De retour à LS

41 0 0
                                    

<< Nooon c'est vraiment toi ?!>>

L'Arabe me saute littéralement dessus, je peine à ne pas m'écrouler avec lui suite au choc. Il me prend dans ses bras, mais je le repousse immédiatement. Je le regarde minutieusement de bas en haut; il a changé la couleur de ses braids et a opté pour un rose fushia. Il porte une grosse doudoune de marque et de la même couleur, sûrement horriblement chère. Il a l'air encore plus musclé qu'il y a 3 mois, avec son pantalon moulant ses mollets de coureur magrébin professionnel. Je lui répond, d'un air plus calme mais avec le sourire : 

<< Moi aussi ça me fait plaisir de te voir. Tu as pris des couleurs dis donc, tes origines commencent à prendre le dessus.
- Ouais j'ai bronzé un peu, c'est vrai !>>

Flatté, il avait l'air d'en avoir complétement oublié mon absence de ces trois derniers mois.

<<J'en étais sûr que je te retrouverai un jour ici. Après tout, je savais que tu n'allais jamais abandonner Los Santos.>>

Je soupire et regarde le paysage qui nous encerclait. Le parking du Johnson, une boîte de striptease qui a toujours été un endroit sécurisé pour nous tous. Mais les ordures; J'avais presque oublié l'odeur de la ville: ça empeste le sexe et la drogue. Ça me réchauffait tout de même un peu le cœur d'enfin rentrer à la maison.

<<Allez fais pas cette tête là, viens, entre, ils vont tous être contents de te voir

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

<<Allez fais pas cette tête là, viens, entre, ils vont tous être contents de te voir. Tu nous expliquera tout à l'intérieur.>>

Nous nous approchons de la porte de la boîte, quand soudain nous la voyons s'ouvrir en grand puis un homme avec une capuche sur la tête courir vers nous. Je le reconnais très vite quand il se met à crier plusieurs fois mon prénom:

<<Kaïn, Kaïn !>>

Il m'agace déjà beaucoup trop. Cet endroit n'est pas non plus une excuse pour dévoiler mon identité à tous les putains de passants. Il arrive à notre hauteur, me regarde et fond en sanglot. Il semble avoir très mal vécu mon absence. Il a perdu du poids, ses joues ne semblent pas aussi gonflés qu'auparavant. J'espère que sa sensibilité ne sera pas encore à retravailler. Il déglutit, essaye de reprendre une respiration correct et me dit:

<<T'es vivant ! ¿Como vas? J'pensais qu'tu étais mort.
-Bien sûr que je suis vivant. Pas la peine de crier mon prénom putain.
-Oh joder perdon c'est l'émotion...>>

Il sèche ses larmes pendant que je regarde mon ami positionné à ma droite, qui riait. Un sourire s'échappe de mon visage.

<<Je savais qu'on te manquait, je le vois sur ton visage, plus la peine de faire semblant !>>

Son ton rassasié avec son accent français à la con. Je lui répond, mon sourire toujours présent :

<<C'est juste que vous me faites rire putain, vous êtes tous toujours autant des bambins. Je vous laisse c'est bon.
-Ouais ouais c'est ça ! >>

Il continue de rire en me regardant m'éloigner. J'entre dans la boîte et est frappé instantanément par les sons des enceintes et de la foule qui envahissent mes oreilles. Je m'approche du comptoir de bar, et j'aperçois mon vieil ami, adossé, en pleine discussion avec celle que j'ai toujours vu de l'autre côté du bar. Je me faufile discrètement entre les clients, et voit un homme inconnu s'approcher d'eux, il demande quelque chose que je ne peux entendre, mais la voix particulièrement rocailleuse et rauque de mon ami, elle, atteint mes oreilles:

<<Tu négocie toi quand tu vas au supermarché ? Tu achète au prix initial ou tu te casses, que te follen.>>

La femme se met à rire, poussant l'humiliation de l'inconnu. Ce dernier repart, je décide alors de me montrer. Elle, face à moi, écarquille les yeux pendant que je frappe l'épaule de mon vieil ami. Il se retourne, croise mon regard et, son visage qui se change soudainement, me pousse furieusement.

