Chapitre 22

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[Une dernière étape avant le dessin achevé (moi, vous faire attendre ? Point du tout !), un petit morceau de la coloration :3]


La tour située au Sud-Ouest du château accueillait les gardes, qui surveillaient l'horizon du lever du soleil au crépuscule, et, plusieurs mètres en-dessous, les cachots du palais. Plusieurs longs couloirs souterrains dans lesquels les prisonniers gisaient provisoirement. Halev disposait de sa propre prison et les criminels qui demeuraient au château s'y trouvaient pour des raisons bien précises.

Les suspects d'un attentat d'une telle ampleur étaient de trempe à y séjourner. Peut-être y percevait-il une marque d'honneur, un témoignage personnel de la part du roi.

Le roi se répugnait seulement à s'enfoncer sous terre pour découvrir l'identité de ces hommes. En haut des marches qui s'entortillaient autour de la structure de la tour, il paraissait indécis. Après tout, aucune obligation ne le poussait à rejoindre ces geôles. Absolument aucune.

— Majesté ?

Le chevalier l'avait rejoint sans bruit, sans rien pour signaler sa présence silencieuse. Lyssandre se retourna. L'homme avait abandonné ses habits poussiéreux et il ne portait même plus de bandage là où la lame d'un certain criminel avait entamé sa chair un mois plus tôt. C'était au tour de Lyssandre d'en porter un, bien qu'il ait sommé son médecin de lui épargner un accessoire aussi voyant. Il ne tenait pas à être plaint.

— Je peux m'y rendre pour vous si j'en reçois l'ordre, Sire.

— Non.

Les doigts de Lyssandre tremblaient sans qu'il ne sache si sa peur résidait en le lieu lui-même ou en ses occupants. Jadis, Hélios s'était amusé à lui conter moultes histoires horrifiques au sujet du château. Des légendes qui dataient de la création de cet édifice et que l'héritier aimait nourrir de détails de sa conception. Lyssandre tenait en horreur ces récits, mais, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, il était incapable de s'en détacher dès lors que son frère commençait à narrer ces fables.

Lyssandre devait être âgé d'une dizaine d'années lorsqu'Hélios l'avait mené jusqu'au cœur de ces souterrains. Déjà, il n'avait rien du bambin hardi et téméraire. Rêveur, peu pragmatique, qualité qu'il avait commencé à gagner avec l'âge, il se réfugiait plus volontiers dans son paradis onirique que dans la réalité qui le décevait sans cesse. Nausicaa lui avait fait promettre de suivre Hélios et de tout lui raconter à son retour.

Le Dauphin lui avait alors expliqué qu'un siècle auparavant, les prisonniers ne ressortaient jamais de leur geôle. En fait, on les emmurait vivant et ces souterrains devenaient leur tombeau. Hélios avait ponctué son récit d'anecdotes sur certains détenus dont l'âme errait encore et qui espéraient voir d'autres subir le même sort qu'eux en leur empêchant de remonter à la surface. Lyssandre n'avait pas attendu le moindre signe inquiétant, perturbé par les fabulations de son esprit d'enfant qui laissaient courir des sensations imaginées sur sa peau. Il avait remonté les marches si vite qu'il s'était écorché les genoux et s'était enfermé dans sa chambre jusqu'au lendemain.

— Je tiens à rencontrer ces hommes.

— Alzar les a interrogés.

— Je m'en tiendrai à son jugement, mais je veux les voir. Il n'y a qu'ainsi que je pourrai ordonner leur exécution.

Il esquissa un premier pas, descendit une première marche, et s'immobilisa. Dans son dos, le soldat s'apprêtait à l'imiter.

— Il se fait tard, chevalier, vous pouvez regagner vos appartements. Vous devez être aussi exténué que moi et les geôles sont bien surveillées. Je ne risque rien.

Longue vie au roi [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant