Depuis quelques minutes, une des filles du groupe se rapproche de moi en souriant. Elle est jolie, sans plus. Elle n'a rien de spécial qui me pousserai à la draguer, et pourtant je le fais, parce que ça fait longtemps que ça ne m'étais pas arrivé. Elle me demande pourquoi je ne bois pas, je lui répond que quand je commence je ne peux plus m'arrêter et que je fais des bêtises, après. Ça la fait rire et elle me prend le verre pour le boire cul sec. Je ris un peu et la félicite pour sa bonne descente.

   - Je me lâche un peu plus quand je bois, me confie-t-elle.

   - Tu n'es pas obligé de boire pour moi, j'ai pas envie de draguer une meuf bourrée en étant sobre.

Elle rigole et se rapproche encore de moi. Elle est trop proche pour que ses intentions ne soient pas claires. Je lui souris et fixe ses yeux. Ils sont bleus, je crois. C'est joli. Je lui dis et ça lui plaît, puisqu'elle m'embrasse. Je lui répond aussitôt. Je crois que j'en ai besoin, j'ai besoin de quelqu'un qui m'embrasse. Ce n'est pas Darina, mais c'est mieux que rien. Elle a les mains baladeuses, ça me plaît. Au bout de quelques minutes, je me détache de ses lèvres et murmure :

   - Excuse-moi, mais je ne me rappelle pas ton prénom..

    - Je m'appelle Louise.

   - D'accord. Tu veux monter, Louise ?

Elle sait très bien ce que ça signifie et me répond par un sourire éclatant.

   - Avec plaisir.

Elle passe devant moi et saisit ma main pour me guider à travers la maison. À l'étage, c'est encore calme. Les gens ne sont pas encore assez alcoolisés pour monter, mais je n'ai pas besoin de vodka pour coucher avec une fille. Elle ouvre une porte et la referme derrière moi, puis je la pousse jusqu'au lit et enlève mon t-shirt. Elle rit encore devant mon empressement.

   - Est-ce que tu as des capotes ?

Elle hoche la tête et en sort une de sa poche.

   - Ça fait longtemps que tu ne l'as pas fait, je me trompe ?

   - Non. C'est pour ça que je vais être le meilleur coup de ta vie.

Elle rit.

La MystérieuseWhere stories live. Discover now