CHAPITRE 4

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Je n'ai pas dormi de la nuit. Je me suis interrogé au lieu de dormir, pesant le "pour partir avec Léod" et le "pour rester ici". C'est aux premières lueurs de l'aube que je me suis décidé.

Je me lève et commence à préparer ma besace, même si je n'y met que mon grimoire et les 500 Farians d'or restants.
C'est alors que j'entends le bruit de Léod qui part. J'enfile ma cape de voyage, arrive dans la pièce principale et lui crie :

— Alors gamin, on fausse compagnie à son camarade de voyage ?

Il se retourne et me voit. Il a un air à la fois surpris et heureux. Je vois qu'il cherche ses mots, puis il prend la parole.

— Finnéas ! Je ne m'attendais pas à ce que vous veniez ! Merci infiniment !

— Je dois bien sortir de ma grotte un jour, tu ne crois pas ? Et puis, autant t'aider dans ta mission.

Il est abasourdi par ce que je viens de dire. Je crois qu'il m'admire beaucoup. Trop, à vrai dire. Et puis zut ! Il y a quand même des légendes sur moi ! À quoi je m'attendais ? Une fois dehors, si ça se sait, il ne sera pas le seul à me regarder comme ça !

Je me rends alors compte de la situation actuelle. Un grand silence, on se fixe et on n'a toujours pas bougé.

— Alors gamin, on part oui ou non ?

— Allons-y ! Et puis arrêtez de m'appeler "gamin" ! J'ai dix-neuf ans ! Se vexa-t-il

Et c'est dans cette ambiance bon enfant que je quitte ma caverne, mon chez moi depuis si longtemps. Soudain, il me pose une question inattendue.

— Et votre bâton ?

— Mon bâton ? Quel bâton ?

— Vous êtes mage, ou plutôt archimage maintenant, et normalement vous avez besoin d'un bâton pour lancer des sorts, non ?

— Et bien c'est vrai que sans mon bâton, mes sorts n'atteignent pas leur pleine puissance. Mais le mien est resté au château de l'Empereur Carmin. Je l'ai caché avant de partir afin de minimiser le danger que je représente.

— Et bien si vous le voulez, nous irons le chercher après avoir accompli ma mission.

— Volontiers !

Et c'est en discutant, en apprenant à se connaître qu'on avait atteint le premier bourg. C'était un amas de maisons à la fois trop gros pour être un village mais trop petit pour être une ville.

L'après-midi touche à sa fin lorsque nous faisons nos premiers pas dans le bourg. Puis je me demande soudainement si la monnaie utilisé dans le Royaume Bleu est la même que dans l'Empire Carmin.

— Quelle monnaie est utilisée dans le Royaume, Léod ?

— Le Cirion

— Et tu pense qu'on peut faire du change ici ?

Il me pointe une enseigne au loin. En forçant un peu ma vue, car mes yeux ne sont plus tout jeunes, j'arrive à lire ce qui y est inscrit : "change, monnaies et bijoux".

Ça peut paraître étonnant que je sache lire une langue autre que celle de mon pays. Mais en 300 ans, en plus d'étudier la magie, j'ai appris à parler couramment les quatre langues de Jereatha.

Je me rapproche de l'échoppe et au moment de saisir la poignée, Léod me retient.

— Surtout ne dîtes pas qui vous êtes. Mentez sur la provenance des pièces. Les magasins de change sont aussi les points d'informations Royaux les plus répandus dans le pays. Prenez garde.

Je ne dis rien mais lui fait un rapide signe de la tête. Je met ma capuche et rentre dans l'échoppe. Je ne suis plus l'archimage Finnéas, mais devient un simple voyageur.

— Bonjour, c'est pour quel type de change ?

— Monnaie, répondis-je, laconique.

Je tends cent Farians à mon interlocuteur et ce dernier ouvre de grands yeux ronds.

— Mais ...! Ce sont des anciens Farians ! Et en or en plus ! Comment les avez-vous eus ? S'écria-t-il

— Trésor familial.

Voyant qu'il ne dis plus rien, tantôt fasciné par l'argent, tantôt essayant de voir mon visage, je reprends la parole.

— Combien ?

— Ah... euh... pardon. Vu que ce sont des anciens Farians, en or et de surcroît en parfait état, ça vous fait mille-deux-cent-cinquante Cirions d'or.

— Merci.

Je prends l'argent, me tourne pour partir et l'entends m'appeler. Le stress commence à monter. A-t-il compris que je mentais ? M'a-t-il reconnu ? Je me retourne et ce que je vois me rassure instantanément.

Il me regarde et me tends la main. Au creux de sa paume se trouvent des pièces.

— J'ai vérifié sur le tableau de change et cent pièces comme vous m'avez donné ne valent pas mille-deux-cent-cinquante mais mille-trois-cents Cirions d'or. Tenez.

Je prends les pièces, le salue et prends congé. Je sors de la pièce et pars retrouver mon camarade. On se dirige ensuite vers l'auberge qu'il avait repéré.

Je pousse la porte et me rends compte que l'on arrive en pleine bagarre de taverne. Je me dirige vers l'aubergiste, amusé par la scène et je prends deux chambres.

Au moment de monter, la bataille s'arrête et j'entends un hurlement affreux. Je me tourne et constate que le bras d'un des bagarreurs est plié avec un angle impossible.

Je m'approche en poussant la masse qui s'était formée autour. Je tends le bras et une douce lumière verte clair luit au bout de ma paume. Doucement, le bras de l'homme reprend son angle normal sans qu'il ne ressente de douleur.

Une fois le soin terminé, je ne lui laisse pas le temps de parler et va dans ma chambre. Je m'endors rapidement, fatigué du voyage.

Le lendemain, je suis réveillé par quelqu'un qui tambourine à la porte.

L'Archimage des LégendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant