CHAPITRE 18

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Il rit à gorge déployée. Se moque-t-il de moi ? Rit-il parce que la situation est drôle ? Que prépare-t-il ?

— Alors Finnéas, tu es tellement heureux de me voir que tu ne dis rien ? C'est si mignon...

Et il rigole de nouveau, avec cet horrible rire de fou sadique qui rentre dans la tête et refuse d'en sortir.

— Et bah alors, dis-moi bonjour, mon ami...

Je reste silencieux, essayant de percer ses plans à jour. Il avait changé après toutes ces années. Où alors c'était à cause de sa forme humaine ?

— Tu vas me vexer si tu continue, Finnéas.

Il avait changé de ton sur mon prénom. Que cherche-t-il à faire ? Me faire angoisser ? Si c'est ça, il réussit sur mes compagnons. Torlak et Léod sont terrifiés. J'ai bien l'impression que je vais devoir gérer ça tout seul pour le moment.

— Je te salue, Fléau

Je crois qu'il a horreur de ce nom. C'est en le nommant ainsi que le première bataille a débutée, il y a bien longtemps. Se souviendra-t-il ?

— Allons, allons, allons... Tu sais bien que j'ai horreur de ce surnom... Tu as oublié le nom de ton vieil ami ? Ça me vexe un peu, quand même... Bon je vais te rafraîchir la mémoire alors... Mais quand même, tu as oublié le nom de ton vieux camarade...

— TU N'ES PAS MON CAMARADE ! 

Je n'aurais pas dû crier. Satisfait de m'avoir fait sortir de mes gonds, il se remet à rire. Il reprend la parole après son accès de folie.

— Allez, dis-le... Prononce mon vrai nom, camarade... je m'appelle Jack.... Jack....

Je reste silencieux face à ses provocations.

— Tu n'es pas drôle, Finnéas... Je vais le faire pour toi alors... Je m'appelle Jack White... Ça te dit quelque chose, non ? Bien sûr que tu connais ce nom...

Et il recommence à rire. Les souvenirs de la première expédition contre lui me revient en tête. Mon compagnon de voyage de l'époque, Jack White, a été possédé par l'âme du démon après avoir détruit son corps originel. Je ne voulais pas tuer celui qui avait été mon compagnon alors j'avais scellé son corps et le démon avec, en jurant de revenir le délivrer.

— Je sais pourquoi tu ne voulais pas prononcer son nom... Tu voyais la tête de Gibouin et pas celle de mon second corps, celui que ton camarade m'a gentiment donné, c'est ça ? Tu es si mesquin avec moi... Puisque c'est toi, je vais lever l'illusion alors...

Je tombe à genoux lorsque je vois le visage de Jack, ses yeux n'étant plus que deux orbites rouges, Un sourire s'étirant entre ses deux oreilles. Jack est mort, maintenant... Il a perdu face au Fléau...

— Alors, comment tu le trouve ? Je parle de mon magnifique sourire, sinon ce ne serait pas drôle.

Encore ce rire insupportable. Des larmes roulent le long de mes joues et viennent mourir dans mon épaisse barbe blanche.

— Oh ?! Mais que vois-je ? Tu pleures de joie parce que tu as revu ton camarade ?

Encore...

— Arrête...

... Ce rire...

— ... De salir sa mémoire !

... Insupportable.

Je me lève et me rends compte que j'ai presque crié. Il s'arrête de rire, intrigué.

— Et que vas-tu faire pour que j'arrête, Finnéas ?

— Battons-nous, mais prend ta vraie forme.

— Allons, si je fais ça, ce sera beaucoup moins marrant ! Je vais garder cette forme et te voir te torturer l'esprit pendant que tu attaques ce qui a été ton ancien compagnon. Ça, c'est hilarant !

J'en ai marre. J'invoque mon bâton et mon familier et dit à Léod et Torlak de se mettre à l'abri.

— Finnéas...

— Dépêchez-vous, je ne sais pas ce que va faire ce fou et je veux vous protéger !

— On ne le fera pas, me répondit Léod

—  Quoi ?! Faîtes ce que je dis ! Vite!

— Non.

Ils se mettent côte-à-côte, Léod dégaine son épée et Torlak s'équipe de son épée et de son bouclier.

— On va t'aider, on t'a suivi pour ça, m'affirme Torlak

— Je... Je veux pas que ce fou vous possède, allez-vous en !

Je savais que c'était peine perdue, mais je voulais quand même croire qu'ils s'en iraient et que je mourrais seul. Je ne voulais pas leur montrer ça. Ils sont un peu comme mes enfants, et qui voudrait mourir devant ses enfants ?

— Je...

— Tout ira bien, père

— Léod ?!

J'était surpris qu'il m'appelle ainsi, me rendant la tâche encore plus difficile. Comment voulez-vous mourir après ça ?

— Je... Ne mourrez pas.

Je tente un sourire, mais mon visage n'est pas de cet avis. Tant pis, plus qu'à me concentrer sur le combat qui va débuter.

— C'est bon, les réjouissances et autres moments touchants sont fini ? on va pouvoir commencer ? J'ai si hâte... Encore cet éclat de rire horripilant.

— Prends ta vraie forme et arrête de traîner, on va finir par croire que tu as peur, lui répondis-je

Piqué au vif, un tourbillon noir ponctué d'éclaires rouges l'entoure et s'élève haut dans le ciel. Un grand démon, au moins haut comme un donjon, nous fait désormais face.

— C'est ça que tu voulais, Finnéas ?

Il a changé de comportement et de voix. Il n'est plus aussi hilare qu'avant. Sa voix, qui déraillait dans les aiguës à chaque rire, qui était si moqueuse, sadique, est désormais grave et caverneuse. Son corps, d'un noir obsidienne, était parcouru de craquelures incandescentes.

— Alors, Finnéas, qu'attendons-nous pour recommencer le cycle ? Questionne-t-il

L'Archimage des LégendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant