Chapitre 5

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Karim, lorsqu'il entra dans la chambre, la première chose qu'il vit fut le rouleau jaune qui délimitait deux côtés de la chambre ainsi que la salle de bain. Il soupira, puis son regard noisette se posa sur le lit d'appoint que lui avait installé François dans un coin, loin du lit principal. Et quand il prit entièrement conscience de ce qui se trouvait sur sa couchette, il vit rouge. Des armes factices y jonchaient, ainsi que de la peinture rouge.

Montre que ça ne te touche pas. Montre que ça ne te touche pas.

Il prit une grande inspiration, déposa ses deux sacs au sol et sa valise et entreprit de défaire les armes de son lit et les draps sales. Ensuite, il alla dans la chambre de François lui expliquer la situation et demander d'autres linges de lit. Au fil de son discours, le sourire chaleureux du maître de la maison disparut.

― Je suis vraiment désolé, Karim. Si tu veux passer la nuit dans le canapé, je comprendrai.

Karim secoua la tête.

― Non, sinon, il gagnera.

― D'accord, comme tu veux.

François partit en direction de son armoire et y sortit des draps propres. Karim le remercia et revint dans la chambre d'Erwan Leduc. Là-bas, celui-ci s'était installé dans son lit, une BD dans les mains. Il fit comme s'il fut seul dans la pièce et Karim en profita pour faire son lit. Puis il partit se doucher. Lorsqu'il revint, Erwan Leduc était toujours en train de lire dans son coin et visiblement, son lit était toujours en place et vide d'objets offensant. Il en fut reconnaissant. Exténué, il décida d'aller dormir. Au moment où son fessier rencontra le matelas, Karim tomba au sol avec le matelas. Il cligna des yeux, quelque peu perdu et surpris, tandis qu'Erwan Leduc éclata de rire. Ce petit connard avait enlevé quelques lattes du sommier.

C'est vraiment puéril. Et pas drôle pour un sou.

― Ce genre de plaisanterie de bas étage est en parfaite adéquation avec ton caractère.

Le concerné s'arrêta subitement de rire, se rembrunit et lui fit un doigt d'honneur avant de reprendre sa lecture. Karim, de son côté, chercha les lattes dans la chambre et dès qu'il les trouva, les remit en place et refit pour la troisième fois son lit. Ensuite, comme la lampe de chevet était ouverte, il alla éteindre le plafonnier et s'allongea enfin. Il se fit un cocon et ferma les yeux. Malheureusement, la seconde d'après, le plafonnier se ralluma, l'obligeant à ouvrir les yeux. Il fusilla du regard Erwan qui l'ignora, mais précisa tout de même :

― Ma chambre, mes règles. Donc je t'interdis d'éteindre la lumière tant que je ne l'ai pas décidé.

Ce n'est pas vrai ! Il va me rendre fou !

― Mais enfin, crétin, tu as allumé la lampe et le plafonnier, tu ne trouves pas que c'est trop ? Bonjour la facture d'électricité à la fin du mois !

― Crèves ! Ah et deuxième règle : interdiction de me parler dans cette chambre. T'es rien, même pas une sous-merde, donc reste à ta place.

Il est cinglé.

Comme il n'était pas du genre à laisser gagner ce crétin raciste, il décida de faire comme si la lumière ne le dérangeait pas et ferma les yeux, faisant semblant de dormir.
Il fut heureux quand, deux heures et demie plus tard, la pièce plongea dans le noir le plus complet. Il avait tenu le coup.

Une bataille de gagner !

Karim cria victoire trop vite. En effet, une massue lourde lui tomba dessus, lui coupant le souffle. Puis des mains emprisonna son cou et serrèrent. À l'aveugle, Karim essaya de bouger ses jambes, mais celles-ci étaient immobilisés. Alors, il tâtonna sur le corps étranger jusqu'à arriver aux épaules nues et enfin, il repoussa Erwan Leduc de toutes ses forces. Ce dernier résista un moment, mais petit à petit, la pression sur son cou diminua. Au final, il réussit à prendre l'avantage et l'éjecta sur le côté. Il reprit son souffle tandis qu'un bruit se faisait entendre. Il ne s'y préoccupa pas et se réinstalla confortablement avant de fermer les yeux. Au même moment, des couinements et des gémissements s'élevèrent dans la pièce, mais là encore, il ne le prit pas en pitié. Après tout, lui, le lendemain matin, il allait se retrouver avec des ecchymoses à cause de cet abruti.

***
N/A : Eh voilà le dernier chapitre de ces OS. Je te souhaite de passer d'excellentes fêtes.

One-shots : The past Where stories live. Discover now