Chapitre 8.

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Rien ne s'était déroulé comme prévu. Non pas que Ruggero eût un plan. Une heure plus tard, le souvenir de la gifle que Karol lui avait infligée était toujours cuisant, et le claquement de la porte de la salle de bains résonnait toujours à ses oreilles.

Il avait vraiment tout gâché.

Assis sur le canapé, il s'était demandé comment il allait pouvoir rattraper le coup. Il avait entendu l'eau couler, mais il savait pertinemment que Karol ne prenait pas une douche.

Elle était orgueilleuse; elle faisait couler l'eau pour masquer le bruit de ses larmes.Et merde. Il ne voulait surtout pas la blesser et voilà qu'il s'était comporté comme le dernier des salauds.

Elle avait fini par sortir de la salle de bains, les yeux rougis mais le visage apprêté, vêtue d'une jolie robe assortie aux paillettes vertes de ses yeux.Elle était passée devant lui la tête haute et avait quitté le chalet sans mot dire.

Il avait essayé de l'arrêter - il avait même gagné plusieurs fois la porte de la salle de bains - mais n'avait rien trouvé à dire.

Comment pouvait-il défaire ce qu'il avait fait ? Il aurait dû se taire une bonne fois pour toutes.

Quand il finit par quitter le canapé pour enfiler un pantalon de costume noir et une chemise blanche à l'occasion du dîner officiel, il était déjà en retard de quelques minutes.

Il constata en arrivant dans la salle à manger du grand chalet que les convives étaient quasiment tous déjà là.

Agustin et Valentina, main dans la main, occupaient la place d'honneur. Ils étaient entourés de leurs parents, à côté desquels trônaient... les témoins.

Karol était assise, très raide, les jambes croisées, les mains jointes sur les genoux, à côté d'une chaise vide.Il y avait un plan de table.

Il carra les épaules et se dirigea vers sa place en répondant vaguement aux différents saluts adressés de part et d'autre. Karol ne leva pas les yeux vers lui et ne lui adressa pas la parole.

Il la regarda à la dérobée. Elle serrait les dents, la bouche pincée. Pasquale, qui était assis en face de lui, un verre de vin à la main, se leva.

-A présent que nous sommes tous réunis, c'est le moment de porter un toast.

- Et de manger, enfin ! ajouta Agus en souriant.

Valentina lui donna un petit coup sur le bras pour le faire taire et il se mit à rire.

-Vas-y, Pasquale, poursuivit-il.

Pasquale s'éclaircit la voix de manière théâtrale.

La moitié des convives se pencha en avant, l'oreille tendue, très curieux d'entendre ce qu'il avait à dire : avec Pasquale, on ne pouvait jamais savoir à l'avance.

-Je pense que vous êtes tous d'accord avec moi : personne n'est surpris de se trouver là ce soir,commença-t-il en levant son verre. À partir du moment où ils se sont rencontrés, on savait que Agus était foutu et que quelqu'un porterait la culotte à sa place.

Les invités éclatèrent de rire et en bout de table, Agus haussa les épaules, philosophe.

Même s'ils avaient commencé par être amis, son amour fou pour la jolie blonde s'était imposé comme une évidence.

Le regard de Ruggero croisa celui de Jorge. Ce dernier haussa un sourcil et regarda Karol.

- On se demandait combien de temps il mettrait avant de l'inviter à sortir avec lui et on avait tous pris des paris.

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