Chapitre 3.

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-Vous n'allez pas survivre jusqu'au mariage, constata Agus en se renfonçant dans son siège, lesyeux brillant d'amusement. Impossible.

Karol soupira.

-Pourquoi ? demanda leur mère de l'autre bout de la table. Je suis sûre que tout va bien se passer.

- Ils vont s'étriper, répondit Agus en riant, avant de se calmer. Ils vont vraiment essayer des'étriper.

Karol leva les yeux au ciel et lutta pour rester patiente.

- On ne va pas s'étriper.

-Je ne promets rien, murmura Ruggero.

Il n'avait pas dit un mot depuis qu'ils avaient quitté la réception.Seigneur, elle était à deux doigts de lui sauter sur le dos comme un singe et de l'étrangler sansautre forme de procès. Il se leva alors et lui jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule.

- La navette en partance vers le chalet va démarrer, dernier appel, montez!

Elle le suivit.

- C'est bien la seule qui attend encore d'être montée, marmonna-t-elle.

Ruggero s'arrêta net.

- Pardon?

-J'ai dit, reprit-elle avec un sourire mutin, que c'était bien la seule qui attendait encore d'êtremontée.

Il la dévisagea.

- Quelques noms me viennent en tête.

Ouh la la. Terrain glissant.

Elle refusa de rougir.

-Jeparie que tu peux compter sur les doigtsd'une main celles qui attendent encore.

- C'est possible, murmura-t-il en reprenant sa route.

Le trajet jusqu'au chalet, situé à l'extrémité du parc, près de l'épaisse forêt de noyers à l'orée de lamontagne, se déroula dans un silence tendu.Elle avait regretté sa remarque sur sa vie sexuelle au moment où elle avait franchi ses lèvres. Direce genre de choses ne ferait que renforcer l'idée erronée qu'il ressemblait à son père. C'était quelquechose qu'elle ne comprenait pas chez lui. Elle savait qu'il craignait plus que tout de suivre les traces decet homme volage, et pourtant il changeait de fille comme de chemise. Elle contourna un buisson deroses épineuses qui avait envahi le chemin.Il était comme ça depuis le lycée. Peut-être pas autant que Jorge, mais il était clairement la parfaiteillustration du tombeur.Et le fait que Rugge couche avec tout ce qui bouge lui faisait d'autant plus mal qu'il s'était refusé àelle.

Debout devant la porte du chalet, Ruggero tenait la clé comme si c'était un serpent prêt à lui mordrela main.Il n'avait pas prononcé un seul mot de tout le trajet. Il était furieux, elle le savait. Quel hommenormalement constitué apprécierait de se retrouver coincé pendant un mariage avec, pour compagnede chambre, la petite sœur de son meilleur ami ? Dans une vieille suite nuptiale qui plus est...

Karol ne parvenait pas à le croire. Elle avait une poisse incroyable.Elle voulut vérifier ses appels et eut envie de balancer son téléphone portable. Pas de réseau.Il finit par ouvrir la porte et tendit la main le long du mur, à la recherche de l'interrupteur.

Karol, interloquée, se mit la main devant la bouche.Ce n'était pas possible.

-Ton frère nous a fait une blague, dit-elle.

- Si c'est le cas, je vais le tuer, répondit Ruggero en secouant lentement la tête.

Pas étonnant que le chalet soit fermé pour être refait. Quelqu'un l'avait manifestement nettoyérapidement: il flottait dans l'air une odeur de détergent et de pot-pourri. Mais le sol... Et le lit !De nombreux tapis, de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, formaient par terre un patchworkdouteux, rehaussé d'une peau d'ours. Une véritable peau d'ours. Les murs étaient peints en rouge etmauve. Quant au lit, il était recouvert de velours bordeaux et... en forme de cœur.

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