Notules Horrifiques ( Version Wattpad)

Prochain arrêt

Si je vous parle du métro parisien, son odeur d'humidité et de béton froid, ses flux et reflux de gens en tout genres, ses embouteillages, les regards inexpressifs échangés entre personnes allant au "boulot", ses marées de téléphones brandit sous la lumière blafarde des wagons, prolongés par des écouteurs ou des casques, coupant les Hommes de leur réalité triste,souvent contraints de cohabiter comprimés dans le même espace jusqu'à en avoir des suées,  peut être que vous avez un énorme sentiment de déjà vu ou une vague idée de ce que ça peut être.Vous connaissez ces couloirs faits de carrelages blancs gris, tantôt vainement décorés par une mosaïque aux couleurs passées, tantôt nuancés d'un vert de salle chirurgicale. 

Chacun connaît ce monde souterrain où la parole et le bon sens n'existent plus, où chacun se demande si le prochain métro sera bondé, lieu ou la comédie humaine donne ses meilleures représentations, pour peu qu'un événement leurs hérissent le poil.J'évoluais comme vous dans cette réalité là.Mais alors d'aucune manière, je ne me doutais pas de l'existence de ce que je découvris ce jour là.Je me suis retrouvé face à l'indicible. 

C'était une fin d'après midi, vers 16 heures, l'heure de pointe.Je sorts de mon boulot et je me dirige mécaniquement vers l'entrée de ma station.Je claque mon pass  et je m'engouffre  dans les fameux couloirs affublés d'affiches en tout genres que les gens regardent distraitement, collés au rythme de la vie culturelle de Paris.Je me disait souvent en regardant ces affiches que, quelque part, c'est l'un des seuls moyens ; avec les inscriptions blanches sur fond bleu ; de savoir où l'on est lorsque l'on déambule dans cette ville sous la ville, empire souterrain régit par les grincements métalliques, les claquements, les pas, monde de bruits en tout genres.

J'attendais mon train distraitement, en pensant à autres choses. A un ailleurs . A mon chez moi . Le seul moyen de ne pas devenir fou dans cet enclos muré est de penser ou faire autre chose. Le métro tout cru est dur à avaler. Surtout au début.Je passe la porte sans y penser.Je met quelques minutes à réaliser que c'est anormalement vide.Personne n'est monté, personne n'est déjà installé.Pourtant, j'étais sûr d'avoir vu des gens sur les quais, comme à chaque fois.Mais là, rien de rien. 

Je ne me formalise pas pour autant.Je continue mon bout de chemin jusqu'à la station auquel je compte descendre.Quoique.Plusieurs détails m'indiquèrent que dans cette fin de journée, rien n'allait se passer comme prévu.Tout d'abord, la station indiquée sur le plan en plastique dur,lumière clignotante jaune,affichait une station à l'opposée de celle où je me trouvais,"père Lachaise".Macabre coïncidence, étant donné ce qui s'ensuivit.Sur le moment je pense à un bug , c'est fréquent après tout. Ensuite, les secousses prévues se font anormalement fortes, me faisant percuter de temps à autres les rampes en acier.Je ne saurais pas dire pourquoi, voyant le wagon vide , je ne m'étais pas assis.Peut être que c'était car je n'y croyais pas.Une chose irréaliste dans un quotidien par trop réaliste, il y à de quoi vous bouleverser totalement. 

Bien sûr, les imprévus existent, mais pas ce genre d'imprévus là. Alors que je tentais de rationaliser du mieux possible en me disant que j'étais monté dans un métro ayant terminé sa journée ( à 16 heures . ), une énième secousse imprévisible et incroyable me souleva littéralement avant de me balancer sur le sol sale et grinçant.Du jamais vu.Cette dernière cascade titanesque eut raison de moi et je tombait dans les pommes après avoir pris un méchant coup sur la carafe. 

Quelques temps après, je ne saurais pas dire exactement quand, j'ouvris les yeux.J'étais dans la pénombre complète  sans me rappeler clairement ce qui s'était passé.La brume du sommeil était assez opaque.Lorsque que je "raccrochait" enfin les wagons, mon inquiétude tripla.J'étais resté dans ce fameux train, duquel les lumières blafardes étaient désormais éteintes. A cet instant ces lueurs me manquaient terriblement .