Chapitre 4

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Alexandre regarda la chambre dans laquelle il était entrée et dévisagea l'un des deux lits, sur la gauche, défaits et noyé par des feuilles et classeurs. Le seconde, sur la droite, était dénué d'objets et était fait. Il posa sa valide sur celui-ci et soupira. Débarquer du jour au lendemain dans une autre province à des milliers de kilomètres du Québec était plus difficile qu'il n'y paraissait. Mais il savait que c'était pour son bien. Il était parti pour réfléchir, pour se trouver et remettre en ordre le puzzle qu'était devenu son esprit.

― Bonjour, tu veux que j'aide à t'installer ? demanda une voix rauque en anglais. Je suis vraiment désolé pour le capharnaüm que j'ai laissé.

Le jeune homme se retourna et se retrouva devant un mec baraqué, beaucoup plus grand que lui et le teint mâte. Le jeune homme revenait visiblement de la bibliothèque, car il posa les quelques livres qu'il avait dans les bras sur le lit en désordre. Alexandre, qui avait choisi Vancouver pour améliorer son anglais, lui répondit dans un anglais basique.

― Je... euh... oui, je veux bien merci.

― Super ! Je suis Karim Saidi et je suis ton colocataire. T'as un sacré accent, tu viens d'où ?

― Québec, Montréal !

― Ah donc tu parles Français ! C'est génial, ça fait un bail que je n'ai plus eu de coloc parlant ma langue natale, s'exclama-t-il avec un Français Européen.

Ah, un Français. Excellent, je ne serais pas tout à fait dépaysé.

― Tu viens de quel coin de France ?

― Je ne suis pas Français, mais belge et je viens de Bruxelles.

Eh bah ça, alors ! Je ne savais pas qu'ils parlaient aussi Français là-bas, pour moi, ils parlent le flamand.

― Ah d'accord, excuse-moi.

― T'inquiètes pas, tout le monde se trompe quand je me présente. Bon, on s'y met ?

Ils prirent une bonne demi-heure pour défaire les affaires de la valise et les ranger dans l'armoire. Ensuite, Alexandre demanda :

― Il y a des règles à respecter ?

― Non, sauf de ne pas faire de bruit si tu rentres vers trois heures du matin en semaine, car je dormirais toujours à cette heure-là.

― D'accord.

Les affaires à présent rangées, son nouveau colocataire se mit à genoux et fit glisser la valise sous le lit. Puis, il s'assit sur le matelas et demanda : 

― Tu as besoin d'installations particulières ?

Karim jeta un coup d'œil discret au fauteuil.

― Non, tant qu'il y a une douche dans la salle de bain, je n'ai pas besoin d'autres aménagement.

― Tu as de la chance, alors, car la fac nous a installé des douches il y a trois mois.

Alexandre hocha la tête.

― Sinon, dis-moi, tu fais quoi comme études ?

― Je commence mon doctorat en psychologie. Et toi ?

Oh super, je suis retombé sur un futur psychologue.

Il ne voulait absolument pas être analysé par un professionnel étant donné qu'en ce moment, il était le cobaye parfait pour un étudiant de cette branche.

― Je rentre en master de biotechnologique.

― Ah donc tu fais partie du pôle polytechnique, ce qui explique pourquoi ils t'ont mis dans cette chambre : c'est la plus proche de l'établissement et tu peux y accéder sans passer par les escaliers principaux.

― Ah c'est parfait, ça !

Un ange passa. Karim cassa le silence en premier :

― Je peux te poser une question indiscrète ?

― Vas-y.

Il se doutait un peu de la question.

― Le handicap, c'est de naissance ?

Bingo !

― Oui et non. Le fauteuil et la conséquence d'un accident de moto mais à côté de ça, j'ai une hémiplégie gauche depuis ma venue au monde.

― D'accord. Et tu n'as pas de traitement à prendre ou des crises épileptiques à gérer ?

― Non, non, ne t'en fais pas.

― OK. En tout cas, si tu as besoin d'aide, tu n'hésites pas.

― Maintenant que tu le dis.... Je n'ai pas encore visité le campus au complet.

Karim se leva d'un coup.

― Allons-y, alors ! Tu vas voir, il n'est pas un si grand labyrinthe que ce qu'on pourrait croire.

― Je demande à le voir de me propres yeux.

Karim rit en ouvrant la porte. Ensuite, ils quittèrent côte à côte la résidence universitaire et rejoignirent la grande cour du campus.

Finalement, peut-être que je vais me plaire ici.

***

One-shots : The past Où les histoires vivent. Découvrez maintenant