Sylphide et le jour nouveau ou De magico mundo

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Texte de Calicef

3ème époque: De magico mundo

Dans le ciel devenu tout blanc flottait un unique nuage tout gris dont les yeux étaient gonflés à force d'avoir trop pleuré. Ce matin-là pas comme les autres, Sylphide trouva un œuf tout rose devant sa porte. Elle était seule et elle pensa qu'elle pourrait peut-être avoir un ami dedans.

Elle ne savait pas si son ami l'entendait mais elle lui parlait. Elle se confiait à lui. Elle lui raconta qu'il lui était arrivé quelque chose mais qu'elle ne s'en souvenait pas, qu'elle avait même oublié son nom. Elle soupira et ajouta : <<Je crois que je vais être triste>>.

Elle décida de créer un concert de couchers de soleil. Elle commença par un coucher de soleil tout simple puis elle choisit un avec des nuages et des visages dans les nuages, elle se sentit moins seule, un autre qui était comme un soir d'hiver avant que toutes les fenêtres s'allument, un qui ressemblait à une gare dont tous les trains se sont perdus, et beaucoup d'autres, doux comme des paupières d'enfants qui se referment. C'était vraiment magnifique. Sylphide n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Elle aurait aimé partager ce spectacle avec un ami.

Sylphide se mit en route pour un voyage qu'elle imaginait très long. Elle découvrit un puits dans un désert de pierres. Le puits s'adressa à elle : <<L'ennui, pour nous les puits, dit-il, c'est que les gens nous jettent leurs vœux, leurs petits secrets ou leurs vieux débris. Ici, au moins, je suis tranquille>>. Sylphide sortit tout ce qu'elle trouva au fond du puits et elle pensa que le puits avait croisé beaucoup de gens dans sa vie.

Sylphide marchait sans savoir où aller et ne rencontrait jamais personne. Elle avait mis son œuf dans un sac qu'elle portait accroché à ses épaules. Le petit nuage noir l'accompagnait. Elle regarda les arbres. Elle se fit la réflexion qu'ils tenaient le ciel dans leurs branches et la Terre dans leurs racines. Ils devaient certainement être très savants et tout comprendre. Sylphide leur parla, mais elle n'entendit pas leurs réponses. Elle ne connaissait pas le langage des arbres. Elle se souvint alors des paroles d'un vieillard très vieux qu'elle avait connu dans sa vie d'avant. Elle devait faire l'arbre.

Elle fit un trou et se planta dans la Terre. Elle fit l'arbre. Elle ne bougea pas. Elle pensa très fort qu'elle était un arbre. Et elle sentit pousser ses bourgeons. Elle sentit pousser ses jeunes branches. Elle entendit le petit froissement de ses feuilles qui se dépliaient. Comme elle devenait un très joli arbre, deux oiseaux la choisirent pour bâtir leur nid.

Les racines de Sylphide s'enfonçaient partout dans la Terre, ses branches se déployaient partout dans le ciel. Elle apprenait les secrets des pierres qui sont aussi vieilles que la Terre, et ceux du ciel qui sont immenses. Elle apprit également le langage des oiseaux en écoutant les leçons que recevaient les oisillons. Et le jour où les oiseaux s'envolèrent, Sylphide cessa de faire l'arbre.

Elle jeta ses branches et quitta ses racines. Elle savait parler arbre, elle savait parler oiseau. Elle pouvait parler avec le monde entier mais il n'y avait plus qu'elle et son œuf.

Elle se dit qu'elle pourrait peut-être trouver la personne qui quelque part l'aiderait à retrouver son nom et à se souvenir de tout le reste.

Elle continua sa route et un jour, la coquille de l'œuf se brisa. L'œuf venait d'éclore. Elle put enfin voir à quoi ressemblait son nouvel ami. <<Je crois que je vais être gaie>> se dit Sylphide et elle se mit à danser toute la nuit avec son ami qu'elle prénomma Zéphyr.

Ils rencontrèrent une maison avec des fenêtres et des volets qui ressemblaient à des yeux. La porte était ouverte. Sylphide et Zéphyr entrèrent. C'était très joli et très confortable à l'intérieur. Ils décidèrent de s'installer définitivement dans cette maison pour y vivre.

Le soir venu, Zéphyr raconta une jolie histoire à Sylphide qui s'endormit en suçant son pouce. Elle fit de beaux rêves et quand elle se réveilla, elle se rappelait enfin tout ce qu'elle avait oublié.

Là-haut dans le ciel, le soleil était endormi. C'est lui qui attendait Sylphide pour qu'elle vienne lui parler et lui expliquer comment était la vie sur la Terre depuis que les humains avaient disparu.

Sylphide fit pousser une montagne et lorsque celle-ci traversa l'espace, elle se mit à grimper jusqu'à son sommet. Elle parla pendant des jours et des jours avec le soleil.

Pour la récompenser, il lui donna un petit bout de lui-même et il se remit à briller. Le ciel reprit sa belle couleur bleue. Sur la Terre, toute la vie animale réapparut. Les abeilles se remirent à butiner les fleurs et les fourmis à transporter leurs lourds fardeaux. Le petit peuple de l'herbe se remit à vivre. Sylphide aidée de Zéphyr prit soin de tout ce petit monde.

La nature reprenait ses droits et c'était une nouvelle et belle histoire qui commençait dans un monde tout neuf à recréer. Sylphide avait beaucoup appris durant son long voyage. La Terre pouvait compter sur elle et Zéphyr pour ne pas réitérer les mêmes erreurs.

Ce texte est très librement inspiré de l'univers de Claude Ponti

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