- Bonjour mon garçon !

Je fréquentai régulièrement ce magasin de disques et avais fini par sympathiser avec son propriétaire, au point de venir lui rendre visite, même quand je n'avais pas d'achats à effectuer. Une belle relation s'était tissée entre nous. Même si plusieurs générations nous séparaient, notre amour pour la musique nous avait réunis et était le principal sujet de nos conversations. M. Maurice était un véritable passionné. Il aimait son métier plus que tout au monde et n'envisageait absolument pas la retraite, tout comme il n'imaginait pas sa vie sans musique. Ce n'était pas juste l'aspect commercial de sa boutique qui lui plaisait, mais également le côté humain, conseiller et transmettre l'envie aux jeunes. Si un client ressortait avec des étoiles plein les yeux et une envie d'écouter de la musique, il estimait qu'il avait effectué son travail.

Je lui souris faiblement et m'accoudai au comptoir.

- Quelque chose te tracasse mon garçon ?

Le cœur gros, je hochai la tête.

- Léna ne me réponds plus. Je n'ai plus de nouvelles d'elle depuis trois jours. Elle ignore mes appels et mes messages. Je ne sais pas quoi faire.

- Oh, cette Léna. Elle doit vraiment être importante pour toi cette fille.

J'hésitais avant de répondre mais enchaînai. M. Maurice était un homme d'une extrême bienveillance et qui ne jugeait jamais lorsque je lui confiais mes tourments. Il savait réconforter les autres et était doté d'une qualité de plus en plus rare de notre temps, l'écoute sincère.

- Oui. C'est ma meilleure amie. Je la connais depuis que je suis tout petit. Tous mes souvenirs d'enfance, je les partage avec elle. C'est comme une sœur... Enfin, tout a changé récemment...

Je m'arrêtai mais le disquaire me fit un signe de la tête pour m'encourager à poursuivre.

- Je ne sais pas pourquoi elle m'ignore. Elle passe tout son temps avec Lee-Lou, la troisième personne de notre petit trio d'amis, comme si je n'existais plus. Lee-Lou est super sympa, c'est une amie géniale, mais ce n'est pas Léna. En vérité, elles sont même aux antipodes, ce qui rend leur relation encore plus fusionnelle. Léna a toujours été très timide tandis que Lee-Lou assume complètement sa personnalité extravertie. Je les apprécie autant toutes les deux, ce sont mes meilleures amies, mais il est vrai que je ne partage pas autant de souvenirs d'enfance avec Lee-Lou qu'avec Léna.

- Les souvenirs d'enfance sont les plus précieux, Brian. Ils ne reflètent que la sincérité de votre amitié. Tout ce que vous avez vécu ensemble ne doit pas s'arrêter là. Va la voir. Chez elle. Et discutez ensemble. Rappelle lui des souvenirs communs. Cette période de l'enfance est la meilleure. L'innocence, la joie et l'insouciance règnent. Rappelle lui le bon temps passés ensemble. Je n'ai que ce conseil à te donner pour t'aider, mon garçon.

Je hochai la tête et le remerciai. Après avoir regardé l'heure sur mon téléphone, je lui dit au revoir.

- Je reviendrai dans la semaine sûrement, dis-je en me retournant, juste avant de tirer la poignée. J'ai un problème avec une des cordes de ma guitare.

- Pas de soucis Brian. Tu es toujours le bienvenu !

Je quittai la boutique, un sourire aux lèvres et le cœur plus léger. Je reçus une goutte sur ma veste et pressai le pas. Ce début de gouttelettes ne présageait rien de bon. Je remontai sur ma planche et finis le trajet me séparant de mon lieu de vie.

J'insérai la clé dans la serrure et rentrai. Une délicieuse odeur se répandit à travers la pièce principale. Mes parents étaient en train de cuisiner. Ma mère chantonnait tandis que mon père mettait la main à la pâte. Je souris. Ma mère me salua et me demanda ce que j'avais fait. Après lui avoir répondu et assuré que tout allait bien, je montai dans ma chambre. Je passai la tête dans l'encadrement de la porte de la chambre de ma petite sœur, Emy, pour la saluer à son tour. Elle me sauta au cou. Seulement quatre années nous séparaient mais nous avions gardé une complicité fraternelle, que je n'échangerais pour rien au monde. Emy faisait partie des personnes qui comptaient le plus pour moi. Elle était indispensable à ma vie et j'aurais pu mourir pour elle. Je lui déposai un baiser sur sa frange blonde et sortis.

Fille de la Lune Where stories live. Discover now