— Je me demande parfois si ce qu'on fait a vraiment un sens, avoue-je doucement.

— Faut laisser faire le temps, répond-il gentiment. Avec lui, tout prendra un sens.

— Mais justement, ce n'est pas censé se passer comme ça. Je veux dire, est-ce qu'on ne se provoque pas des sentiments du coup ? On se la joue test social ou j'en sais rien. J'ai pas de sentiments amoureux pour vous, je n'ai que de l'amitié. C'est ce qui me gêne dans cette histoire.

— Mais nous aussi Rosalie. On s'aime, c'est tout. On envisage une autre forme d'amour que celle imposée par notre société.

— En couchant les uns avec les autres sans sentiments ? C'est du sexe pour du sexe, c'est pas comme ça que j'envisage mes relations.

— Ce n'est pas du sexe pour du sexe. Ce n'est pas pour assouvir je-ne-sais quel besoin primaire. Tu comprends ?

— Non, pas vraiment..., soupire-je. On devrait peut-être se dépêcher si on ne veut pas être en retard.

Je m'aperçois que sa mine s'est quelque peu assombrie mais je n'ajoute rien. Il a un tempérament bien plus positif que le mien et je sais très bien qu'il n'attend que du bien de notre histoire à tous. Mais je suis tellement sceptique qu'il me semble que rien ne pourrait me convaincre. Comment est-ce qu'on peut aimer sept personnes à la fois sur une même échelle ? Mon cœur n'étant à ce jour jamais tombé amoureux d'une seule personne, comment pourrais-je aimer tout un groupe d'un seul coup ? Quand il comprend que mon cerveau déborde de questions, il passe une main réconfortante dans mes cheveux en souriant.

— Tu sais, si tu ne te sens pas bien avec nous, tu peux quitter le groupe. Ça ne signifie pas que tu seras exclue, tu seras notre amie et non notre amour.

Et même si cette idée me paraît être la plus juste me concernant, j'ai un pincement au cœur qu'il me fasse cette proposition. Je soupire lourdement et nous finissons le chemin jusqu'au lycée dans un grand silence. À notre arrivée, notre groupe est déjà là, n'attendant que nous pour être au complet. On fait comme si de rien n'était et tous nous font la bise et nous prennent dans leurs bras, feignant l'amitié qui était la nôtre avant qu'on ne décide d'en faire une sorte d'histoire d'amour.

— Dîtes vous deux, commence Emma, c'est toujours ok pour ce soir ?

— Pour moi, oui, dis-je. Mais Raphaël est présenté aux collègues de son père au gala de l'entreprise.

— Ne vous inquiétez pas, je viendrai.

— Non, c'est hors de question, le raisonne Emma. Tu ne peux pas rater ça. À vrai dire, ce n'est pas grave. Mes parents s'en vont demain matin et nous avons donc samedi et dimanche de libre en plus ! Donc si tu veux, tu peux nous rejoindre après le gala, ils seront déjà couchés.

— Oui, ça me va !

Son sourire qui s'étend jusqu'à ses oreilles tant le bonheur transperce son cœur vaut tout l'or du monde. Attendrie, je viens entourer sa taille de mes bras pour lui faire un câlin et, dans un geste bienveillant, il me rend mon étreinte. Je crois qu'au fond, si je reste c'est surtout pour lui. Je ne suis pas amoureuse de Raphaël, pas vraiment du moins, je crois qu'au fond j'ai peur de ne plus avoir son amitié si je venais à m'en aller. Ça semble tellement paradoxal dans mon esprit ! Il est de loin le plus transparent sur ses sentiments et je sais bien qu'il lui importe peu que je sois ou non sa petite-amie parmi les autres membres du groupe. Ce qui m'effraie, c'est qu'il ne puisse plus ressentir d'amitié envers moi comme il l'a fait avec ses ex-copines. Notre histoire n'est pourtant pas similaire aux anciennes histoires qu'il a connues et c'est une chose très bien ancrée dans mon esprit, mais si ça se finissait comme toutes ces dernières, ça me ferait vraiment beaucoup de mal.

Jamais deux sans toi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant