infiltration

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À 20h je rejoignait mika avec de la nourriture, et il me montra les plans du spot. L'appartement de mika était comme on pouvait l'imaginer d'un appart de graffeur:petit, des tags et des stickers partout, un bureau rempli de feutres, de sketchs et de photos de ses oeuvres, des restes de bouffe... Bref un appart digne d'un qg de crew parisien des années 90.Après avoir mangé nous nous sommes mis en tenue: jogging et pull noir, bonnet, bandeau sur le nez, un sac léger avec de l'eau,de la nourriture et quelques autres bricoles, et nos skates. Arrivés sur le spot, après un rapide tour afin de s'assurer que tous les travailleurs étaient partis, nous avons sauté la grille et nous sommes tapis dans l'ombre à proximité des voies. La pression commençait à monter :nous devions nous assurer de la présence ou non de sécurité, de caméras ou de trains afin d'être le plus en sécurité possible. À droite, l'usine qui jouxtait les voies marchait encore, il fallait être prudent. Dans le dépôt, aucun signe de vie, et aucune lumière dans les bureaux ou les postes d'aiguillage. Aucun train à l'horizon. Nous avions deux options: aller directement à l'antenne, qui se trouvait à une centaine de mètres, ou rejoindre les wagons de fret stationnés non loin puis rejoindre l'antenne en les longeant. Nous avons pris la deuxième option, bien plus sûre pour nous. Il fallait faire vite pour traverser les voies à grande vitesse ou un train pouvait surgir à n'importe quel moment. D'un même élan nous nous sommes élancés sur le balast, sautés les rails et atteint les wagons derrière lesquels nous nous sommes cachés. De nouveaux nous avons  regardé autour de nous; pas de mouvements, pas de lumières, rien de suspect; l'approche pouvait continuer. Tous nos sens étaient en alerte, l'adrenaline commençait à vraiment faire son effet, nous étions attentif au moindre bruit, au moindre mouvement, près à nous jeter au sol ou à courir si besoin. Nous sommes passé devant le poste d'aiguillage, et un capteur était placé devant la porte; il avait l'air de n'etre relié qu'a un spot lumineux, mais par précaution nous avons décidé de l'eviter. Nous sommes enfin arrivé devant l'antenne ; elle paraîssait bien plus grand vu d'ici. Aucun de nous ne parle, nous sommes mus par l'instinct, nos gestes lents mais précis, calculés mais naturels, puissants. Après un rapide coup d'oeil pour vérifier qu'il n'y avait pas de capteurs, nous avons commencé à grimper, concentrés à ne pas mettre nos mains n'importe où, guettant tout mouvement suspect du côté de l'usine. J'etait devant, et nous montions vite. Arrivés à une vingtaine de mètres, je senti l'antenne osciller; un peu inquiet, je chuchotai à l'intention de gasty :
-yo mec tu sens ça bouge ?
-ouais je sens aussi, mais ça doit être normal, enfin j'espere...
Bon, si il dit que c'est normal... Nous avons continué à avancer, de plus en plus haut, les trains en bas devenaient des jouets pour enfant, et toute la ville se déroulait devant nous. Arrivés en haut, la vue était à couper le souffle :notre ville, lumineuse, à 360 degrés autour de nous, les collines se détachant en arrière fond, sombres et belles, le ciel sans lune parcouru d'etoiles, aucun bruit à part le vent et les machines en contrebas.Ce moment nous parraissait hors du temps ; nous avons laissé pendre nos pieds dans le vide, et avons savouré cet instant. Après quelques photos nous nous sommes préparés à la descente:rien en bas, un dernier regard à ce paysage que nul autre que nous ne pouvait voir, un tchek pour ce reconcentrer, et nous sommes repartis dans les entrailles de ce pylone d'acier rouillé.

UndergroundWhere stories live. Discover now