★ CHAPITRE 6 | Voler, juger, apprendre

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— Il faut que tu gagnes Charlie, je compte sur toi, chuchota Emma, une main sur mon épaule.

J'hochai la tête, le visage tendu.

— C'est toi qui l'a fabriqué ? bredouillai-je, caressant le masque entre mes pouces.

Elle hocha la tête puis disparut, je lui en voulus de me laisser seule et désespérée ainsi. J'avais un besoin frustré d'affection. Mes projets de célébrité étaient motivés par ma solitude, c'était une alternative pour ne pas me conformer aux attentes des autres, de mes parents en particulier, pour obtenir leur affection.

Je franchis la porte et retrouvai le couloir bondé. J'avançai fièrement, mes vieux vêtements dissimulés dans mon sac. Si je n'allais pas aussi vite on aurait vu mes jambes trembler. Mes yeux s'arrêtèrent sur Anthony qui tapait la discute à quelques footballeurs. J'étais surprise et trop désemparée pour le rejoindre.

Je continuai mon chemin, à ma gauche une brune cachée derrière son classeur commentait jalousement une scène. Curieuse, je tournai la tête. Thomas était accroché au casier de Grace, il la dépassait de quinze centimètres et était proche de son visage.

Il portait un sourire coin, un peu tiré vers le bas à cause de son arrogance. Elle recoiffa ses cheveux de connard, ça lui plut. Le lacet de sa converse gauche entourait sa cheville et cette asymétrie me déstabilisait.

Il me vit et me lança un regard mauvais. Je lui rendis et ris pour le mépriser. Cette rivalité c'était une façon de m'affirmer dans ce lycée, de me donner de l'importance. Les musiciens n'étaient pas populaires dans tous les établissements mais Thomas se conformait à cette image nonchalante et séductrice sur laquelle on fantasmait. Le concurrencer, être meilleure que lui, c'était devenir populaire. Il me devait aussi beaucoup.

Une alliance entre Grace et Thomas était dangereuse, sa ruse à lui associée à la prétendue délicatesse de la philadelphienne c'était un duo effrayant. Trop concentrée sur mes idées de défense, je n'avais pas vu Dan qui s'était planté à mon casier. Je m'écrasai sur lui. Il me posait plein de questions avec ses yeux étranges, rendus petits par son sourires. Ses grandes mains chaudes se plaquèrent sur mes épaules.

« De mauvaises idées, Lilie ? lit-il dans mes pensées.

Je levai les yeux au ciel et ouvris mon casier. Je pris mon étui de guitare entre mes bras.

— On présente quelle chanson pour le bal ? se pressa-t-il de demander.

Je soupirai et grimaçai.

— Je sais pas, Dan, déplorai-je en claquant la porte de mon casier.

Un prof me dévisagea et je le défiai du regard.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? s'empressa-t-il de me demander.

Il posa une main dans ma nuque et j'étais partagée entre la chaleur rassurante de son geste et son côté dominateur qui me faisait frémir. Je haussai les épaules.

— On se voit ce soir quand j'aurai décidé. » annonçai-je avant de m'enfuir jusqu'à ma salle d'espagnol.

Je pris place au fond et enfonçai mes écouteurs. Balthazar me rassurait, j'avais dix minutes devant moi pour profiter de ma solitude, tenter de trouver une solution à mon stress.

Un jean délavé se posta devant moi et je dus lever les yeux jusqu'au visage de Thomas. Il me mimait de retirer mes écouteurs

« Tu veux quoi, toi ?

— La face B des Sonics grésille beaucoup trop, je veux que tu me rembourses, escroc, m'agressa-t-il.

Je reculai ma chaise pour élargir la distance entre nous deux.

RIVAL [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Where stories live. Discover now