Rivalry

11

Il y a des baisers qui laisseront pour toujours leur empreinte sur nos lippes. Ceux d'Hazel avait un goût légèrement sucré, comme si la vanille avait décidé d'y naître. Depuis deux semaines, j'y goûtais plusieurs fois par jour. Mais cette-fois, j'allais avoir l'occasion de m'y attarder la nuit. La brune avait décidé de m'inviter à dormir chez elle. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle semblait affreusement gênée. Ses yeux me fuyaient et ses jolies lèvres rosées étaient tordues dans une grimace. Je lui souriais, comme pour la rassurer. Elle portait un long pull gris foncé en grosses mailles qui tombaient mi-cuisses, ainsi qu'un jean clair troué au niveau du genou. Elle n'avait pas prit la peine d'enlever ses petites lunettes rondes qu'elle avait l'habitude de porter lorsqu'elle passait trop de temps sur l'ordinateur.

nicholas - Je peux entrer?

Elle se poussa simplement, paraissant vouloir se faire toute petite. Ses joues se mirent à flamber lorsqu'elle aperçut le bouquet de roses que je tenais entre mes mains.

nicholas - Trop... cliché? demandais-je.

hazel - J'aime ce genre de clichés, répondit-elle, toujours réservée.

Elle s'empressa de les faire trôner dans un vase transparent qu'elle déposa sur sa table basse. Je lui offris un bref baiser avant qu'elle ne me serve un verre de soda. Installé sur le canapé, je fus vite rejoins par ma brune. Au fond, je savais pertinemment d'où venait sa gêne. Mais je ne pouvais m'empêcher de la désirer encore plus. 

hazel - Tu veux manger quelque chose?

Toi. Toute entière. Ici ou à l'autre bout du monde. Toi et juste toi.

nicholas - Je peux te faire une de mes spécialités, si tu veux.

Elle sembla légèrement surprise et curieuse de savoir où je voulais en venir, comme si elle se questionnait sur le double sens de ma réponse. Mais il n'y en avait pas. Je gloussais avant d'attraper une casserole dans sa cuisine et de fouiller ses placards.

nicholas - Les meilleures pâtes au pesto du coin, ma p'tite.

hazel - Du pesto? s'amusa-t-elle. Pour un grand gaillard comme toi?

nicholas - Eh ouais, rien qu'ça, lançais-je accompagné d'un clin d'oeil.

ellipse d'une  heure

??? - Et voilà, sans peperonni.

Je réglais la note sur le boitier du livreur en me grattant la nuque avant de récupérer les deux pizzas et de refermer la porte de l'appartement.

nicholas - Pizza, c'est pas si mal après tout...

hazel - Sûrement plus comestible que du pesto cramé, ouais, pouffa-t-elle.

Oui, oui, je l'avoue... Ma spécialité n'en était pas une, et j'avais failli foutre le feu à l'immeuble en cuisinant. Hazel s'était empressée d'ouvrir les fenêtres pour faire sortir la petite fumée blanche émanant de ma casserole, riant à gorge déployée. Et nous avions finalement commandé des pizzas.

hazel - Ils ont oublié un peperroni, remarqua-t-elle, la voix pleine de dégoût.

nicholas - Où? 

hazel - Là... juste là ! s'exclama-t-elle d'une voix enfantine et bien trop aiguë.

Amusé, je saisissais le fameux intrus avant de le manger sous sa moue écœurée. Je riais et elle ré-inspectait sa pizza.

nicholas - Ils ont oublié autre chose...

hazel - La sauce piquante? demanda-t-elle innocemment, se léchant les doigts pour y racler la sauce. 

Je levai les yeux au ciel en souriant. Hazel était assise de l'autre côté de la table basse, les jambes rabattues sur le côté. Je me penchais jusqu'à lui caresser la joue et plantais mon regard dans le sien. Elle semblait rougir à nouveau, au point de devenir aussi rouge que les fleurs offertes plus tôt. Je l'embrassai passionnément, mes lippes s'écrasant contre les siennes dans une danse enflammée. Je posai mon autre main sur le côté de sa tête, dans ses cheveux, pour la sentir encore plus proche de moi, ses lèvres se confondant presque avec les miennes. Elle mit quelques secondes avant de poser délicatement sa main légèrement tremblante dans le col en V de mon tee shirt gris, la faisant ensuite remonter dans ma nuque, son pouce sur mon menton. Je contournai doucement la table basse en essayant de ne pas arrêter notre baiser, jusqu'à me retrouver  quasiment à quatre-pattes face à elle, nos lèvres toujours en plein tango. Elle ne s'opposa pas lorsque je commençai à la faire basculer, comme pour l'allonger, ma main derrière sa tête pour lui assurer un semblant de confort. Sur elle, je sentais la chaleur monter. Le silence s'effaçait peu à peu pour laisser place à nos respirations saccadées. Je passai une main derrière son dos afin de la soulever et de la déposer sur le canapé. Mes lèvres se baladaient en direction de son cou, la couvrant au passage de baisers fiévreux qui la firent frissonner. Elle passa doucement sa main dans mes cheveux, les yeux fermés, se mordant les lèvres. Je voulais capter son regard. Me plonger dans ses yeux, pour augmenter d'un cran la chaleur, bien que mon corps n'était pas loin de se consumer. En vain. Elle s'arrêta de caresser mes cheveux lorsque mes mains voulurent commencer à soulever son pull. Je redressai instantanément mon visage. Elle était toujours les yeux fermés, les lèvres mordues. 

hazel - Désolé, grimaça-t-elle.

nicholas - Ne le sois pas, la rassurai-je. Si c'est trop pour toi, on peut arrêter Hazel. Je ne te blâmerai pas.

Elle eut quelques secondes d'hésitation.

hazel - Continue...

nicholas - Hazel, tu trembles, fis-je remarquer d'une voix douce. Si tu n'es pas ok, pas besoin de se forcer. N'aies pas peur, je comprends.

hazel - Désolé, répéta-t-elle, honteuse.

nicholas - Tu es superbe, la rassurais-je. Je peux attendre.

Je me redressai afin de me remettre en position assise et de l'accueillir dans mes bras. Elle s'y blottit et je couvrais son front de plusieurs baisers. 

hazel - Merci, Nicholas.

J'entrelaçai mes doigts avec les siens en guise de réponse. Ma brune n'était pas prête, et je ne lui en voudrais jamais pour ça. Pour moi, le plus important était juste d'être là, avec elle, sa peau contre la mienne, son coeur battant à l'unisson avec le mien. Je savais à quel point c'était précieux. Et putain, si j'avais su, j'en aurais encore plus profité...