ligne 9

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Le métro, ligne 9, un matin. Personne ne se regarde mais tout le monde se juge. C'est derrière un livre, un téléphone, un compagnon qu'on épie. Quelqu'un s'approche. Une tension se fait sentir. Va-t-il l'accoster ? Veut-il un renseignement, de l'argent ? Non, il s'assoit.

Elle est ici, à cette place, au fond du métro qui commence à se remplir, un livre entre les mains. Il ne lui sert pas de prétexte pour pouvoir épier les autres, c'est son échappatoire.

Keola est étudiante en lettres. Elle se retrouve dans ce métro chaque matin, entourée de personnes dont elle ne connait ni le nom ni l'histoire. C'est chaque matin qu'elle se lève, plus ou moins fatiguée, l'esprit encore embaumé de rêves irréels. Elle se prépare vite. Elle voudrait conserver le goût du lait plus longtemps mais, aussitôt que le dentifrice agresse sa bouche, il disparaît. Il disparaît tout comme la chaleur de son corps lorsqu'elle s'extirpe de ses draps. Les quinze dernières minutes se font dans l'empressement. Elle met du mascara sur ses cils endormis, choisit des boucles d'oreille, prend des mouchoirs, remplit sa bouteille d'eau, met ses chaussures, son manteau et s'en va, sac sur le dos. Les escaliers de l'appartement la guident droit vers la porte qui, une fois ouverte, l'obligera à affronter la fraîcheur matinale du mois de Septembre.

MétropolitainienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant