Chapitre 2.

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Au moment où ces mots franchirent ses lèvres, Ruggero comprit qu'il aurait mieux fait de se taire, mais il ne regrettait pas ses paroles. Une vive rougeur, de la couleur du péché, se répandit sur les joues et le cou de la jeune femme. Une partie de lui - une partie mal élevée - aurait été prête à tout pour découvrir jusqu'où elle s'étendait.

Mais comme il l'avait appris jadis, avec Karol Sevilla il y avait des limites à ne pas dépasser.

Elle pinça ses lèvres boudeuses et la colère brilla dans ses yeux verts, y faisant miroiter des reflets. La couleur de ses yeux variait en fonction de ses émotions, et il avait l'impression ces derniers temps qu'ils étaient plus souvent verts qu'avant.

-Médaille d'or de la vulgarité, Ruggero.

Il haussa les épaules. Il se fichait pas mal d'être courtois.

-Tu comptes rester dans la voiture ?

Karol donnait l'impression qu'elle n'en sortirait que si on l'arrachait à son siège.

- Et je suis censée la laisser sur le bord de la route ?

-J'ai appelé un dépanneur, il arrive. Ouvre ton coffre que je puisse prendre ta valise.

La jeune femme fixa un point derrière lui et il se sentit soulagé.

-Jolie voiture, commenta-t-elle.

Ruggero jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule à la Porsche noire qui brillait sous le soleil.

- C'est juste une voiture.

L'une des trois qu'il possédait. 11 aurait préféré venir en pick-up, mais celui-ci consommait beaucoup trop. Il revint au problème qu'il avait à régler et fit un pas de côté.

-Karol, tu viens avec moi ou pas ?

Elle le regarda fermement, presque avec défi, ce qui était franchement risible. Elle mesurait un mètre soixante et ne devait pas peser plus de cinquante kilos. Il était beaucoup plus grand qu'elle et il aurait pu sans problème la balancer sur son épaule d'une seule main.

Ils s'observèrent longuement.

Comme les secondes s'écoulaient, il se dit que la balancer sur son épaule n'était finalement pas une mauvaise idée. Il pourrait en profiter pour la fesser, c'était tout ce qu'elle méritait.

S'il en croyait la subite tension de son jean, son service trois pièces approuvait le programme. Mais son bon sens n'était douloureusement pas d'accord.

S'il y avait bien quelqu'un à qui Ruggero ressemblait, c'était son père. Comme lui, il avait réussi très jeune, il était persévérant, riche et porteur du gène familial qui lui permettait de détruire n'importe quelle relation stable en dix secondes. Et tout le monde, y compris Karol, savait ça.

Il est temps d'essayer une autre stratégie, se dit-il en inspirant profondément.

- Ta mère t'a mis de côté un morceau de cheesecake.

Les yeux de Karol se mirent à briller. Il avait déjà eu l'occasion de surprendre ce regard. Depuis toujours, le chocolat et les desserts lui donnaient l'air rêveur de la femme sexuellement comblée, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça ne résolvait pas le problème qui avait surgi dans son jean.

La portière s'ouvrit brutalement et il n'évita l'émasculation qu'au prix d'un bond dicté par son instinct de survie.

- Du cheesecake, répéta-t-elle en souriant. A la fraise ?

Il se retint pour ne pas sourire.

- Et un nappage au chocolat à part, comme tu aimes.

Les mains sur ses hanches généreuses, elle pencha la tête sur le côté.

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