Chapitre 12 - La requête du chevalier

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Une semaine était passée depuis que Rose et Sir Amory s'étaient déclarés l'un à l'autre. Une semaine également que Rose avait parlé à sa mère et à Monsieur Enor des doutes d'Apolline au sujet d'Eugénie après que cette dernière est laissée le troupeau seul pour aller, sans aucun doute, au village, un geste qui avait valu la mort d'une brebis et de leur vieux chien de garde.

Le temps, aujourd'hui, était menaçant, nul doute qu'il allait pleuvoir ce soir. Rose se demandait quand Sir Amory viendrait de nouveau la visiter. Il était venu, deux jours plus tard, pour prendre de ses nouvelles. Il apprit alors, de sa bouche, les derniers événements et lui confia, à son tour, ce qu'elle avait déjà confié à sa mère. Comme Sophie et Monsieur Enor, le chevalier ne comprit pas pourquoi elle n'en avait pas parlé plus tôt. Il ne la gronda pas, il se contenta simplement de la réconforter et de lui annoncer qu'il serait son garde du corps chaque fois qu'elle se rendrait au village. Il doutait fort en effet qu'un simple domestique puisse opposer de la résistance face à des nobles, ainsi, sa présence renforcerait la sécurité de la demoiselle. Elle le remercia de cet égard et accepta le baiser qu'il lui offrit en retour. Il était ensuite repartit, songeur, et n'était pas revenu depuis.

La veille au soir, on annonça que la maison avait fait l'acquisition non pas d'un mais de deux nouveaux chiens, deux jeunes canidés, un mâle et une femelle et on décida que ces derniers auraient plus tard des petits, évitant ainsi de devoir faire appel à un éleveur si l'un d'entre eux venaient à mourir. Ainsi, c'est accompagné de Néron et de Coriandre, des bouviers australiens, que Rose avait amenés le troupeau au pré.

Elle caressait la tête de Coriandre, la femelle bouvier, ressassant les derniers événements dans sa tête, lorsqu'elle aperçut Elena qui venait à sa rencontre.

- Elena ? fit Rose surprise. Ce n'est pourtant pas l'heure de la relève ? Que viens-tu faire ici ?

- C'est Sophie qui m'a demandé de venir te relayer, elle m'a également demandé de te dire que Monsieur Enor t'attend dans son bureau.

- Mais pourquoi ? s'étonna Rose.

La jeune femme, de trois ans de moins que Rose, hocha les épaules. Elle ignorait apparemment les raisons de cette demande. Rose se leva de la bûche sur lequel elle était assise, s'épousseta et, après un remerciement auprès de sa jeune camarade, elle se dirigea rapidement vers la demeure.

Sophie l'attendait près de la porte de la cuisine et lui fit signe de se dépêcher.

- Mère que se passe-t-il ?

- Je n'en sais pas plus que toi ma fille. Mais il ne faut pas faire attendre les maîtres ni Sir de Lorcan, alors dépêchons.

- Sir Amory est en visite ?

- Il semblerait qu'il avait des choses importantes à voir avec Monsieur Enor, c'est aussi par sa demande que nous t'avons fait appeler.

Se posant bien des questions sur les raisons qui auraient pu amener Sir Amory a demandé une audience avec les maîtres et elle-même, elle suivit la gouvernante sans discuter. Sophie toqua à la porte et laissa Rose entrer la première. La jeune domestique fut surprise du tableau qui s'offrait à elle. Monsieur était assis derrière son bureau, les coudes sur le bureau, les mains jointes sous son menton et son regard sérieux se posa sur elle à son entrée. Derrière lui, debout, les mains derrière le dos, Dame Melina l'observait d'un air sévère. Sur la gauche, dos à la fenêtre, Monsieur de Ronan observait Sir Amory sans trop comprendre ce que tout cela signifiait. Il jeta un rapide coup d'œil à Rose avec un sourire encourageant avant de reporter son attention sur son père et sur le chevalier. Mademoiselle Eleanor, elle, se trouvait à la gauche de son frère, les yeux pétillants de bienveillance, semblant, elle, devinait se qui se tramait. Rose devinait que sa jeune maîtresse prenait sur elle pour ne pas paraître toute excitée. Derrière elle, prêt de la porte, Sophie se plaçait au côté de Jean, les mains croisées derrière le dos. Les deux domestiques attendant patiemment les événements.
Enfin, Sir Amory se tenait prêt du bureau de Monsieur Enor, une main posée sur le paumeau de son épée, il offrit un doux regard bienveillant à Rose.

L'épée de RoseWhere stories live. Discover now