Honneur aux guerriers

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« Allez, mon grand », fit-il en direction de la pénombre.

Sans attendre Vali se mit à escalader le lit avant d'être aidé par son père qui le poussa gentiment par les fesses. Après avoir grimpé sur le corps de Loki, Vali s'allongea entre ses deux parents, le dos contre celui de son père et la tête contre la poitrine de sa mère qui l'enlaçait tendrement. Avant de s'endormir, le dieu se tordit légèrement pour caresser doucement le corps de son fils.

« Tu es en sécurité. Ton père est là ».

Vali avait l'esprit un peu troublé. Il avait raconté à sa mère, avec des mots simples, le cauchemar qui l'avait mis dans cet état. Dans son sommeil agité, il avait vu le feu et l'ombre. Il s'était vu marcher au milieu d'un champ de bataille crasseux. Le silence avait étouffé les derniers échos des armes. C'est là qu'il avait aperçu le cadavre de son père étendu au milieu des morts et de la poussière. Au récit de ce cauchemar sinistre, la déesse avait pris peur mais elle décida qu'il n'était pas nécessaire d'encombrer l'esprit de son époux avec cette histoire. Après tout ce n'était que des cauchemars d'enfant.

« Endors-toi mon amour. Il n'arrivera rien », chuchota la déesse à son enfant avant de l'embrasser.

Vali se laissa emporter par le poids du sommeil.

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Dès l'aube, Sigyn avait déjà commencé à se préparer pour les funérailles des guerriers. Elle n'avait pas osé réveiller Loki et Vali qui dormaient toujours profondément, le premier enlaçant le second affectueusement. Mais la cérémonie aurait lieu dans quelques heures et le roi ne pouvait pas être en retard. La déesse se dirigea alors vers le lit et réveilla doucement son époux en lui touchant l'épaule.

Le dieu du chaos ouvrit les yeux et rejoignit Sigyn qui s'était rendue sur le balcon, les yeux tournés vers la cité. Un grand air froid le saisit mais une chose bien plus terrible le pétrifia. Une épaisse couche de neige recouvrait tout Asgard.

« Ce n'est pas normal, fit Sigyn. Nous sommes en plein été ».

Des heures sombres les attendaient. Avec elles, s'abattraient sur eux un flot de catastrophes qui menaceraient la tranquillité de la cité. Tout n'était qu'une question de temps. Ils seraient alors tous piégés comme dans la toile d'une araignée monstrueuse. Loki le savait. Et c'était inéluctable.

« Le Fimbulvintr est là », fit-il devant le regard inquiet de son épouse.

Après avoir pris un bain et avoir revêtu son costume d'apparat, Loki entreprit de signer quelques documents royaux en attendant les funérailles. Pendant ce temps, les suivantes de Sigyn s'affairaient dans une des pièces royales attenantes pour préparer la déesse. Elles arrangeaient ses longs cheveux bruns épais en tresses fournies et en boucles ondoyantes. Elles la revêtirent d'une majestueuse robe dorée serrée à la taille par une large ceinture en cuir et couvrirent ses épaules d'une grande fourrure grise. Les sourires s'effacèrent, la joie quitta les cœurs, l'ombre de la mort s'insinuait partout. Le couple royal était attendu pour rendre les honneurs aux guerriers.

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Organisés en longs cortèges, des soldats portaient les corps de leurs frères tombés au combat sur des petits drakkars sans voile. De nombreux musiciens faisaient vibrer leurs tambours au rythme des chorégraphies sauvages des danseurs qui avaient revêtu des têtes et des peaux de loups. Ils étaient des dizaines à accompagner les morts jusqu'à leur prochaine demeure en poussant des cris primitifs tout en brandissant des bâtons sur lesquels étaient attachées des petites cymbales. Ainsi et en entonnant des chants anciens, ils défilèrent dans les rues enneigées de la cité pour rejoindre la baie d'Asgard où une grande foule s'était amassée pour assister aux funérailles.

Le Crépuscule d'Asgard (Loki - Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant