Cap ou Pas Cap ? 2

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    - Ça ne va pas ?
    - Non. Non ça ne va pas du tout, Amber.
    - Quoi ? C'est Austin ? Vous vous êtes disputés ?
    - Non, enfin pas encore. Quoi que, je ne sais pas.
    - Je ne comprends rien, Kay. Explique-moi.

Je pris une grande inspiration et me laissai tomber sur le rabat des toilettes. Je commençais à sentir l'alcool traverser mon corps. C'était chaud, mais loin d'être agréable. Tout comme ce que j'allais raconter à ma meilleure amie.

    - Alyssa vient de débarquer chez nous avec son fils.
    - Alyssa ? C'est qui elle ?
    - Alyssa du lycée, l'ex d'Austin.

J'entendis ma meilleure amie s'écrier de surprise de l'autre côté du combiné.

    - Quoi ? hurla t-elle. Qu'est-ce qu'elle fout chez vous ? Avec son fils ?
    - En fait, ce qui est drôle, c'est que c'est son fils mais c'est aussi celui d'Austin. Il a trois ans.

Cette fois, elle ne répondit pas. Je l'entendis simplement respirer au bout du fil.

    - C'est pas tout hein, ça serait pas assez drôle. Non, en plus de ça, elle veut qu'on le garde pendant trois mois à partir de la semaine prochaine.
    - Tu te fous de moi.
    - J'aimerais tellement.
    - Mais attends, Austin ne t'a pas trompée, si ?
    - Non, je ne sais pas. Je ne crois pas. Alyssa a dit qu'elle ne l'avait pas dit à Austin parce que nous nous étions remis ensemble. Donc je pense que c'est le moment où on s'était séparés.
    - Comment tu te sens ?

Elle avait posé sa question sur un ton beaucoup plus calme et sérieux.

    - Mal. Mais on en reparlera plus tard, je ne veux rien rater de ce que cette connasse pourrait dire. Pourquoi tu m'appelais ?
    - Rien, ce n'est pas important.
    - Dis-moi.

Je la connaissais suffisamment pour savoir que ça l'était pour elle.

    - Lewis repart ce soir. Mais ce n'est pas grave. Tiens-moi au courant, je t'aime.

Elle raccrocha avant même que je n'aie le temps d'en placer une.

Lewis, son petit copain, s'était engagé dans l'armée et Amber le vivait assez mal. A chaque fois qu'il repartait en mission, elle était perdue et se sentait très seule. Elle passait souvent de longues soirées chez nous avec James pour moins y penser.

Je soupirai et quittai mon petit havre de paix pour rejoindre le combat qui se détournait dans le salon. Et c'était réellement un combat ; ils se hurlaient dessus, à présent.

    - Tu n'as de respect ni pour moi, ni pour ton fils, ni même pour toi !

Au moins, sur ce point, j'étais d'accord avec Austin.

    - Je n'ai pas besoin que tu me juges, Austin ! Tu ne sais pas ce que j'ai traversé pour élever ce gamin !
    - Tu ne l'as pas élevé ! Il n'a que trois ans !
    - Tu es le mieux placé pour savoir à quel point la religion compte pour ma famille ! Tu crois qu'ils ont réagi comment quand leur fille de 25 ans est tombée enceinte sans être mariée ni même avoir de copain ? Et qu'en plus elle a décidé de le garder ?
    - Et encore ! Ils ne savaient pas que c'était juste pour toucher plus d'aides !

Sarcasme à peine caché, la marque de fabrique de mon fiancé.

    - Si ça peut te rassurer, je regrette suffisamment, merci.

Austin se leva violemment.

    - Tu t'écoutes parler ? Tu lui diras quoi à ton fils plus tard ? « Tu étais une erreur, je t'ai gardé pour de l'argent et je regrette de l'avoir fait parce que tu m'emmerdes ! »
    - Je crois que vous feriez mieux de digérer la nouvelle. On en reparlera plus tard.

Alyssa s'était calmée et elle avait repris toute contenance. Elle défroissa son pantalon noir en se relevant, fraîche comme une rose et moi, j'attrapai la bouteille de Get 27 pour boire au goulot. Pas le courage de m'emmerder à prendre un verre.

A peine quelques minutes plus tard, elle avait récupéré son fils et était sortie de chez nous en coup de vent, comme elle était entrée. Je me retrouvai seule avec Austin a qui il me semblait que je n'avais plus rien à dire. Je n'étais même plus sûre de vraiment le connaître. Alors je montai à l'étage rapidement, je me changeai et attrapai ma veste étalée sur la chaise de la cuisine en redescendant.

    - Qu'est-ce que tu fais ?

Austin semblait paniqué.

    - Je vais chez Amber.
    - S'il-te-plait, Kay', on doit parler.

Il était blessé et triste et seul et perdu et moi j'étais en colère et déçue. Je me sentais si mal. Tellement tellement mal.

    - Je n'ai rien à te dire et toi, si tu as réussi à garder toutes ces choses pendant trois années pour toi, tu pourras bien les contenir encore quelques jours.
    - Tu ne peux pas partir comme ça. Encore moins pour quelques jours. Je t'en prie, il faut qu'on parle.

J'avais le coeur en miettes de le voir comme ça. Et j'avais le coeur en miettes de ne pas pouvoir lui donner ce qu'il voulait.

    - Laisse-moi partir, s'il-te-plaît. Je n'ai pas envie de te voir.
    - Tu ne peux pas conduire. Tu as bien trop bu.
    - Je vais prendre le taxi.
    - Laisse-moi t'amener là-bas.
    - Fous-moi la paix, Austin.

J'étais vraiment en colère et je luttais pour que les larmes ne se mettent pas à couler. Tellement tellement mal.

- Kay', je t'en supplie...

Il marqua une pause et je savais déjà ce qu'il allait me dire. C'était notre truc. On n'avait jamais renoncé. Ça avait commencé comme ça et on s'était toujours dit que ça se finirait comme ça. Mais aujourd'hui, je n'en étais pas capable.

- Cap ou pas cap de rester à mes côtés dans cette galère ?

Je revoyais tous les moments où nous nous étions lancé ce défi, de la première fois, en passant par les difficultés à tomber enceinte, les problèmes de couple, la demande en mariage, jusqu'à maintenant j'avais toujours été cap. Mais aujourd'hui... J'essuyai rapidement la seule larme qui avait coulé sur ma joue et enfilai ma veste rapidement.

- Je suis désolée, murmurai-je simplement avant de faire demi tour.

Je vis son visage se décomposer un peu plus lorsqu'il comprit ma réponse, si je pouvais encore imaginer que c'était possible.

Il n'essaya pas de me retenir lorsque je passai le seuil de la porte. Il n'essaya pas de me retenir non plus lorsque je montai dans le taxi et il n'en fit toujours rien quand le taxi démarra.