<<Qu'est-ce tu fous là ?!>>

Légèrement rejeté en arrière, je me rattrape et reprend l'équilibre quand il me prend finalement dans ses bras. Il me lance avec une pointe d'émotion:

<<T'étais où ?!>>

Je me retire de son étreinte, et m'adosse au comptoir. Une voix féminine nous coupe, d'un ton sarcastique:

<< Dis-donc, Larry Irwish, ça faisait longtemps.>>

Je vois le pleurnicheur nous rejoindre, se placer près de nous avec un énorme sourire aux lèvres, suivi de l'arabe. Je pense qu'il est temps que je m'explique :

<<Votre boss a juste pris des vacances, j'ai pas le droit p'têtre ?>>

Bon ... J'ai jamais eu de compte à rendre moi, ça devrait être suffisant comme explication après tout. Mon vieil ami s'énerve :

<< Et tu pouvais pas envoyer de SMS ? Nous prévenir ?
-Méndez, J'ai juste pris l'avion pour quelques mois, on avait rien de prévu à ce que je sache ? La ville était dans une période plutôt calme, on ne s'était pas réuni depuis un bon moment, alors je suis parti, on est pas un groupe de meilleurs amis dans une cours de primaire hein ?>>

J'ai durci mon ton sur la fin, déjà agacé par leurs nombreuses questions qui pourraient me bourrer le crâne. Il me répond :

<< Ouais bah en tous cas ici il s'est passé plein de choses pendant que tu te pavanais je ne sais où. En effet y a tout le monde qui s'est dissipé, qu'a un peu fait leur affaires de leur côté, surtout Emma avec l'autre connard d'Alexandre-Hakim qui profitent pour fricoter quand monsieur n'est pas là.>>

Me pavaner, bien-sûr. Putain. L'intéressée, juste à côté de nous, se redresse et se justifie pendant que l'arabe essaye de cacher sa gêne :

<< Mais bien-sûr Victor c'est tout à fait mon style ça.
-Bas vas-y j'attends une explication de ta part là.
-Bah ouais c'est vraiment mon style d'aller draguer votre meilleur pote alors que je me suis mise en couple avec toi.>>

Toujours son ton sarcastique qui lui colle à la peau, celle-là.

<<Bah je sais pas pourquoi il est allé me raconter tout ça alors ?
-Mais attend je rêve, tu connais pas Hakim ou quoi ?
-Ouais mais même si je connais le personnage j'attends une explication. Pourquoi il aurait lancé ça à mon retour comme ça ?
-Bah peut-être parce qu'il s'est pris un gros stop dans la gueule et qu'il ai pris le seum.>>

Ils réglaient leurs comptes comme si l'autre n'était pas là. Il décide enfin à parler :

<< Hé viens on va régler ça dehors, depuis tout à l'heure vous lâchez les blazes et tout ça m'énerve. Faut que je m'explique avec toi.>>

Mes deux amis se suivent direction la sortie de la boîte, je vois le gamin suivre Méndez qui se retourne soudainement:

<<Jango, ça te regarde peut être ? Reste avec eux et no me jodas.>>

C'est alors qu'il revient la queue entre les jambes vers moi. Je soupire face à ces deux-là. Ça fait tout de même longtemps que je ne les avait pas vu, et pourtant ils se comportent toujours comme la première fois. La première fois que j'ai rencontré celui qu'il devait me présenter, que je les ai vu à deux. Quand il a rejoint notre gang sans que nous le sachions vraiment.

Ce dernier est, je crois, en train de me parler. Mais une vague de nostalgie me prend soudainement. Mon vieil ami m'avait manqué.


Un irlandais à Los SantosWhere stories live. Discover now